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mardi 9 novembre 2021

9 novembre 1989: Il y a des jours comme ça où il ne se passe rien et où pourtant tout arrive.


Il y a des matins comme ça, qui n’ont rien de spéciaux. 

La journée ne sera ni belle, ni moche, l’hiver est là, mais le froid n’est pas encore mordant. C’est plutôt brouillasseux.

Écouter les infos, faire le point des interviews à organiser, du reportage à tourner ; Appeler la rédaction pour proposer un sujet. 

Tiens, une invitation : une conférence de presse à laquelle nous sommes conviés. Encore une conférence officielle, soporifique, où on va s’emm… grave. Au moins, on croisera des confrères, cela permettra d’échanger. 
La ville est encore enveloppée d’un brouillard jaunâtre peu engageant, dans la rue des passants passent. 

Il y a des matins comme ça où rien n’est annoncé, et où rien ne s’annonce.

Départ pour notre premier rendez-vous : un sujet sur les travailleurs immigrés employés sur un chantier du centre de la capitale. 

Puis d’autres rendez-vous.

Jusqu’au déjeuner, dans un restaurant d’un grand hôtel avec notre guide interprète. Au menu ce qui est présenté comme le top de la gastronomie locale : Des « vols au vent » (sic !), et du mousseux.

Puis encore un tournage sur un chantier : Le gouvernement a mis les bouchées doubles pour reconstruire cette église emblématique de la capitale. 

Sur le chemin du retour à l’hôtel où nous avons installé nos moyens de montage, confortablement assis dans notre grosse Benz capitaliste, nous écoutons les hits du moment : Udo Lindenberg : Horizont,  Nina Hagen.

J’adore Nina Hagen. Je l’ai croisée quelque fois à l’aéroport, elle était toujours stupéfiante, traversant la foule comme une déesse, perchée sur des talons de 30 cm, les cheveux rouges en pétard, précédée de ses deux petits chiens en laisse. Une artiste inclassable dans une société plutôt conformiste et conventionnelle. 

Oui parce qu’on est à Berlin. Le 9 novembre 1989. 

Et rien ne semble devoir arriver.

Il est près de 17 heures. Il faut aller à la conférence de presse. Le centre de Presse internationale IPZ est à 2 pas de l’hôtel, à quelques mètres du mur, côté est. Pardon ! côté DDR: République démocratique allemande. Ici on ne parle pas de rideau de fer mais de « mur de protection antifasciste ». 

Les passants, souvent des fonctionnaires, hâtent le pas pour rentrer chez eux, souvent loin en banlieue. Le centre de Berlin-Est, l’ancien cœur de Berlin, très détruit par la guerre, très mal reconstruit ensuite, sert de vitrine au régime communiste. Il y a installé les principaux symboles de son pouvoir. Le soir, en dehors de quelques théâtres et de l’Opéra, c’est mort.

Il est 18 heures. Gunter Schabovski, porte-parole du comité central du parti, lit un texte. Rien de très de nouveau.  

Certes, depuis plusieurs semaines, il y a bien eu quelques changements ; Mais dans la continuité. 

Gorbatschov était venu en septembre à Berlin-Est pour le 40 ème anniversaire de la RDA. Il y avait été accueilli en rock star par la population. Ce n’était ni prévu, ni organisé. 

Pourtant, c’est bien lui qui fait souffler sur tous les pays de l'Est, URSS en tête, le vent du changement, de l’ouverture. Et après avoir embrassé sur la bouche, comme c’était la tradition entre partis frères, le vieux Erich Honecker, il fait bien comprendre qu’il serait temps de le mettre au placard. 

2 jours après c’était fait. 

Bien sûr, depuis des mois déjà, les allemands de l’est tentaient par milliers de passer à l’ouest. 

Bien sûr, tous les Lundis, des manifestations réclamant la liberté de voyager se déroulaient autour de l’église Saint-Nicolas à Leipzig, à 200 kilomètres de Berlin-Est. 

Bien sûr... 

Mais de là à imaginer…

« L’Allemagne n’intéresse plus personne » m’avait prévenu un des dirigeants de ma rédaction, faisant écho à un « L’Allemagne est un pays has been », assené par un directeur du Trésor français, quelques mois auparavant. Des hommes clairvoyants !

Il est 18 h 30, la conférence de presse s’achève. 

