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mercredi 14 avril 2010

Sur les rumeurs et la manière de leur faire écho: La bave du crapaud n’empêche pas la caravane de passer* (dixit les « Tontons flingueurs »)

Il paraît qu’à Pâques, les cloches reviennent de Rome, pour se remettre à carillonner après plusieurs jours de silence.

Eh ! bien cette année à en juger par le niveau des commentaires sur les rumeurs et autres buzz, il semble bien que les cloches ne soient jamais parties de chez nous.

Ding, ding, dong ! L’Elysée serait à la recherche du complot ourdi par les médias contre le couple présidentiel. Ding, ding, dong ! En fait, quelqu’un m’a dit que point de complot. Ding, ding, dong ! Il n’y a pas de fumée sans feu, donc ILS ont beau roucouler en premières, deuxièmes, troisièmes pages de tous nos magazines, ON n’y croit pas. A ce sujet, je vous conseille la lecture, non pardon, le feuilletage de « Point de vue», l’hebdomadaire de l’actualité heureuse, cela vous revigorera si vous êtes dans la salle d’attente de votre dentiste, de votre inspecteur des Impôts ou de votre « Pôle-emploi ». Ne ratez surtout pas les textes, rédigés par des journalistes orfèvres du deuxième ou troisième degré, ainsi, au sujet de notre couple présidentiel qui vivrait une « seconde lune de miel » : « Baisers, regards complices, jeux de mains : Nicolas et Carla ont multiplié les gestes tendres…. Comme s’ils étaient seuls au monde » Sic ! Le « hic » étant que Nicolas et Carla n’étaient pas seuls au monde, mais, en voyage officiel, devant les yeux et les objectifs de dizaines de journalistes.

Ding, ding, dong ! Mais les cloches ne sont pas forcément celles et ceux que l’on croit. Parce que, j’ai beau être un soupçon, un doigt, corporatiste, la chaîne d’erreurs et d’irresponsabilités qui a conduit à ces fameuses « rumeurs » sur le couple présidentiel, n’est pas à l’avantage des journalistes, et notamment des journalistes français, arrogants et complexés. Arrogants, parce que nous sommes toujours très donneurs de leçon et barricadés dans notre corporatisme. Mais complexés, parce que nous voulons démontrer que nous sommes « indépendants », que si « toute la presse est à la botte de Sarkozy, moi au moins je résiste ». Il est vrai qu’autrefois notre profession avait beaucoup péché et abusé de la brosse à reluire et des joies de la Cour. Correspondant de TF1 en Allemagne, pendant des années, j’ai été à chaque voyage officiel abasourdi par l‘incroyable indulgence et déférence de moults consœurs et confrères, pourtant par ailleurs de grand talent, à l’égard du monarque républicain de l’époque, François Mitterrand.

Mais revenons à nos cloches d’aujourd’hui et à cette « rumeur » de Pâques dernières.

Ding, ding, dong ! : Un papier anonyme sous-entendant qu’il y avait de l’eau dans le gaz entre les jeunes mariés présidentiels, est posté sur le blog personnel d’un journaliste, le tout est mis en ligne sur le site du Journal du Dimanche, tout cela est ensuite repris par un « tabloïd » britannique qui le pimente de photos et de gros titres, puis revient chez nous. Et là, ding, ding, dong ! Les cloches prennent leur envol : nous nous empressons de reprendre ces rumeurs devenues informations, mais en les pimentant d’une dose de dignité outragée, lourdement chargée à l’anti-sarkozysme primaire, « ON aurait voulu étouffer l’affaire, les patrons de presse sont les copains de Sarkozy » « Heureusement qu’il y a la presse européenne qui, elle, ose parler des dessous de Sarkozy »… En filigranne , il y a toujours, cette rengaine subtile d’il y a 3 ans : « Sarkozy= nazi », « Sarkozy = monarchie »,

Dans notre obsession à montrer que nous sommes indépendants, dans notre empressement à montrer que nous les sommes les premiers sur l’infos et que les journalistes « traditionnels » ne sont pas en retard par rapport au bruit du net, nous en arrivons à ne plus respecter les fondamentaux de notre métier : sourcer, vérifier, remettre en perspective etc… Et, pan ! sur le bec, comme dirait le Canard enchaîné, quand il publie une information erronée, ce qui lui arrive forcément de temps en temps puisque sa spécificité a été de tout temps de travailler avec des informateurs, qui en raison des postes qu’ils occupent, ne peuvent être cités.

Des conneries donc que tout ça ! Surtout au moment où se posent de vraies questions qui mériteraient de vrais débats : La France est-elle en train de rater le train de la reprise. Retraites : Tous d’accord pour faire quelque chose, mais pas moi ! Afghanistan : On fait comme Obama, ou pas ? etc…

Et pour citer ce miel pour l’esprit que sont les films de Michel Audiard, «Les cons, ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît !»

A l’heure du net et de Sarkozy, Michel Audiard reste indémodable, et merci à France télévisions d’avoir rediffusé « Les Tontons flingueurs » au moment où sonnaient les cloches de Pâques.

Nous vivons une e-poque formidable !

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