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mardi 14 avril 2015

Mais que pense Booba du crash de l’A-320 ?



A force de tendre son micro à n’importe qui, sur n’importe quel sujet, surtout lorsqu’ils sont en promo pour leurs derniers CD, on en arrive à n’importe quoi.. Comme Booba, ces derniers jours... Tiens , personne n’a songé à demander à Booba ce qu’il pensait du copilote fou de l’Airbus A-320 ? Ou de la disparition des ours polaires ? Ou du nouveau découpages des régions en France ?
BoobaBooba, vous savez? oui ? non ?  C’est Elie Yaffa- mais Elie Yaffa comme nom de scène, ça ne le fait pas, donc, Booba, est un rappeur hyper bodybuildé  et hyper tatoué – pardon pour le pléonasme – fait le buzz en déclarant à propos de la boucherie à Charlie Hebdo, qu’il n’était ni Charlie, ni pas Charlie, mais qu’à force de jouer avec des allumettes, fallait pas s’étonner de se brûler".
On touche le fond, bien sûr. 
Merci d’ailleurs au Petit Journal de Yann Barthès d’avoir fait les recensement des Unes de Charlie sur la dernière année : Une seule  sur des musulmans intégristes, une sur des rabbins, 5 ou dix sur les cathos, une quinzaine sur Sarko…. Ce n’est pas comme si toutes semaines, Charlie avait joué avec les allumettes de l’intégrisme musulman. Et d’ailleurs est-ce la peine d’épiloguer sur ce point. Les polémiques d’après massacre, et je pense à Wolinski, à Maris, à toutes les victimes, celles  de l’hyper cacher, donnent juste l’envie de gerber, pas de clasher…
Mais qui est le plus responsable : Booba ? Qui est en pleine promo, et qui fonctionne par « clash » ?
Ou les medias qui eux aussi fonctionnent par clash, y compris dans le domaine politique ? La petite phrase de Mélenchon contre celle de Valls. La saillie de Dufflot contre celle de Royal. Nous tendons nos micros à Booba et l’interrogeons sur n’importe quoi. On est dans le degré zéro de l’info, mais nous les journalistes, nous en redemandons. Alors ne nous étonnons pas si ensuite, le public nous demande des comptes.
Faut que ça saigne,  comme lorsque des fans de Rohff bastonnent un vendeur d’une boutique de vêtements de Booba. Ca fait la Une des faits divers, et nous pensons : « Ah ! Putain, ces blacks, des rebeus, dès qu’ils ont du fric, ils ne sont pas gérables ». Mais, en fait derrière cette écume, il y a du flouze, du pèze, de la maille, de la thune, du fric à faire …
En ce qui concerne  Booba, il est vachement pertinent de lui demander ce qu’il pense de la situation en France, lui qui profite du fric qu'il fait sur ses fans de banlieues pour se la couler douce à Miami Beach.
A la rigueur, on pourrait lui demander ce qu’il pense, des effets de la créatine pour la gonflette de pecs et des biceps. Ou alors, allez, du lourd : Que pense-t-il de la Présidence Obama ? Qui n’a toujours pas fait fermer le camp de Guantanamo ? Lui, le premier Président noir, qui se montre incapable de mettre au pas une police qui quand elle interpelle un jeune noir, préfère tirer avant de parler ?
On pourrait l’interroger sur Billie Holliday dont on fête le centième anniversaire et de sa chanson « Strange fruit». Les fruits dont elle parle, ce sont les cadavres de noirs lynchés par le Ku Klux Klan et pendus sur des arbres à l’entrée des villages du sud des Etats-Unis.  Strange fruit: Le rappeur Kanye West  - même s’il est mégalo, il est loin d’être un con inculte-  y fait référence dans une de ses dernières chansons « New Slaves», en répétant » I see blood on the leaves «  «  Je vois le sang couler sur les feuilles ».
Mais pour cela il faudrait à la fois de la part de personne interviewée, et de la part du journaliste, un  minimum de culture, de curiosité.
A la longue  ce fonctionnement par clash, nous discréditera nous les journalistes. Et alors, ne venons pas nous plaindre : « I see blood on the leaves »…Plutôt que Booba, je vais ré-écouter Kanyee West ou Billie Holliday. Eux, ils fendent notre âme !
Nous vivons un e-poque formidable.
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Stange fruit : Billie Holliday : https://youtu.be/pD2evtQP8ps

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