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mardi 6 septembre 2016

De Calais au Gabon, tout est jungle

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Au Gabon, ne pouvions-nous pas prévoir que le pouvoir frauderait les élections ?
A l’origine, il paraît que le mot « jungle » vient de l’hindi, jangala, et signifie nature, espace naturel. Mais petit à petit les européens en ont fait un synonyme de enfer, enfer vert, forêt inextricable. La jungle, c’est l’angoisse de l’inconnu, la peur d’un environnement hostile. La loi de la jungle, c’est la violence.
A Calais, c’est la jungle: 9 000 ? 10 000, plus ? (On ne sait plus comment les compter) réfugiés, migrants (on ne sait plus comment les appeler): Reportages, émissions spéciales, films, fictions, récits, romans, visites officielles, déclarations gouvernementales: Qui aujourd’hui peut ignorer ce qui se déroule chez nous, sous nos yeux: Un naufrage de l’humanité.
Que faire ? Eliminons les non solutions, les déclarations démago et à l’emporte pièces, les « ya ka ».
Y’a ka tous les renvoyer loin au-delà de mers, laissons les couler au large de nos côtes (Genre ce week-end les italiens n’auraient pas dû sauver 6000 pauvres hères qui allaient se noyer au large de leurs côtes. Vous vous rendez compte : 6000 êtres humains, sauvés mais pour  combien noyés au fond de notre belle Méditerranée, de cette mer que l’on voit danser le long des golfes clairs ».
Y’a ka fermer les frontières (et nos vaches seront bien gardées), construisons un mur à la Trump, genre Corée du Nord - et c’est vrai qu’enfermés chez eux les Coréens du Nord sont vachement heureux - .
Y’a ka les laisser passer et laisser les anglais se débrouiller avec cette patate chaude. Comme si les anglais n’allaient pas nous les retourner fissa, sur nos bateaux, genre un nouveau Trafalgar mais dans la Manche et avec des milliers de migrants en otage.
Au fond de nous mêmes, nous le savons bien: Il n’y a pas de solution simple. Il n’y a plus de solution simple. Car s’il est aussi dramatique, ce problème ne nous est pas tombé dessus d’un coup. Il n’est même pas lié à la vague d’arrivée de réfugiés il y a un an. Et il remonte en fait à la construction du tunnel sous la Manche, à la libre circulation entre des pays où les réglementations sont si différentes. Il aurait fallu anticiper, prévoir. Gouverner c’est prévoir.
Prévoir: Cela aurait dû être possible aussi dans une autre jungle, celle du Gabon. Le Gabon, ce n’est ni la Syrie - pas de guerre civile, pas de menace terroriste. Ce n’est pas le Nigeria, avec ses 180 millions d’habitants, le Gabon n’en compte qu’à peine 1 million et demi. C’est une vieille connaissance de la France, on le présentait même comme la vitrine caricaturale de la Françafrique. Et tout ça pour ça ? Nos experts, spécialistes, diplomates n’ont pas vu venir le coup ? Allons donc, tout le monde savait que les Gabonais aspiraient au changement. Tout le monde savait que les Bongo n’accepteraient pas volontiers de partir après presque 50 ans de pouvoir absolu.
Et maintenant nous sommes coincés : Intervenir ? Paris sera accusée de néo-colonialisme. Ne rien faire ? Le Gabon risque de plonger dans la violence, et les Gabonais n’oublieront pas que nous les avons lâchés quand ils aspiraient eux aussi à un changement démocratique et pacifique.
Gouverner c’est prévoir. Au Gabon, comme à Calais nous avons laissé se développer la loi de la jungle au détriment d’une bonne gouvernance.
Nous vivons une e-poque formidable.

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