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dimanche 6 mai 2018

On vote au Liban, tiens-donc !

Le Liban paraît bien fragile au milieu d'une région si ensanglantée.

Les libanais votent pour élire leurs députés. C’est la première fois depuis 9 ans et en soi, c’est donc une bonne nouvelle. 
Les libanais votent, malgré tout, malgré la guerre en Syrie, le million de réfugiés syriens qui sont un fardeau terrible pour leur petit pays, malgré les pressions, malgré les manœuvres des toutes les grandes puissances de la région et d’ailleurs. De l’Iran à l’Arabie Saoudite en passant par la Turquie et Israël, chacun y avance ses pions, y finance ses réseaux, y achète ses alliés. Malgré tout, le Liban fait figure d’exception « démocratique » dans le monde arabe. 
Bien sûr, il faut mettre démocratie entre beaucoup de parenthèses. Si l’on sait depuis le général De Gaulle que l’Orient est compliqué, alors le Liban tient le pompon. 
La proportionnelle a été en effet introduite pour ces nouvelles élections, mais en maintenant des quotas par confessions. Et au Liban, il n’y a pas de division binaire chrétiens ou musulmans, mais des maronites, des orthodoxes, des melkites, des arméniens, des catholiques, des druzes, des sunnites, des chiites, la liste n’est pas complète. On compte officiellement 18 confessions ! Aucun groupe n’étant clairement majoritaire, chacun cherche à attirer à lui des alliés venant d’autres confessions. Et pour attirer, le nerf de la guerre c’est l’argent, et l’argent c’est souvent la corruption. Et sur ce plan peu de chances que cela change, car tout le monde participe au système, chaque confession a intérêt au maintien de ce système qui conforte ses revenus, son pouvoir. 
Au sortir de la terrible guerre civile, certains, sans doute une majorité de libanais, voulaient dé-confessionnaliser le Liban, en instituant un état-civil sans mention de religion, en instituant un mariage civil, un échec jusqu’à présent, tout ce qui relève du statut personnel - mariage, divorce ou héritage - reste du ressort des autorités religieuses propres à chaque communauté. Une exception : Les mariages célébrés à l’étranger, et notamment à Chypre, qui sont ensuite reconnus par les autorités libanaises. En théorie, car dans les faits, les confessions s’y opposent. 
Bien sûr, il y a un acteur sur la scène libanaise qui prend de plus en plus de place et qui inquiète bien au-delà des frontières libanaises : Le Hezbollah, chiite, « allié » de l’Iran, certains diront, bras armé de Téhéran, ses milices combattent en Syrie pour défendre le régime du Président Assad. Son score, ses alliances futures vont être observés avec attention, à quelques kilomètres plus au Sud, en Israël. A quelques centaines de kilomètres plus au Sud en Arabie Saoudite. Et là cela devient vraiment très compliqué. 
Et en attendant le Liban va continuer à vivre cahin-caha avec une économie schizophrène, quelques très riches, beaucoup de très pauvres, qui dépend beaucoup des transferts des quelques 12 millions de libanais vivant dans le monde entier. 
Et Beyrouth continuera à faire la fête pour oublier qu’elle danse en permanence au bord du précipice. Et au bout de la nuit, attendre l’aube en écoutant Fairuz chanter لبيروت Li Beirut, à Beyrouth
un salut de mon cœur, à Beyrouth,
et des baisers à la mer et aux maisons,
à un rocher qui ressemble au visage d'un ancien marin
Elle est, de l'âme du peuple, du vin ; 
Elle est, de sa sueur, pain et jasmin
Mais comment est devenu son goût... un goût de feu et de fumée...


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