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vendredi 9 décembre 2011

Bar à tapas…Tapes au faciès ?


J’ai été témoin d’une bien curieuse histoire que je m’en vais vous conter car elle m’en a retourné l’estomac …
Il était une fois dans une petite rue d’un quartier à la mode du centre de Paris - le Marais entre l’Eglise Saint-Paul et la Place des Vosges - un petit restaurant qui périclitait. Puis ses lumières s’éteignirent et il mourut. Devanture fermée. Porte condamnée.
Et puis le printemps dernier, comme une montée de sève printanière ou mieux un coup de baguette magique :Voilà qu’on s’agite, qu’on repeint, qu’on rafraichit, qu’on relooke… Yes ! Un bar à tapas ouvre ses portes, ce qui n’a rien de très original dans ce quartier branchouille, mais tenu par un type sympa, chaleureux, et ça, ça fait toute la différence.
Ainsi donc, nous, travailleurs et travailleuses du voisinage, avons pris l’habitude d’y venir boire un verre autour d’une assiette de tapas, voire même d’y manger un plat.
Le type sympa et chaleureux, le patron, celui qui a réveillé cet ancien restau n’est pas né avec une cuillère en argent dans la bouche, il n’est pas le fils de … ni l’amant de … et n’a pas passé son enfance à tisser des liens avec de « bonnes relations » (sociales s’entend). Il ne connaît personne à la Mairie de Paris, ne paye pas des pots aux policiers du quartier. Il vient de Grenoble, pardon de Voiron, dans les terres froides, ceux qui connaissent, compatiront. Enfin, bref, c’est un dauphinois  monté à Paris. On imagine donc quel a pu être son parcours, un parcours méritant, semé d’embuches, d’autorisations, de licences IV ou V, de contrôles, de réglementations, d’URSSAF et d’impôts… et on se doute que cette histoire ne va pas être un conte de fées !
Vint d’abord le succès. Et avec le succès, la jalousie… et les plaintes: D’abord cet été, celles de certains voisins: « Des clients en terrasse faisaient du bruit après 10 heures ». On comprend les voisins: Ils avaient choisi ce quartier, le Marais, pour vivre au calme, autant qu’à Neuilly-Auteuil-Passy, un quartier aussi calme qu’un cimetière. Un calme éternel ! Et un bar à tapa, c’est forcément plus bruyant qu’un magasin de fringues ou qu’une succursale de banque.
Puis ce fût l’hygiène. Puis l’autre soir, la répression des fraudes, sous la forme de deux officiers faisant des heures sup, avant leurs RTT.
Venant en civil établir le flagrant « délit » : Le délit ? Certains clients consommaient sans manger. C’est vrai que c’est pas bien, c’est pas réglo. C’est vrai aussi qu’on voit mal le patron qui vient d’ouvrir son bar à tapas, qui est étranglé à la banque, et qui joue sa vie sur ce coup-là, dire aux consommateurs : « Tu manges ou tu te casses, pov con ! ».
Alors, en cascade, c’est: Amende, menaces de fermeture, convocation au poste, obligation d’acheter une licence IV  ou V (entre 12 000 et 15 000 €).
Bien sûr, c’est la loi, ce sont les décrets. Mais tout est dans l’application de ces lois.
Dans une période où l’on déplore que les petites entreprises aient tant de mal. Où l’on s’inquiète d’une jeunesse qui ne serait capable que de trafics, d’économie parallèle et de « black », ce genre de sévérité ne fait que leur mettre la tête sous l’eau, et bien profond.
Il en a pleuré le patron sympa. Et nous tous aussi, atterrés, désemparés, parce que nous ne connaissons personne, nous ne savions pas quoi faire, quoi conseiller, comment aider.  C’est rageant vraiment.
Alors si quelqu’un connaît quelqu’un… Peut faire quelque chose… peut conseiller. Ceci est une bouteille jetée à la mer des tracasseries administratives, grande spécialité française.
Nous vivons une e-poque formidable.
PS : Ah ! oui, au fait:  Le patron sympa, le dauphinois des terres froides, il est « issu de la diversité » comme on dit, il est « noir »… Mais ceci n’a certainement rien à voir avec ce qui lui arrive. Non rien. Impossible ! Vraiment ? Rien à voir ? Je dois avoir l’esprit mal tourné.

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