Schabowski s’est levé et là, un confrère italien lui pose la question : « Et pour la liberté de voyager, allez-vous l’assouplir ? ». Schabowski cherche dans ses papiers, hésite, et puis laisse tomber quelque chose comme : « Oui on va autoriser les citoyens à voyager ». A partir de quand ? ce soir ? Minuit ? 

C’est confus, on se demande entre confrères : Tu as compris quoi ? Ils vont organiser ça comment ? 

A la télé officielle rien, pas d’annonce. Les rares passants dans la rue ne sont pas au courant, et nous prennent même pour des provocateurs. 

Il faut attendre que la télévision ouest-allemande très suivie à l’Est, annonce : « Le mur devrait ouvrir cette nuit. »

Les berlinois de l’Est commencent à se dire : Si ARD ou ZDF l’annoncent, c’est que c’est peut-être vrai. 

Tout va aller ensuite très vite. Par petits groupes, les berlinois s’approchent des check-points – il y en 4 : 4 passages entre les 2 parties de la ville. 

Les gardes et les militaires sont inquiets, nerveux, ils téléphonent et puis. ..

Et puis, ils commencent à laisser passer, mais toujours en contrôlant.

Et puis les petits groupes deviennent une foule immense, 

Et puis, plus de contrôle: C’est une foule compacte, le métro aux heures de pointe, qui circule maintenant entre Est et Ouest. 

Et puis. 

Et puis les cloches de Berlin Ouest se mettent à sonner, les bars rouvrent et offrent des tournées gratuites. 

Et puis on s’embrasse, on pleure, on offre des fleurs ou une bière aux gardes-frontières. Pas une once de violence, de nationalisme. Simplement, la joie de sentir ce que peut être la liberté, le sentiment de découvrir brusquement, que cette partie  de l’Europe de l’autre côté du mur était une partie de nous-mêmes, qui nous était si proche, et pourtant pratiquement inaccessible pendant 40 ans. 

Dans une vie de reporter, il y a des moments glauques : les escadrons de la mort et les dictatures en Amérique latine, les tueries en Haïti, le siège de Sarajevo et la guerre civile en Yougoslavie

Mais il y a parfois des moments, rares, de grande joie : La chute de Duvalier en Haïti, la révolution de velours en Tchécoslovaquie. 

Et puis donc, le mur de Berlin. 

Ces moments de grâce ne durent pas hélas. 

Mais chaque 9 novembre, je ne peux m’empêcher de penser avec beaucoup d’émotion à cette nuit à Berlin. 

Pas seulement le sentiment d’avoir vécu un moment « historique ». Mais surtout d’avoir pu ressentir physiquement ce qu’était la Liberté. Et ce cadeau rare et fragile de vivre dans un pays libre. 

Et puis ce regret : N’avoir pas su transmettre ce souvenir aux générations actuelles. 

Le rideau de fer : Certains aujourd’hui pensent que c’était une plaisanterie et qu’il y en avait toujours qui arrivait à passer. 

La dictature : Certains pensent qu’un petit coup de régime autoritaire, cela ne nous ferait pas de mal. 

La liberté de circulation ? L'heure est à la construction. demeures partout ...Vous avez vu ces hordes qui se préparent à nous envahir ? Triste ironie de l'Histoire: La Hongrie qui avait été la première à démanteler le mur qui la séparait de l’Autriche, est l'une des premières à reconstruire des murs avec ses voisins du Sud et de l’Est.

N’avons-nous donc rien appris ? 

Le 9 novembre 1989 est un souvenir heureux, mais qui fait remonter également le souvenir de la division de l’Allemagne, de la dictature communiste à l’Est , et de la guerre voulue et déclenchée par les nazis. 

Le 9 novembre est aussi un autre anniversaire. Celui des pogroms anti-juifs, de la nuit de cristal en 1938. La plongée de tout un pays dans l’abomination.

Les allemands se confrontent en permanence avec l’Histoire. 

Cette « Vergangenheitsbewältigung » , cette confrontation avec l’Histoire structure leur vie politique, leur Justice, leur éducation, leur société. Elle leur donne une certaine prudence à l’égard des bonimenteurs et des démagos. 

Nous devrions en prendre de la graine. 

« Rien ne vaut Rien Il ne se passe rien Et cependant tout arrive, Et c'est indifférent » écrivait Frédéric Nietzsche, 

une phrase mise en exergue d’un de ses livres par le général De Gaulle.

mercredi 13 octobre 2021

Bas les masques

 


Je ne vais pas vous mentir : je déteste les masques. 

