La ministre des Droits des femmes œuvre pour faire
progresser l’égalité homme-femme et c’est très bien ainsi, et il y a encore
fort à faire.
Prenez la représentation politique. Il a fallu et il faut
des lois pour que nos partis politiques présentent autant de femmes que
d’hommes. Les arguments du style : « Mais il n’y a pas suffisamment de femmes souhaitant s’investir en
politique » ont été trop longtemps de mauvaises excuses à des hommes
installés dans des fauteuils qu’il ne veulent laisser ni à des femmes, ni à des
jeunes, ni à personne d’autre.
Mais la loi peut-elle et doit-elle tout régler ? En
Espagne, par exemple, les femmes représentent 40 % des députés et la moitié des
ministres, et cela, sans loi sur les quotas !
Et jusqu’où doit-on aller ? Dans la langue, par
exemple : Quand nous disons les « Hommes », pour parler de
l’ensemble des femmes et des hommes, cela signifie-t-il que nous sommes
sexistes ? Et que dire, alors ? L’Allemagne qui dans beaucoup de
domaines est plus en « avance » que nous ( beaucoup plus
d’élues, et une chancelière !) a expérimenté la dé-sexisation de la
langue. Un quotidien de Berlin depuis trente ans a pris le parti de féminiser
tous les mots qui au masculin sont des mots génériques, des noms de métiers.
Par exemple, pour parler des bouchers , le TAZ de Berlin écrit
« bouchères », pour parler des médecins « les médecines »
etc… Et pourtant, peu de femmes
allemandes accèdent à des postes de responsabilité, à moins de faire un trait
sur la maternité et une famille avec un ou plusieurs enfants. Contrairement à
la situation chez nous, où même si les femmes sont encore trop rares dans les
plus hautes fonctions, elles sont plus nombreuses qu’en Allemagne, et que dans
la plupart des pays du monde, à travailler. Hidalgo a 3 enfants et NKM 2, la
chancelière Merkel, zéro.
Ce ne sont pas des lois sur le sexisme qui font la
différence, ni parce les petites françaises ont plus joué aux camionneurs qu’à
la poupée mais parce qu’il existe chez nous et depuis très longtemps, un
ensemble de dispositions financières, un réseau de crèches, de garderies,
d’aides au famille qui permettent plus qu’ailleurs aux parents de ne pas choisir
entre carrière et enfants. Le partage des taches ménagères et parentales est
sans doute encore trop déséquilibré, mais notre société change sans attendre
les lois. Le succès grand public du film de Guillaume Gallienne « Les garçons et Guillaume à
table » qui montre un garçon qui aime porter la jupe et jouer à la
poupée, tout en étant hétérosexuel, en est une belle démonstration. Une telle œuvre
fait sans doute plus pour la tolérance et la réflexion des parents que dix lois
Vallaud-Belkacem. « Il faut du temps
pour passer du possible au pensable » déclarait l’anthropologue Françoise
Héritier dans un entretien récent(*).
Nous vivons une e-poque formidable !
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(*) l’Humanité ( « Rien
de ce qui nous paraît naturel n’est naturel» ).
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