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jeudi 28 octobre 2010

Réformes, manifestations, Etat, patronat, syndicats:Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois…


Il est de bon ton de taper sur nos syndicats.
Je vais vous le faire en tweet : France : Record du + faible % de syndiqués. Baisse continue dans toute l’Europe mais + forte encore en France. Syndicats français :Légitimité, crédibilité, représentativité proches de 0…
Tweet 2 : Sans syndicats, que devient le dialogue social ? Sans dialogue social, que devient la démocratie ?
Un des piliers du fonctionnement d’une démocratie est ce que l’on appelle le dialogue social. Or chez nous quels sont les partenaires sociaux ?
Le patronat ? C’est un assourdissant silence! Il devrait être en première ligne dans des discussions qui le concerne au premier chef : Reculer l’âge de départ à la retraite, allonger la durée du travail, cela concerne les entreprises, non ?
On vante souvent et à mon sens avec raison, le modèle de concertation allemand, mais on oublie souvent de préciser qu’outre-rhin, ce « modèle » fonctionne non seulement parce que les syndicats y sont forts, « responsables » mais aussi parce que le patronat allemand est lui aussi plus responsable. Le terme de « cogestion » est peut-être un peu abusif, même s’il est souvent employé dans les grandes entreprises outre-Rhin, mais en tout cas le résultat est là:  En Allemagne, les salaires les plus bas sont 20 % plus élevés qu’en France. La formation tout au long de la vie, l’apprentissage et les formations alternées sont là-bas monnaie courante, alors que chez nous cela fait 40 ans qu’on dit que l’an prochain, c’est sûr, on s’y met !
Enfin, la plupart des décisions concernant le fonctionnement des entreprises y sont prises après de très longues discussions qui aboutissent à un consensus qui ensuite est appliqué par tout le monde.  Ce qui facilite, on le comprendra aisément, qu’au bout du compte, les réformes aboutissent. Mais ce qui n’excluent pas les mouvements sociaux d’importance, comme c’est le cas actuellement avec la grève des transports (eh! oui, en Allemagne aussi !) qui affectent des millions de passagers.
La réforme des retraites, du système de protection sociale, de santé, la modération salariale etc… ont ainsi pu être mises en place ces 15 dernières années, alors que chez nous…
Chez nous, droite comme gauche confondues, c’est l’Etat qui mène la danse. Gouverner, ce serait faire « passer en force » et nos dirigeants se vantent de faire passer des décisions « à la hussarde ».
Mais pour danser, il faut être au moins 2 ? Et pour dialoguer…
Heureusement donc, qu’il reste quand même quelques syndicats, et quelques dirigeants syndicaux qui sont loin de jeter de l’huile sur le feu.
Mettons de côté les slogans en forme de figures imposées qui figurent sur les banderoles, dans les manifestations ou dans la bouche des principaux dirigeants syndicaux quand on leur tend un micro. Heureusement qu’ils sont là pour éviter les dérapages et les surenchères démagogiques, encore plus dangereuses quand elles parent leurs conservatismes et corporatismes derrière une phraséologie révolutionnaire. Les plus aveugles ne sont pas ceux qu’on croit…
Cela fait ½ siècle que Michel Crozier(*) avait constaté :«On ne change pas une société par décret», avons-nous réussi à changer ?
Nous vivons une e-poque formidable.

(*) lire ou relire Michel Crozier, le père de la « Sociologie des organisations », et notamment : « On ne change pas une société par décret» ou encore « La crise de l’intelligence »

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