Attention, pas tous les masques ; pas les masques de carnaval par exemple. Participer à un « vidé » dans un carnaval guyanais, déguisé en touloulou Sousouri ou Zonbibaréyo est assez jouissif. Défiler dans les rues sans être reconnu, travestir sa voix, s’affranchir du regard des autres, une fois par an.

Non, je veux parler de ces masques anti-covid dont le port obligatoire recule progressivement. Certes, j’en approuve et j’en comprends la nécessité sanitaire mais le prix à payer a été lourd.

Impossible de voir les expressions du visage. Votre interlocuteur est-il fâché ? A-t-il compris que vous plaisantiez ? Si les yeux sont, dit-on, le miroir de l’âme, la bouche, l’ensemble du visage traduisent les émotions. Si les sourds et malentendants arrivent à lire sur les lèvres, c’est bien parce que nos lèvres « parlent » tout autant que nos cordes vocales.

Et puis, il y a la bise. Certains n’aiment pas cette coutume, covid ou pas. 

J’appartiens à ceux qui pratiquent cette forme de salutations. Entre membres d’une même famille, entre amis, c’est un signe de reconnaissance, d’appartenance. Deux, trois, voire quatre, « claquer la bise » fait partie de notre culture, comme pour le monde hispanique, l’ »abrazo », l’accolade.

Et puis franchement, le masque même customisé, même à fleurs, c’est moche. Cela nous fait des têtes de souris, des groins de porc. Nos paroles sont étouffées. Le masqué a-t-il quelque chose à cacher ? 

Les masques tombent et c’est tant mieux. 

Sauf que tout ce que nous redécouvrons n’est pas forcément joli, joli.

D’abord la crise sanitaire n’a pas révélé, sauf exception, une propension à la solidarité. Derrière les masques, nous nous sommes repliés sur notre petit moi. La peur du covid s’est transformée en peur des autres, plus que jamais, l’enfer c’est les autres.

Et puis quand on voit de certaines bouches sortir certains propos, on se demande si le port du masque n’avait pas quelque chose de bon.

 

dimanche 26 septembre 2021

#wahl2021 L'Allemagne, cette inconnue.


Il y a bien longtemps que j’ai abandonné l’espoir d’expliquer l’Allemagne et encore plus de faire aimer l’Allemagne, les Allemands et l’allemand à nous français. 

Cela commence par la langue, la langue de Goethe comme on dit. Évidemment, plus personne en France n’a lu un vers, une ligne de ce poète qui est à la culture allemande ce que Shakespeare est à l’anglais ou Racine+Corneille+Chateaubriand sont au français. 

Ah ! Oui, peut-être pour certains : Wer reitet so spät durch Nacht und Wind …. Etc, etc… le début du « Roi des Aulnes », sur lequel beaucoup de lycéens français ont souffert, en maudissant des parents qui voulaient qu’ils fassent « allemand seconde langue », parce que ça permettait d’être dans les meilleures classes. 

Et puis, l’allemand serait une langue rauque. Alors qu’elle avait été pendant des siècles la langue des opéras, de la musique, de la musique classique.

Sa structure, sa logique même, nous sont très étrangères. Cette manière de construire les phrases, les mots à l’envers… De dire un et vingt, au lieu de vingt et un … Ou d’accoler des racines de mots pour former de nouveaux mots à rallonge. 

Comme ce mot le plus long, qui concerne la loi sur l’étiquetage de la viande bovine : “Rindfleischetikettierungsueberwachungsaufgabenuebertragungsgesetz”, qui d’ailleurs a été supprimé, les plaisanteries les plus courtes étant les meilleures. 

La langue et la culture allemandes ne sont que des exemples d’une ignorance beaucoup plus crasse : L’Allemagne est notre premier partenaire, jamais nos deux pays n’ont été autant liés, et pourtant…Jamais les allemands ne nous ont été aussi inconnus. 

Pas de haine, pire : pas d‘amour, ni d’intérêt.

Ce n’est pas vrai dans l’autre sens. 

Même si les allemands ont tendance à nous folkloriser, style béret basque et baguette sous le bras, beaucoup aiment notre pays, notre langue, notre mode de vie. Dans les affaires, ils admirent notre sens de l’improvisation, à défaut d’avoir comme eux le sens de la concertation et de l’organisation. 

