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jeudi 27 septembre 2018

Pour en finir avec …la disruption !

Karl Marx était-il disruptif sans le savoir ? 

Ah ! si Karl Marx avait connu le mot disruptif… il aurait été « content manager » ou professeur de marketing ou publicitaire ou même Président de la République. 
Ainsi pendant sa campagne, Emmanuel Macron avait présenté son programme comme disruptif. Et il a été élu. L’aurait-il été s’il s’était présenté comme révolutionnaire ou simplement réformateur ? 
Aujourd’hui les PDG des grandes entreprises expliquent qu’ils vont disrupter leurs secteurs. Les media lancent des « concepts » d’émissions disruptifs. Des invités ou des chroniqueurs comme Charles Consigny ou Eric Zemmour sont présentés comme disruptifs
Si l’on regarde dans le dico, on lit que le premier sens de disruption signifie "rupture" ou "fracture". Très utilisée en géologie. Et c’est là que les gourous du marketing interviennent et notamment le Président d’une des plus grandes agences mondiales de pub. Il est le premier à avoir publié un livre définitif sur la disruption. Et en 1992, de manière très classique et peu disruptive, il a même pris la précaution de déposer la marque. 
Même si l’on ne comprend pas trop ce que veut dire disrupter, c’est-à-dire  "fracasser » la grande distribution ou la vente de pizza, tout le monde emploie le terme. Bien sûr, on va vous expliquer que la « disruption » est un concept novateur, qui décrit une « stratégie d’innovation par la remise en question des formes généralement pratiquées sur un marché, pour accoucher d’une « vision », créatrice de produits ou de services radicalement innovants » (cf Jean-Marie Dru, le publicitaire mentionné plus haut). C’est un peu du charabia pour simplement expliquer que tout bouleversement technologique - et internet, le web, le numérique, la réalité virtuelle, l’intelligence artificielle etc… en sont - , modifie en profondeur les habitudes de pensée, les relations aux autres, les modes de production. C’est aussi bête que la découverte du feu, de l’imprimerie, ou du chemin de fer.
Mais soyez crédibles, dîtes disruption, et non bouleversement ou révolution. Car force est de constater que le marketing et les médias ont imposé ce mot qui peut être désormais utilisé dans n'importe quel contexte au lieu de "changer" ou "transformer".
Comme toute mode, celle de la disruption passera, et l’on en reviendra aux fondamentaux. Et l’on redécouvrira qu’avant d’être « disruptif », de « penser différemment », il faudrait commencer par penser.

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