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vendredi 5 novembre 2010

« Evènements d’Algérie » : Gueule de bois télévisuelle…

JJSS,Mauriac,Giroud: L'honneur de notre profession...

Il y a des jours comme ça, où l’on regrette d’avoir fait des excès la veille… La langue pâteuse, l’impression qu’on vous tape sur le crâne avec un marteau (et pourtant, la preuve dans le miroir, il n’y a personne), et le mollet pas du tout usain-boltesque (de Usain Bolt)… Bref, la gueule de bois.
Mais ce matin, les responsables ne sont ni Saint-Etienne, Trois-Rivières ou Dillon (Si cé Dillon, i bon !: A chacun son talon d’Achille, moi c’est le rhum agricole, le seul vrai rhum, celui que le monde entier nous envierait s’il était au courant). 
Non, ma gueule de bois, ma nausée, c’était hier soir quand a démarré  le documentaire  de France Télévision, consacré à Le Pen et la torture en Algérie. 
Dés les premières minutes, le bientôt ex-Président du FN, celui pour lequel près d’un quart des électeurs de PACA ou Languedoc-Roussillon votent, tournait en dérision les accusations sur sa participation à la torture pendant la guerre d’Algérie, en prenant l’accent arabe, pardon, la caricature de l’accent arabe, genre vendeur de couscous « bon comme là-bas ». Et ça donnait : « Li Pen, il était partout mon zami, j’ti dis qu’il tortirait à Sizini, au Fort l’Empireur, à la Casbahhhhh » « Li Pinn, c’est li diable ! » Et Le Pen de conclure en ironisant : Si on croit les arabes « Le Pen, c’est comme Sarkozy aujourd’hui : En 1957, à Alger, on l’a vu partout !»
Alors, là, je suis allé vomir.
Pas uniquement par crise de foie, de mauvaise foi ;
Pas uniquement parce que la torture en Algérie, franchement qui en doute ? C’est un fait, une honte qu’il nous faut collectivement assumer ;
Pas uniquement parce qu’il y a 50 ans, nos politiques de droite comme de gauche, avaient donné carte blanche aux militaires prenant le risque de putschs, qui se sont effectivement produits et qui ont été à deux doigts d’emporter notre démocratie, chez nous qui nous gargarisons d’être la Patrie des Droits de l’Homme, comme si la démocratie était un bien inné, comme les yeux bleus, alors qu’elle n’est qu’un équilibre fragile à défendre quotidiennement ;
Pas uniquement parce que tous ces documentaires de France Télévision brillent par une certaine indigence: 60 ans après, toujours les mêmes images, toujours les mêmes témoins, quand on pense à ce la télévision américaine produit sur la guerre en Irak alors même que celle-ci n’est même pas finie…
Non, mon envie de vomir est venue en entendant l’avocate Gisèle Halimi. Elle raconte la scène suivante : Horrifiée par ce qu’elle venait de voir à Alger comme avocate de la défense - les tortures, un simulacre de justice, les ratonnades - elle essaie de faire bouger des hommes qui lui sont proches politiquement, les députés socialistes Daniel Mayer, Pierre Mendès-France et François Mitterrand. Daniel Mayer se met à pleurer en disant « Comment est-ce possible chez nous, en France, 10 ans après la gestapo… ». Mendès-France est « sonné » et répète : « Il faut que ça se sache, il faut que ça se sache ». Seul François Mitterrand met en doute ce qu’elle a vu : « Mais est-ce que vous n’exagérez pas ? Il s’agit de dérapages isolés. N’êtes-vous pas manipulée ? » … On a envie de vomir. François Mitterrand… qui à 45 reprises, en tant que Ministre de la Justice, refusa la grâce de 45 « rebelles », condamnés à la guillotine après des procès bâclés.
Alors, on se dit:
Heureusement qu’il y a eu des Henri Alleg, des Françoise Giroud, des Jean-Jacques Servan-Schreiber, des François Mauriac, qui écrivait dans l’Express, dès … avril 1954 ! : « Vos crimes sont, dans l'ordre politique, des erreurs, et ce n'est pas assez dire des bêtises insignes. Mais ils restent des crimes et qui atteignent à travers ceux qui les commettent, le corps d'élite dont ils portent l'uniforme, et à travers l'armée, nous-mêmes, notre peuple (…) »
Heureusement qu’il y a eu De Gaulle, et qu’importe, si comme les documentaires de France Télévision se sont acharnés à le démontrer, il a utilisé la guerre en Algérie pour organiser son retour au pouvoir. Un peu comme le roi Juan Carlos, au moment de la tentative de putsch du 23 février 1981 à Madrid, De Gaulle était sans doute le seul à pouvoir nous sortir de cette faillite morale, politique dans laquelle la France était en train de glisser. Parce que : Le De Gaulle de la Libération, parce que: Son charisme auprès des militaires que les civils avaient laissé se fourfoyer, parce que: Son autorité sur la droite française …
« Le coup passa si près que le chapeau tomba »… Et là, ce fût la 4ème République qui tomba…
Nous vivons une e-poque formidable.

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