Et ils sont souvent consternés lorsque sans crier gare on leur renvoie à la figure Hitler et les nazis. 

Les allemands aujourd’hui sont, dans leur immense majorité, très au courant et très conscients de ce qu’a été la faute de leur pays qui a commis sous Hitler les pires crimes que notre continent ait pu produire. 

Ils sont très conscients du danger du populisme, des dérives du nationalisme, de la fragilité de la démocratie.

C’est pour cela que les extrêmes n’y font pas de vieux os. 

On verra ce qui sortira des urnes, mais apparemment la poussée de l’extrême-droite a fait long feu. Dépassera-t-elle 10 % ? Quand on compare avec les scores du RN et autres chez nous, nous n’avons pas de leçon de démocratie à donner aux allemands. 

C’est même le contraire. 

Mais pour cela il faudrait que nos confrères et nos hommes politiques qui vont se répandre pour commenter les élections allemandes, prennent le temps de connaître l’Allemagne et de ne pas ressortir les mêmes clichés : Bismarck, Hitler, une Europe sous domination allemande…

Par exemple en apprenant le poème de l’enfance de Peter Handke : « Als das Kind Kind wahr, wusste es nicht, das es Kind war. ».

Où il est question d’innocence, de l’innocence de l’enfance que l’on perd en grandissant.


le Blogodo sur 
http://pierrethivolet.fr/lallemagne-cette-inconnue

vendredi 24 septembre 2021

Non, je n’ai pas regardé ! #melenchon #zemmour

 


Non, hier soir, je n’ai pas regardé.

Bien sûr, l’affiche était alléchante.

Vous vous rendez-compte : Réunis pour le dernier débat télévisé avant les élections allemandes : Olaf Scholz, Armin Laschet, Annalena Baerbock, Christian Lindner, Alice Weidel,Janine Wissler et Markus Söder. : Waou ! Du lourd, du lourd, du lourd ! 

Ces élections vont choisir la successeuseuse/eur de la chancelière Angela Merkel, et auront donc des conséquences aussi pour nous : qui sera notre colocataire européen pour les 5 ans qui viennent ?  

Pourtant, je n’ai pas regardé parce qu’un tel débat animé, non, pardon « modéré » comme on dit en allemand par Tina Hassel et Théo Koll, d’ARD et ZDF, s’annonçait aussi fun qu’un épisode de « Derrick » ou de « Un cas pour deux ».

Je plaisante. En fait, je n’ai pas regardé parce que je n’en attendais pas grand-chose : « Quand tout le monde parle, personne ne dit rien », résume l'hebdomadaire Der Spiegel. 

On ne sait toujours pas qui va gagner. Sans doute encore une fois, une coalition, peut-être même à 3. Une seule chose est sûre : Les extrêmes n’en feront pas partie et semblent même en baisse. 

Je n’ai pas non plus regardé le débat vert-vert. Jadot-Rousseau, Rousseau-Jadot. J’ai l’impression que les jeux sont déjà faits et que le gagnant sera …une gagnante. C’est ce qu’on dit en tout cas.

Je n’ai pas non plus regardé la très alléchante affiche proposée par France 2 : 2 heures avec Valérie Pécresse, à un moment, opposée à Gérald Darmanin. Du lourd, du lourd, du lourd. De quoi avoir envie de zapper sur ARD ou ZDF… 

Mais on me dit qu’il y a eu un autre débat. Sur une chaîne d’info. 

Je ne l’ai pas regardé non plus. J’ai résisté à la tentation du voyeurisme. Vous savez cette inclinaison qui nous pousse à ralentir sur l’autoroute quand il y a un accident. Tout en s’écriant « Oh ! c’est affreux, je ne veux pas regarder », on se délecte du sang qui coule ou des blessures ouvertes. 

Ce voyeurisme existe aussi en politique. Tout en disant : « Non, non, je ne veux pas regarder », la perspective de clashs sanglants nous fait lécher nos babines. Or, nul n’était besoin de regarder le show, plus que le débat, entre un histrion et un bateleur qui n’ont aucune chance d’être élus Président de la République. Le résultat en était connu d’avance. 

Chacun a convaincu ceux qui étaient déjà convaincus. 

 

 

mercredi 22 septembre 2021

Crise des sous-marins : Embrassons-nous Folleville !

