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jeudi 23 décembre 2010

300 petits haïtiens : Et moi, et moi, et moi !



Un deuxième avion affrété par le Ministère des affaires étrangères ramène d’Haïti plusieurs centaines d’enfants adoptés par des familles françaises.


On ne peut que se réjouir. D’abord pour ces enfants qui, évidemment, même en vivant à Stains, à Grigny, aux Minguettes ou dans les quartiers Nord, auront une vie infiniment meilleure qu’au milieu des ruines et des fatras de leur pays. Mais également pour toutes ces familles pour lesquelles le désir d’enfants a pris la forme d’un véritable chemin de croix, de longues et difficiles démarches, des années d’attente, qui rendent incontestable l’amour avec lequel elles vont accueillir ces petites filles et ces petits garçons.


Mais au risque de paraître insensible, ce n’est peut-être pas la peine de trop en faire: Ces envoyés spéciaux à Roissy, ces interviews un peu niais d’enfants qui, hier étaient à Canapé Vert ou Cité soleil et qui 24 heures plus tard se retrouvent abasourdis au milieu de la neige, des lumières, des escalators de Roissy, sous les spots des caméras, ces caméras justement qui guettent les larmes de telle mère ou tel père adoptifs, et puis ces commentaires acerbes à l’égard d’un Bernard Kouchner qui aurait « bloqué » ces adoptions en souffrance.


Je ne peux m’empêcher de penser à toutes celles et ceux qui souffrent sous les tentes du Champ de Mars de Port-au-Prince et pour lesquels la solution n’est pas l’adoption.


L’adoption est une solution pour nous, européens ou américains du nord, qui ne pouvons avoir d’enfants, et cela encore une fois est un acte d’amour tout à fait respectable. Mais nos sociétés ne peuvent se contenter de cela dans une attitude d’ égoïsme suprême.


Et je ne peux m’empêcher de demander à Francetélé, I-télé, bfm-tv i tutti quanti : Ca vous a coûté combien tous ces reportages ? Que faîtes-vous pendant ce temps pour aider toutes celles et ceux(1) qui en Haïti se battent pour faire vivre, pour vêtir, pour nourrir, pour scolariser, non pas des centaines, mais des milliers, des dizaines, des centaines de milliers d’enfants haïtiens ?


Pour un groupe de presse (Radio France) qui a envoyé des techniciens et de l’argent pour aider des radios haïtiennes à reconstruire un studio, combien se contentent d’aller recueillir les larmes de Roissy ?


Pour un Florent Malouda qui au retour de la Coupe du Monde est allé en Haïti pour aider une association d’aide à l’enfance, combien se contentent d’aller manifester devant la boutique Guerlain sur les Champs-Elysées aux cris de: Je ne me parfumerai plus à « Shalimar » ou « Vol de nuit » ?


Et puis, qu’y avait-il de scandaleux à ce que les Affaires étrangères françaises ne précipitent pas ces adoptions engagées au moment du tremblement de terre, et cela afin d’éviter encore pire : Des magouilles, des vols, des rapts, des trafics ou des ventes d’enfants dans un pays, sans Etat, sans contrôle, soumis à la violence de bandes « sans foi ni loi » ?


Au moment de Noël, le long des rues de Port-au-Prince, les enfants fabriquent des sortes de grands lampions représentant une chapelle, une maison. Ils les fabriquent à partir de rien, de feuilles de papier sulfurisé, de déchets glanés ici et là, et à la nuit tombée, ces lampions de la misère donnent un aspect féérique aux avenues plongées dans l’obscurité faute d’électricité…


C’est sur ces enfants-là que devraient se braquer les spots des caméras de Roissy !


Nous vivons une e-poque formidable !

 
(1)Enfants-bonheur, de Jacqueline Bonheur :


Une association implantée depuis des dizaines d’années en Haïti :http://www.enfants-bonheur.org/

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