J’ai été témoin d’une bien curieuse histoire que je m’en
vais vous conter car elle m’en a retourné l’estomac …
Il était
une fois dans une petite rue d’un quartier à la mode du centre de Paris - le
Marais entre l’Eglise Saint-Paul et la Place des Vosges - un petit restaurant
qui périclitait. Puis ses lumières s’éteignirent et il mourut. Devanture
fermée. Porte condamnée.
Et puis
le printemps dernier, comme une montée de sève printanière ou mieux un coup de
baguette magique :Voilà qu’on s’agite, qu’on repeint, qu’on rafraichit,
qu’on relooke… Yes ! Un bar à tapas ouvre ses portes, ce qui n’a rien de
très original dans ce quartier branchouille, mais tenu par un type sympa,
chaleureux, et ça, ça fait toute la différence.
Ainsi
donc, nous, travailleurs et travailleuses du voisinage, avons pris l’habitude
d’y venir boire un verre autour d’une assiette de tapas, voire même d’y manger
un plat.
Le type
sympa et chaleureux, le patron, celui qui a réveillé cet ancien restau n’est
pas né avec une cuillère en argent dans la bouche, il n’est pas le fils de … ni
l’amant de … et n’a pas passé son enfance à tisser des liens avec de
« bonnes relations » (sociales s’entend). Il ne connaît personne à la
Mairie de Paris, ne paye pas des pots aux policiers du quartier. Il vient de
Grenoble, pardon de Voiron, dans les terres froides, ceux qui connaissent,
compatiront. Enfin, bref, c’est un dauphinois monté à Paris. On imagine donc quel a pu être son parcours,
un parcours méritant, semé d’embuches, d’autorisations, de licences IV ou V, de
contrôles, de réglementations, d’URSSAF et d’impôts… et on se doute que cette
histoire ne va pas être un conte de fées !
Vint d’abord
le succès. Et avec le succès, la jalousie… et les plaintes: D’abord cet été,
celles de certains voisins: « Des clients en terrasse faisaient du bruit
après 10 heures ». On comprend les voisins: Ils avaient choisi ce
quartier, le Marais, pour vivre au calme, autant qu’à Neuilly-Auteuil-Passy, un
quartier aussi calme qu’un cimetière. Un calme éternel ! Et un bar à tapa,
c’est forcément plus bruyant qu’un magasin de fringues ou qu’une succursale de
banque.
Puis ce
fût l’hygiène. Puis l’autre soir, la répression des fraudes, sous la forme de
deux officiers faisant des heures sup, avant leurs RTT.
Venant
en civil établir le flagrant « délit » : Le délit ?
Certains clients consommaient sans
manger. C’est vrai que c’est pas bien, c’est pas réglo. C’est vrai aussi qu’on
voit mal le patron qui vient d’ouvrir son bar à tapas, qui est étranglé à la
banque, et qui joue sa vie sur ce coup-là, dire aux consommateurs :
« Tu manges ou tu te casses, pov con ! ».
Alors,
en cascade, c’est: Amende, menaces de fermeture, convocation au poste,
obligation d’acheter une licence IV
ou V (entre 12 000 et 15 000 €).
Bien
sûr, c’est la loi, ce sont les décrets. Mais tout est dans l’application de ces
lois.
Dans une
période où l’on déplore que les petites entreprises aient tant de mal. Où l’on
s’inquiète d’une jeunesse qui ne serait capable que de trafics, d’économie
parallèle et de « black », ce genre de sévérité ne fait que leur
mettre la tête sous l’eau, et bien profond.
Il en a pleuré le patron sympa. Et nous tous aussi,
atterrés, désemparés, parce que nous ne connaissons personne, nous ne savions
pas quoi faire, quoi conseiller, comment aider. C’est rageant vraiment.
Alors si quelqu’un connaît quelqu’un… Peut faire quelque chose…
peut conseiller. Ceci est une bouteille jetée à la mer des tracasseries
administratives, grande spécialité française.
Nous vivons une e-poque
formidable.
PS : Ah ! oui, au fait: Le patron sympa, le dauphinois des terres froides, il est
« issu de la diversité » comme on dit, il est « noir »…
Mais ceci n’a certainement rien à voir avec ce qui lui arrive. Non rien. Impossible !
Vraiment ? Rien à voir ? Je dois avoir l’esprit mal tourné.
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