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mardi 4 novembre 2014

BERLIN : Le soir où le mur n’est pas tombé 2/7 : Ces fissures que personne n’avait vues…

Souvenirs de l'été 1989
Par Pierre Thivolet, ancien correspondant de TF1 en Allemagne.

Hegyeshalom. C’est là sans doute que le mur de Berlin a commencé à se fissurer. Dans ce village hongrois, à 170 kilomètres de Budapest, 70 kilomètres de Vienne, le 2 mai 1989. Lieu précis, date précise : Le gouvernement hongrois, pourtant toujours communiste, avait décidé d’y organiser une conférence de presse mettant en scène le premier démantèlement du « rideau de fer ». Avec des chefs militaires, des garde-frontières et découpage de barbelés devant les caméras. Je me souviens très bien d’une question d’un confrère, Pierre Hasky, à l’époque à « Libération » : «  Mais que ferez-vous quand des ressortissants d’autres pays de l’Est  voudrons passer à l’Ouest ? » Silence gêné des autorités.
Quelques semaines plus tard, les allemands de l’Est apportaient la réponse à cette question. S’il leur était quasi impossible de se rendre à l’Ouest, les « pays frères » étaient facilement accessibles. Chaque année, des centaines de milliers d’Est-allemands s’entassaient dans leurs« Trabant », ces caisses à savon, au moteur à deux temps, fiertés de l’industrie est-allemande, pour passer leurs vacances sur les rives du lac Balaton, la « mer »  hongroise.
La nouvelle s’est vite répandue dans toute la RDA: On peut s’enfuir par la Hongrie. D’abord quelques dizaines, que les garde-frontières hongrois ne faisaient rien pour arrêter. Puis des centaines.  Jusqu’au 19 août 1989, où un « pique-nique », organisé à la frontière par le parti autrichien paneuropéen d’Otto von Habsbourg s’est transformé en fuite à l’Ouest de milliers de « vacanciers » est-allemands.
Dans la ruée vers la liberté, ils abandonnaient tout derrière eux. Dans la bousculade, un jeune père, sa femme, sa fille, avec comme seuls bagages , un sac à dos, s’étaient retournés vers nous, une fois à l’Ouest, et dans un grand éclat de rire, nous avaient donné la plaque d’immatriculation «DDR» « République Démocratique Allemande » qu’ils avaient dévissée sur leur voiture abandonnée. Désormais, le mur de Berlin n’arrêtait plus l’hémorragie. A Berlin-Est, le gouvernement ne savait plus quoi faire. Partout des citoyens est-allemands tentaient la fuite.
 En Pologne, la première à s’affranchir du communisme. A Prague, en envahissant l’Ambassade d’Allemagne de l’Ouest. Et pendant ce temps-là, à Moscou, Gorbatchev parlait de « perestroïka » et de libertés.
J’ai retrouvé quelques souvenirs de cet été 89: Un bout de barbelés, gracieusement offert par un soldat hongrois, le 2 mai, à Hegyeshalom. Une maquette de Trabant et puis la plaque DDR de cet inconnu qui s’enfuyait vers la Liberté.
L’Allemagne de l’Est était présentée pourtant, même à l’Ouest, comme le bon élève de la classe socialiste. Elle préparait les festivités de son 40 ème anniversaire avec force défilés militaires, soldats marchant au pas de l’oie, pionniers des Jeunesses communistes agitant des drapeaux , et invités de marque, comme Mikhael Gorbatchev et les dirigeants des pays frères.
Ce devait être un triomphe pour le régime, ce fût le début de la fin pour la vieille garde communiste.
Rétrospectivement, c’est un mur bien lézardé qui s’est ouvert le 9 Novembre 1989.



Demain : 3/7 : La RDA fête son 40 ème anniversaire.


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