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lundi 10 mai 2010

BETTERAVES ROUGES ET CHOUX DE BRUXELLES… Les potions qui nous attendent vont être dures à avaler, mais tout dépend aussi du talent du chef !

Je mange de tout. On m’a élevé à ne pas faire le difficile devant de la nourriture quelqu’elle soit, à finir mon assiette pour le principe, sinon ce serait gâcher… Malgré tout, je déteste les betteraves rouges. Vraiment. Je les fuis même, non seulement à cause de leur goût infect et de leur texture écœurante, mais encore plus pour leur couleur et cette propension qu’elles ont à « polluer » toute une assiette, à colorer toute une salade. Bref, la betterave rouge ne passera pas par moi. Cela fait partie en quelque sorte de ma « tradition » nationale, de ma culture à moi, et ce n’est ni la crise, ni l’évolution démographique, ni les appels à la raison, qui me feront changer.

C’est ce que je croyais jusqu’au week-end dernier. Jusqu’à ce dîner où une soupe froide de betteraves rouges me mit dans une telle extase, que j’étais proche de l’épectase.

Evidemment cela était dû au seul talent culinaire de mon hôtesse, à cette recette où toutes les saveurs étaient équilibrées, où l’amertume de la betterave rouge était contrebalancée par l’acidité sucrée d’une pomme, la douceur de la crème fraiche et des petites touches, d’épice, sel pimenté et coriandre fraîche. C’était tellement fin que cela se mangeait sans faim (sans fin (LOL !).

Bien sûr, vous me voyiez venir, et comparer les régimes d’austérité et de changements budgétaires qui nous attendent avec les betteraves rouges, vous semblent indécent. Et pourtant. Derrière les arguments de tous ceux qui disent : « il ne faut toucher à rien ». « Ce n’est pas dans notre tradition», se cache, non pas des idées progressistes, de gauche, « rouges », mais un profond conservatisme.

Ainsi « Touche pas à nos collectivités territoriales », parce que « communes, départements appartiennent à notre tradition ». Certes, mais pendant 1500 ans, avant la Révolution, ce n’était pas le cas. Et nous avons bien changé.

« Touche pas à ma retraite à 60 ans ». Certes, mais ces « acquis sociaux » avaient été mis en place à une époque où l’on ne vivait que 60 ans, ou à peine plus.

« L’Europe, l’Euro, sources de tous nos malheurs ? » Notre conscience « nationale » a un peu oublié toutes ces crises où les « marchés » jouaient le Deutschmark contre le Franc, où après une « dévaluation compétitive », qui donnait pendant quelques mois une bouffée d’oxygène à notre économie, suivait une hausse de l’inflation, parfois au-dessus de 10 %, ce qui paraîtrait aujourd’hui totalement insupportable ! Et ce qui gommait les hausses de salaire, mais tout en donnant l’illusion que les salaires augmentaient !

Certains se souviennent des « réformes sociales » de 1981 avec des trémolos dans la voix, en oubliant que la catastrophe qui suivit, conduisit au changement radical de politique de 1983, avec une baisse du pouvoir d’achat des plus modestes, et un encouragement cynique à faire « du fric » à l’image d’un Bernard Tapie, érigé en icône de le réussite sociale.

Il va donc nous falloir manger notre soupe à l’austérité et aux « réformes » de nos « acquis sociaux » Mais, comme pour les betteraves rouges, tout dépendra du talent du cuisinier ou de la cuisinière. Du dosage subtil qui permettra de gommer l’amertume de la recette de base, et la relèvera avec une poignée de justice sociale. C’est peut-être là-dessus qu’il faudrait se battre et débattre, et non pas sur le fait que tout doit rester comme avant, ad vitam aeternam.

Après les betteraves rouges, je me demande maintenant si je ne suis pas prêt, à surmonter mon autre aversion, celle pour les choux de Bruxelles.

Certes ce n’est pas la saison, mais là aussi, à partir du moment où l’on a faim, tout n’est-il pas affaire de recette, et de tour de main du chef… Et là, brusquement, vous vous dîtes, aie ! dans ce cas-là, nous sommes mal barrés.

Nous vivons une e-poque formidable !

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