 


Ainsi, la France et les États-Unis seraient au bord du nervous breakdown.

Pourtant, j’ai beau zapper : sur CNN ou sur la BBC, aucune trace de cette crise qui nous agite :  La crise des sous-marins.

Nos « amis » anglo-saxons parlent plutôt de l’ouverture de la 76 ème session de l'assemblée générale des Nations-Unies, des craintes suscitées par la presque faillite du géant de l’immobilier chinois ou de l’éruption du volcan aux Canaries. 

En ce qui concerne la France, rien. 

Ah ! si : La demi-prestation de Lionel Messi, au cours de la rencontre PSG-OL 

Pas un mot sur la mauvais humeur française suite au contrat de sous-marins perdu. Apparemment ni Boris Johnson, ni Joe Biden n’ont du mal à dormir.

Ce qui vu de chez nous est présenté comme une tempête, ne serait donc qu’une tempête dans un verre d’eau.

Ok, il n’est jamais très marrant de se voir rappeler que nous ne sommes plus la « Grande Nation ». Et puis il y avait du business à la clef et du boulot pour toute la filière construction navale en France. Ce monde économique est sans pitié. Mais est-ce vraiment nouveau ? 

En revanche, la crise dont le monde entier parle, c’est celle du gaz. Et il y a de quoi ne plus en dormir la nuit. 

En gros les prix du gaz ont triplé depuis le début de l’année et ça devrait continuer. Les stocks sont au plus bas. Et les politiques européennes de "verdissement" de la production d'électricité commencent à avoir des conséquences. Surtout quand le vent est un peu en panne, comme en Grande-Bretagne ce printemps, et que les éoliennes ont moins tourné.

On craint des blackouts en Grande-Bretagne, en Espagne ou en Italie. L’hiver sera rude en Europe s’alarme un des responsables d’Engie. 

Comme dans un vaudeville de Labiche, gageons donc que dans quelques jours la crise des sous-marins sera remplacée par « Chacun cherche son gaz en Russie ».

lundi 20 septembre 2021

L’ombre de Z …


Quand j’étais petit, et ça commence à dater, je n’étais pas spécialement attiré par les films d’horreur. Une fois qu’on a vu « Massacre à la tronçonneuse » ou « La nuit des morts vivants » finalement tous les films qui suivent n’inventent plus rien, juste un ou deux doigts d’hémoglobine en plus ou une surenchère dans les effets spéciaux…

À la télé, il y avait « Belphégor ». Pas le remake avec Sophie Marceau. Non, l’original avec Juliette Greco. Les scènes où l’héroïne innocente (forcément innocente) se couche alors que Belphégor avec son masque de momie la guette derrière un rideau, m’ont terrifié pendant des soirs. 

En dehors des films, il y avait les livres et les BD. Et Spirou, avant que l’adolescence ne nous plonge dans les mangas ou ne nous pousse vers Fluide glacial ou Hara Kiri, l’ancêtre de Charlie, mais en plus cul.

Spirou c’était Fantasio, le Marsupilami et Z…

« L’ombre de Z » était le livre qui faisait le plus peur. L’ombre de Z planait sur mon en-France. 

Est-il nécessaire de rajouter « l’infâme Z » ? Z est infâme, l’infâme Z est donc un pléonasme. 

La couverture du livre avait de quoi impressionner. 

On ne voyait pas Z mais son ombre gigantesque qui envahissait toute la couverture, menaçante, prête à bondir sur nos héros, tout petits dans le coin en bas à droite de la page, tournant le dos au danger. Mais heureusement il y avait le Marsupilami, le seul à rester totalement insensible à la zorglonde, ces ondes maléfiques qui tétanisent tout le monde. 

Je dois avoir quelque chose de Marsupilami. 

Toute référence à un personnage ou une situation d’aujourd’hui est totalement fortuite. 

C’est Zorglub qui me fait peur. Et personne d’autre. 

Parce que vous, vous pensiez à qui ?

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mercredi 31 mars 2021

Ouf ! Nous sommes passés à deux doigts d’un nouveau drame sanitaire.

 

Quel soulagement ! 

En plus du COVID - ou de la COVID, (le ou la, on s’en fout un peu, même si je sais que certains en font une affaire à rendre malades les immortels de l’Académie française) voilà qu’une nouvelle plaie nous menaçait, une plaie d’Egypte cette fois-ci : Nous allions manquer de papier Q. Pardon de papier WC. 

