Les périssoires, Gustave Caillebotte (coll. P.Mellon) |
Ces derniers jours, on se serait crus au printemps. Remarquez on y est au printemps. Mais ce soleil, cette douceur, la sève qui monte, les bourgeons qui éclatent (ne pas oublier de prendre mon antihistaminique), cela donne envie de picnics sur l’herbe (c’est fait), de footings matinaux (à venir), de pêches à la ligne.
Fouiller dans le terreau ou le fumier à la recherche du ver de terre, embrocher le ver encore vivant sur l’hameçon (n'y voyez aucune allusion politique...) jeter sa ligne d’un geste ferme et néanmoins gracieux et puis attendre dans le calme, attendre, cool, zen, tout en surveillant quand même d’un œil le flotteur, tel le chat guettant la souris.
Précision: Je ne suis pas vraiment pêcheur ; en tout cas à la ligne (LOL !). Même si j’ai souvenir de belles journées passées au bord des gours du Jura (Franche-Comté) ou sur les rives de la Comté (Guyane). Et puis cela me fait penser à un de ces tableaux de l’impressionniste Caillebotte («Les périssoires»), c’était le bon temps, c’était la France heureuse, nous dominions le monde, les enfants travaillaient dans les mines, Lyautey et Bugeaud faisaient des razzias en Afrique du Nord, et les sénégalais n’étaient que tirailleurs (et pas ministre des Droits de l’Homme). Passons.
Mais, débrancher, ne serait-ce que le temps d’une soirée électorale, pour retrouver les fondamentaux, ça c’est le pied.
Hou ! honte sur toi, mauvais citoyen qui préfère ainsi la pêche à la ligne à la pêche aux voix (facile…).
Mille excuses, messeigneurs commentateurs et commentatrices «politiques» qui nous gonflez avec vos soirées spéciales élections, style : «on se prépare pour le grand show 2012 ». D’abord la moitié des cantons n’étaient pas concernés par ces élections, auxquels s’ajoute Paris, où il n’y a pas de canton… Et puis, même si nos ancêtres les révolutionnaires ont infiniment de mérite, cet empilement de structures, de circonscriptions, auquel on a rajouté d’autres empilements, d’autres collectivités, sans jamais avoir eu le courage de simplifier nos structures datant de .. 1791, ça ne pousse pas l’électeur vers les urnes. « 1 vote : Oui; 2 votes: ça va ; 3 votes : Bonjour les dégâts ! »
Heureusement que tout cela est fini, adieu les cantonales à l’ancienne. Vivement 2014 et le grand pot commun : canton, département, région: les conseillers territoriaux.
Tiens, ça mord. Le flotteur s’enfonce. Voyons ce que j’ai au bout de ma ligne…: Hou là ! Un taux de croissance calamiteux, des chômeurs longue durée, des seniors sur la touche, des jeunes sans emploi, des entreprises qui n’embauchent pas, des déficits qui plongent: Je ne vais pas arriver à remonter ma prise, c’est trop lourd ! Alors courage fuyons, débattons de l’immigration et de l’identité nationale, dont tout le monde sait bien, au fond, que ce n’est pas cela qui plombe nos performances économiques et que sur ce point, comme sur beaucoup d’autres, la vague « bleu Marine » n’apporte aucune solution.
Mais plutôt que de regarder la réalité et d’affronter les réformes qui fâchent, profitons de ces dernières fuites hors de notre siècle. L’autruche, c’est sud-africain. La pêche à la ligne, c’est bien de chez nous !
Nous vivons une e-poque formidable.
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