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jeudi 23 juillet 2015

Crise des éleveurs: Adieu veau, vache, cochon

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Du producteur au consommateur, en direct
Grains de ferme : C’est un simple hangar, à l’entrée d’un village plutôt cossu, dans la grande périphérie de Lyon, au pied des Monts du Lyonnais. Pas de déco, pas de chichi, ni de marketing tête de gondoles, juste une grande photo d’un sympathique cochon, tant il est vrai que dans cette région, on sait que « dans le cochon tout est bon ». Pas de sac, on apporte son cabas ; à l’entrée on est invité à ramener ses emballages en carton ou les contenants en verre, et puis… Et puis, c’est le paradis: Des tomates, des courgettes, des salades, des carottes qui donnent envie d’être lapin, des fruits cueillis le matin même, des œufs qu’on choisit soi-même, des saucissons pour lesquels certains font même un détour pour venir en acheter ici, des fromages… à vous damner : Fromages blancs moulés à la louche à la lyonnaise, fromages de chèvre, de brebis, frais ou « faits ». Et puis derrière les stands, à la caisse, les producteurs qui sont là à tour de rôle. Vous pouvez leur demander des nouvelles de leur troupeau, leur demander pourquoi il n’y a plus de lait cru, s’il y aura encore des cerises la semaine prochaine, ou bien encore où sont installées les ruches ce mois-ci. La traçabilité ? Elle est là sur les murs, les photos des fermes avec leur localisation, toutes dans un rayon de 10 à 15 kilomètres, avec les photos des exploitants, de leurs troupeaux, chacun sa spécialité. Les prix : Eh !bien, ce n’est pas plus cher que chez Carouf ou Lepasclerc. Exemple: Les côtes de veau du Gaec du Petit Bozançon 69440, emballées sous vide : 17 euros 20 /kg.
Grains de ferme, ce sont une quinzaine de producteurs de cette région qui ont joué la carte du commerce de proximité, ils ont acheté un terrain, construit ce hangar, ils bossent comme des malades parce qu’en plus de leur travail quotidien dans leurs fermes, il faut gérer ensemble cette coopérative et ce n’est pas évident. Mais ça marche ! A « Grains de ferme », la crise des éleveurs, connaît pas.
Mais ce modèle économique n’est pas forcément transposable partout, pour tout. Ici, les agriculteurs peuvent profiter de la clientèle d’une banlieue plutôt aisée, plutôt « bobo », d’une grande métropole. Ce ne peut donc être qu’une des solutions - mais pas la seule - pour l’ensemble de l’agriculture française : En 20 ans, le nombre d’exploitations a baissé de moitié, et les faillites continuent.
Ce qui est navrant dans cette nouvelle crise, c’est que ce n’est pas nouveau. Elle était prévisible, les problèmes ne datent pas d’hier, mais d’avant hier. Si « gouverner, c’est prévoir », nous avons aujourd’hui l’impression de ne pas avoir été gouverné. Alors que depuis toujours nos campagnes ont été les greniers et les jardins de l’Europe. Depuis Jean de la Fontaine qui écrivait déjà à propos des espoirs perdus de Perrette : «  Adieu veau, vache, cochon, couvée »  avec plus loin cette morale :
« On m'élit roi, mon peuple m'aime ;
Les diadèmes vont sur ma tête pleuvant :
Quelque accident fait-il que je rentre en moi-même ;
Je suis gros Jean comme devant.
 » 
Nous vivons une e-poque formidable.

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