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samedi 17 février 2018

La censure qui nous menace vient-elle plus des intégristes ou du net ?

Courbet: Choquant en 1866, censuré en 2018 ?

Couvrez ce sein que je ne saurais voir. C’est vieux comme Molière et son Tartuffe. Eh! bien les Tartuffes, faux dévots, vrais pudibonds ne se sont jamais aussi bien portés qu’aujourd’hui.
On pense bien sûr tout de suite à cette peur obsessionnelle du corps des femmes que l’on retrouve chez tous les partisans du voile, niqab, hidjab, ou burqa. Leur port est justifié par le signe de respect vis-à-vis de Dieu. Mais comme par hasard c’est toujours les femmes qu’il faut voiler, couvrir, cacher, parce qu’elles susciteraient le désir des hommes. Même le bruit de leur démarche pourrait exciter.
Les hommes peuvent bien porter des jeans moule bites, des T-shirt serrés, faire de la muscu, se faire beaux, sexy, pas de problèmes. Mais pour les femmes, il ne faut pas qu’un bout de cheveu dépasse. Les robes doivent être amples avec des blouses, pour qu’on ne devine pas leurs formes. Résultat des sociétés schizophrènes obsédés par le sexe interdit. A ce sujet le livre de Leila Slimani « Sexes et mensonge »: La vie sexuelle au Maroc, est atterrant.
Cette obsession du corps des femmes se retrouve aussi dans les autres grandes religions monothéistes. Perruques, collants et manches longues chez les juifs orthodoxes, voiles chez les religieuses catholiques ou orthodoxes : Que les 3 grandes religions soient nées dans la même région où régnait une culture patriarcale qui soumettait les femmes au pouvoir des hommes, y est sans doute pour beaucoup.
Mais aujourd’hui, la pudibonderie nous vient des Etats-Unis. Les GAFA: Google, Apple, Facebook, Amazon, toutes américaines, font la pluie et le beau temps sur notre manière de voir le monde, plus rapides à cacher un sexe ou un sein qu’à interdire des propos racistes.
Et cela s’étend: Il y ainsi l’affaire des nus décharnés du peintre Egon Schiele, peints en …1910. Les affiches de sa rétrospective à Vienne en 2018 ont été censurés sur les murs de Londres ou de Cologne. Certains voudraient cacher les nus des fresques de la chapelle Sixtine peintes par Michel-Ange (1512 ) qui, comme on sait, s’y connaissait en matière d’anatomie masculine. Faudra-t-il bientôt mettre un slip à son David à Florence, des robes aux nus de Maillol dans les jardins des Tuileries, rhabiller le Mannekenpis à Bruxelles ?
Et puis il y a Facebook qui au nom de sa lutte contre la pornographie censure des œuvres qui font partie du patrimoine mondial de l’humanité. Ainsi il ne faut pas prendre le risque de publier la photo du tableau « L’origine du monde »: Ce tableau de Gustave Courbet de 1866. Il représente - ce serait trop court de dire le sexe d’une femme – non :  Un gros plan des cuisses et de l’entre jambes d’une femme. L’origine du monde puisque tout être humain passe par cet endroit.
En 2011, Facebook a supprimé le compte d’un enseignant français qui en avait publié une photo. Ce dernier a porté plainte. Au bout de 7 ans, il a réussi à ce que l’affaire soit jugée à Paris, ce qui a été le cas il y a quelques jours. Verdict début Mars.
On saura alors si les nouveaux ayatollahs se trouvent à Cupertino ou à Moutain View.





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