C’est un genre qu’ils se donnent: Sans doute pour faire du
« buzz », les rappeurs se « clashent »
sur internet. Oh! Rien de très nouveau: On est dans le registre : J’en ai un plus grosse que toi. Je pisse
plus loin que toi ! Viens-là si t’es un homme. T’as pas les couilles de le
faire, etc.… et les « followers » de tous ces rappeurs de compter
les points (les poings ?).
Un des ressorts de la création dans le rap est la « battle », la bataille entre deux chanteurs, deux bandes
qui s’affrontent par leurs textes, où les coups de poings sont remplacés par
des coups de rimes plus ou moins inspirées. Ca donne parfois, n’en déplaise à l’inculte Eric Zemmour,
des créations incroyables, des jeux avec les textes d’une grande richesse. Les
maîtres en ce domaine, les rappeurs américains, ont parfois des phrases d’une
telle complexité qu’il ne suffit pas de (bien) parler l’anglais pour comprendre
toutes les allusions et les références. Comme Kaynee West par exemple, qui même s’il a un peu pété les plombs
aujourd’hui, est un créateur inspiré et cultivé. Comme lorsqu’il chante » I see blood on the leaves »,
« je vois du sang couler sur les feuilles des arbres », il fait
référence au Ku Klux Klan qui pendait des noirs sur des arbres à l’entrée des
villages et à la chanson de Nina Simone, en 1965 : « De bien étranges fruits ». Ou
lorsqu’il parle de sa mère qui lavait des vêtements qu’elle ne pouvait porter
car ils étaient pour les blancs. Ou encore lorsqu’il rappelle « My momma was raised in a era when, clean
water was only served to the fairer skin », qu’elle n’avait pas le
droit de boire de l’eau pure, qui, jusque dans les années 1960, dans certains
Etats du Sud, était réservée aux
blancs[1].
Mais beaucoup d’autres textes sont plus
« bourrins », genre : » J’en
ai une grosse » et quand aux femmes, c’est toujours : «Je sors avec ma pute », etc…
Le problème n’est pas la grossièreté. Après tout, « Fernande »
de Brassens, le « Zizi » de Perret, etc.… appellent un chat un chat. On
peu citer encore Arthur Rimbaud, et son fameux « Sonnet du trou du cul » :
« Obscur et froncé comme un œillet
violet. Il respire, humblement tapi parmi la mousse. Humide encor d'amour qui
suit la fuite douce »
Le problème est lorsqu’il ne reste que cela. « Se tenir
en permanence les couilles en chantant « wesh, wesh », en multipliant
les insultes, parfois les appels au meurtre, comme donc, depuis quelques jours
entre les 2 rappeurs : « Je
boirais ton sang » dit Kaaris à son ancien pote Booba, et il continue,
très subtil : « Continue
à ouvrir ton cul, espèce de salope ! Il va être tellement large, tu
vas voir ce que je vais rentrer dedans ! Ton clavier, ton ordi, tes
jouets pour enfants, ta poussette, tout ! Je vais te briser en deux, putain ! «.
Pourquoi cette obsession de la sodomie ? Pourquoi les filles sont toutes
des putes ?
Au lieu de s’inquiéter du formatage garçons en bleu – filles
en rose, à l’école, nos dirigeants feraient mieux de s’attaquer au machisme et
aux préjugés, là où ils sont : Car ces clashs ont plus d’influence sur les
« djeuns » que n’importe quelle déclaration de Najat Vallaud-Belkacem.
Le combat, il est dans les locaux poubelles, là où en 2012,
Sohane fût brûlée vive, à Vitry-sur-Seine, parce qu’elle était quoi ? Une « bitch », une pute ? , Non une jeune fille de notre temps.
Les clashs entre Booba, Kaaris and co sont donc loin d’être anecdotiques.
Nous vivons une e-poque formidable.
Heureusement, il y en a qui ont de l’humour, comme Waly Dia
dans cette parodie
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