Et tout cela parce que le canal de Suez était bouché par un super porte-container mal embouché. Incroyable ! à l’heure de l’intelligence artificielle et des voitures autonomes, Evergreen (« Toujours vert », quelle ironie !) était allé bêtement s’échouer contre les sables du désert.

Et l’on découvre d’un coup, qu’un grain de sable pouvait enrayer notre formidable chaîne logistique mondiale. Un peu comme ce virus de rien du tout, ce corona machin qui nous pourrit la vie depuis un an. 

Trêve de plaisanteries, le canal de Suez est une artère vitale, surtout pour l’Europe. Sans le canal, nos voitures, nos masques, nos vêtements, nos jouets devraient contourner l’Afrique, un détour de plus de 9000 kilomètres, excusez du peu. Bonjour l’empreinte carbone !

Allions-nous nous ruer à nouveau sur les rayons de papier toilette pour constituer des stocks qui rejoindraient ceux de nouilles ? 

Allait-on manquer de moutons et de chèvres (comment ne pas être ému par ces images des pauvres bêtes enfermées côtes contre côtes sur les ponts du bateau) ? 

Y-aurait-il pénurie de thé ? de cacao, donc de cloches pour Pâques ? (Non ! parce que les cloches nous en avons déjà beaucoup chez nous par les temps qui courent ! ). 

Mais OUF ! Super tanker est enfin dégagé. 

Une bonne nouvelle pour les chèvres … et pour nos « fondements ». 

Oui, c’est comme ça qu’on dit pour parler poliment de cette partie de notre anatomie sur laquelle Paul Verlaine a écrit son poème « l’Idole », autrement dit son sonnet du …trou du cul : culture !

 

lundi 15 mars 2021

Covid19 : Une toute petite piquouze pour moi, un très grand pas pour l’humanité !


On ne va pas se mentir : la course au vaccin c’est un peu le bordel. 

Je fais partie des gens qui VEULENT se faire vacciner. 

Mais, il y a les prioritaires. Et - c’est peut-être tant mieux - on découvre assez vite, qu’on n’est pas assez ceci, trop cela. Bref qu’on n’est pas totalement éligible. 

D’un côté, c’est rassurant : de constater que l’on n’a pas trop de comorbidités. 

De l’autre, on se met à regretter qu’il n’y ait pas des doses attribuées aux volontaires.

On remonte la piste du médecin traitant : réponse, bof. 

Puis, la piste de celle qui a une amie qui a un ami qui s’est fait vacciner en accompagnant une personne qui se faisait vacciner, et qui a pu profiter de doses restantes et non attribuées en fin de journée de vaccination. Après vérification : beaucoup plus compliquée que prévue. 

Enfin, la piste du pharmacien. Puisque l’on annonce l’arrivée de doses dans les officines. 

Alors on va voir son pharmacien. Il a déjà reçu 10 doses. Peut-être parce qu’il est dans un quartier populaire (oui, mon quartier, ce n’est pas Neuilly, Auteuil, Passy, mais Château-Rouge, Goutte d’Or, Barbès). Il m’inscrit sur une liste d’attente. Ça se passera dans son officine dimanche. Le jour dit, on se pointe. Et là surprise : Sur 10 personnes inscrites, 6 font faux bond : « je ne sais pas » « je vais attendre un peu » « Avec tout ce qu’on raconte ».

Tant pis pour elles, hop, une petite piqure, pour être franc, je n’ai rien senti et eurêka, alléluia, c’est comme si on avait réussi son bac ou son permis de conduire : Libéré !

C’est peu de dire que le pharmacien et le médecin qui s’étaient mobilisés un dimanche pour vacciner, étaient un peu amers. Les 10 doses contenues dans un flacon doivent être utilisées dans les 2 jours. Sinon, c’est perdu. 

Et là, on se pince (ce qui fait plus mal que la piqûre du vaccin). 

Au lieu de s’émerveiller devant les formidables progrès de la science, ce qui ne peut que rendre optimiste pour l’avenir, au lieu de profiter de ce qui semble être LA solution pour un retour rapide à une vie normale, et qui en plus est gratuit, en tout cas, chez nous en France, on fait les fines bouches. « Je ne sais pas » « Je me tâte ».

