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dimanche 28 novembre 2010

Elections en Haïti : Titide, Tontons, Chantoutou et Ti-Saintanise…

Ainsi, aujourd’hui, les Haïtiens votent. Haïti vote : Mesure-t-on assez ce que cela a d’extraordinaire ? Avons-nous vraiment conscience de ce que cela suppose d’efforts, de sacrifices, de courage, de rêves, de rêves démocratiques de la part des millions d’haïtiens qui n’ont même plus de toit sur la tête, qui n’ont plus que « des haillons pour draps, que des fatras pour vêtements, avec les côtes qu’on peut compter sous les vêtements, avec des jambes aussi maigres que des baguettes « bléguédé » et les cheveux, qui faute de peigne, sont tellement emmêlés qu’on dirait des niches de poules frisées ». Des « Ti Saintanise » comme les décrivait déjà il y a 25 ans le conteur et écrivain Maurice Sixto(*).
Ti-Saintanise, placée par ses parents paysans trop pauvres pour nourrir un x-ième enfant, auprès de « bourgeois » de la ville, dans l’espoir fou qu’ils lui donneraient une éducation contre un peu de ménage… alors qu’elle est exploitée, surexploitée comme la dernière des esclaves, mise au service de Chantoutou, la fille de la famille. Chantoutou qui, elle, a droit à un réveil en douceur, par sa maman qui lui apporte « des rubans double face pour faire une belle coiffure », « un bon bol d’avoine gragé » comme petit déjeuner et « une pomme pour aller à l’école», alors que Ti- Saintanise, la « vermine », la « riseuse », la « receleuse » n’a droit qu’aux restes et aux ordures.


Les Haïtiens aujourd’hui sont tous des « Ti Saintanise » et leurs «élites » politiques appartiennent presque toutes et tous à la classe des Chantoutou. Ils boivent de l’eau en bouteille, ont un pied à Miami, l’autre à Pétionville, Furcy ou Kenscoff, ces montagnes boisées où l’air est frais et loin au-dessus des miasmes de Port-au-Prince, cloaque pestilentiel.


Qu’importe la ou le gagnant des élections : Depuis 25 ans, les Haïtiens ont d’abord été massacrés à grande rafale de kalachnikovs ou découpés à la machette, dans les bureaux de vote où ils s'étaient rendus pacifiquement et en masse pour les premières élections libres après la dictature des Duvalier, par des anciens «tontons macoutes» recyclés en hommes de main sans foi ni loi, prêts à tout pour une poignée de dollars.
Puis ils ont été menés en bateau par des juntes militaires qui ont vendu le pays aux mafias de toute sorte.
Puis, ils ont été trompés par « Titide », Aristide, prêtre charismatique, mais qui une fois élu Président a sombré dans la mégalomanie, sans que l’on sache vraiment s’il portait cette dérive en lui ou si cela a été le résultat de toutes ces tentatives de coups d’état, l’exil, les humiliations qu’il dût endurer pendant ses mandats présidentiels…
Et puis, les cyclones, le tremblement de terre, le choléra…
Alors, que malgré tout cela, les Haïtiens continuent à croire à la liberté, à la démocratie, à la possibilité de librement choisir leurs dirigeants, c’est tout simplement stupéfiant.
Et cela devrait servir de leçon à tous ceux qui chez nous sont un peu « mous du genou » quand il s’agit d’aller voter, ou qui pensent que démocratie et droits de l’homme sont un luxe réservé aux pays où l’on ne meurt pas de faim.
Nous vivons une e-poque formidable

(*) Maurice Sixto : Ti-Saintanise :
sur Youtube : http://www.youtube.com/watch?v=NnUW6tQVCVE
Foyer Maurice Sixto : http://www.foyermauricesixto.org/

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