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lundi 28 juin 2010

Et revoilà venu le temps de la « Sélésa-o »…

Pour toutes celles et ceux qui aiment la langue portugaise, surtout dans sa variation brésilienne, le « Mondial » est un moment de grandes souffrances !
En effet, les noms portugais ou brésiliens donnent lieu à un festival de prononciations toutes plus tordues les unes que les autres!
Il y a notamment tous ces mots avec le « ão », qui n'est pas "a-o", car sur le a est écrit un accent "ã", et donc le ão est un peu l’équivalent du « an » français. On le retrouve dans «constitução» constitution ou «constipação » constipation !
Pour des raisons qui échappent à la logique et au simple bon sens, nous nous sommes mis à écorcher les « ão ». Ainsi, nous sommes tous persuadés que le nom de la sélection brésilienne, la "Seleção", est la « sélésa-o » alors qu’il serait tellement plus facile de dire "sélé-san », que tel joueur « João » est baptisé « Jo-a-o », alors que « Jo-an », qui ressemble à Jean serait tellement plus simple , et proche de la prononciation portugaise. Sans parler des pauvres «Jose » prononcé à l’espagnol « Hrrosé », alors que c’est comme en français « José ». Il est vrai qu’il en va souvent de même pour la chancelière allemande Merkel dont le prénom est souvent prononcé « An-djé-la » et non comme il le faudrait « An-gué-la », comme si elle était une héroïne d’ « Alerte à Malibu » ! Pas important ? Si ! Vous ne dîtes pas "Greuse", pour "Grèce", donc cette graphie, cet orthographe, et même ce petit accent de rien du tout, n'est pas rien du tout. D'ailleurs, nous sommes une exception parmi les langues européennes, dont l'orthographe est plus phonétique que le français. Ainsi le "u" de la plupart des langues européennes est notre "ou", ce qui peut provoquer quelques confusions entre cou et c....
En ce qui concerne la "sélésa-o", ce phénomène est récent et quasi exclusivement français. Il s’est développé, sans doute sous l’influence des commentateurs et journalistes français, et là il faut insister encore une fois français, car les autres pays ne se livrent pas à de telles déformations.
On me dit : « T’es snob » « Tu chipotes » « Tu pinailles » « Tout le monde ne peut pas parler le portugais » « Tout le monde ne peut pas connaître le Brésil »… ce qui n’a rien à voir, bien au contraire.
Qui aujourd’hui, sans parler couramment l’anglais, prononcerait « VA-CHIN-TON » pour « Washington » ou « Nèv- yorque » pour « New-York »? A noter, d’ailleurs, que le nom de la ville sud-africaine « Bloemfontein », nom d’origine hollandaise, est correctement prononcée « Bloumfontaine » et non pas « Blo-ème fonté-ine », et c’est tant mieux, car le « oe » de "bloem » exprime le son que nous français écrivons « ou », Bloem étant donc Bloum , la fleur ! Et ne me dîtes pas que beaucoup de nos confrères, commentateurs sportifs ou non, parlent couramment l’Afrikaans, version sud-africaine blanche de la langue flamande.
Ces considérations, un peu "hard", j'en conviens, en début de semaine, sont moins futiles qu’il n’y paraît, car cela révèle chez nous français, et chez nous les journalistes français un manque de curiosité qui devient ce défaut que tous les autres pays nous reprochent, même gentiment, et que les espagnols résument en nous qualifiant de « prepotentes »: Arrogants…
Si les journalistes se mettent à utiliser des mots portugais qu’ils ne connaissent pas, c’est pour faire couleur locale, c’est pour faire « initiés », « gens qui savent », genre : « Je suis envoyé spécial au Brésil, je passe mon temps à la plage et à courir la carioca et non à m’intéresser à ce pays, et pour faire savant j’émaille mes commentaires de mots pseudo brésiliens » et cela donne :« Ici à Sa-o Polo, l’entraîneur Jo-a-o Dura-o a révélé la composition de la Sélésa-o » : Alors qu’il serait tellement plus simple , et tellement plus proche de la prononciation portugaise de dire « Ici à San Pa-o-lo, l’entraîneur Jo-an Duran a révélé la composition de la Sélésan », mais évidemment cela ferait moins « savant », ça ne justifierait pas les billets d’avion et les chambres d’hôtel des « envoyés spéciaux », on veut éblouir le bon peuple.
Alors «caramba » ! , comme on dit au Mexique, « basta » ! comme on dit en Espagne, exigeons «sélé-san» et non «sélé-sa-o». Sinon, c’est la consternação !, comme on dit au Brésil…
Nous vivons une e-poque formidable

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