On se fout à poil pour évoquer la situation du monde du spectacle fermé donc sinistré depuis un an (on devrait aussi parler de la situation des commerçants, des indépendants, des restaurateurs et hôteliers, etc…). Dommage qu’on n’en profite pas pour appeler à la vaccination. 

lundi 8 mars 2021

Meghan vs The Queen : C’est la guerre !

Meghan-Harry contre les Windsor: Quelle drame !


Finie la peur de la Covid ! Oublié le divorce de Lady Di ! Balayée la guerre des Deux-Roses. Aux oubliettes, Cromwell, la République (anglaise) et la décapitation à la hache du roi Charles 1er (Parce que ne l’oublions pas, les anglais ont coupé la tête à leur roi, un siècle avant les français : petit rappel à toutes celles et ceux qui ne voient dans la Révolution française que violences et crimes…). 

L’attaque a été menée depuis la perfide Amérique qui ne se remet toujours pas du divorce de Kim Kardashian et Kanye West … Rien à voir ? Tout à voir au contraire. 

Bien sûr, Meghan n’a ni les formes - certes très chirurgicales et siliconées - de Kim. Et Harry rappe moins bien que Kanye. Et pourtant c’est la même : On est là dans le nec plus ultra de la télé réalité. Le choc des comptes Instagram. 

Bref depuis ce week-end, il n’y en a que pour les Windsor. 

Que les media britanniques soient passionnés, après tout, cela les regarde, comme le fait de continuer à rouler du mauvais côté de la route (LOL) ! mais chez nous… On tartine, on tartine. Sur les plateaux des chaines infos, les spécialistes du gotha ont remplacé – provisoirement - les épidémiologistes. Radios et télés sont en direct depuis les grilles de Buckingham, où leurs envoyés spéciaux nous annoncent d’un ton grave : « Derrière moi, la guerre ! ».

Rassurez-moi : vous n’êtes pas tous et toutes, des lecteurs de Point-de-vue, « l’hebdomadaire de l’actualité heureuse » ? Vous n’avez pas tous chez vous un mug rapporté de Londres, à l’effigie de la reine ? Ah ! si ? 

Bon, alors oublions. 

Que Élisabeth et sa famille font partie des familles les plus riches du monde ; 

Qu’ils sont les plus grands propriétaires terriens de Londres et d’Angleterre ; 

Que leurs états d’âme – pauvre petite fille riche – sont très éloignés de nos soucis de fins de mois. 

Oublions, et saluons le coup médiatique : Combien de followers en plus sur leurs différents comptes internet ? 

En France l’équivalent, c’est le xième clash Booba – Kaaris, dont le monde se fout, mais qui fait les beaux jours actuels de Hanouna and co. On a les people qu’on peut !

 

 

jeudi 11 février 2021

Froid en hiver : Quand les médias découvrent le concept de températures « ressenties » !



On ne va pas se mentir : On se les gèle. Un bémol : « On « ce n’est pas toute la France. C’est la France au nord d’une ligne Bordeaux-Lyon. 500 kilomètres nous séparent et pourtant ce sont 15 à 20 degrés de différence. 

Donc au nord et à l’est, il fait froid. 

L’hiver, début février, ce n’est pas vraiment un scoop. Normalement, les media ne pourraient pas en faire des tonnes. 

C’est d’ailleurs ce qu’on apprend depuis toujours dans les écoles de journalisme. Un chien qui mord un évêque, ou pour laïciser cet exemple, un chien qui mord un journaliste, ce n’est pas une info. En revanche un journaliste qui mord un chien, ça c’est une info. 

Idem pour les températures. -7 à Strasbourg : Pas de quoi faire frémir les oreilles d’éléphant d’une coiffe traditionnelle alsacienne. Mais si on annonce : -17 ressenti, alors là, c’est le live garanti. Et l’on retrouve notre envoyé spécial en direct depuis Souffelweyersheim, engoncé dans une doudoune Northface ou Canadian Goose, expliquant d’un ton grave : « Derrière moi le froid », alors là c'est tout bon.

La température ressentie permet ainsi de faire passer un grand frisson, de peur. 

Être anxiogène semble être le principal rouage de l’info en continue, une roue infernale qui ne doit jamais cesser de tourner, sinon l’audience en pâtit. 

C’est aussi le principal défaut du tout info, car comme l’écrivait Montaigne, cité de multiples fois en ces temps de pandémie : « Ce dont j’ai le plus peur, c’est la peur », parce que la peur rend insensé et idiot.

 

 

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