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mardi 8 mai 2012

France-Allemagne : Après Mer-kozy, quoi ?


source:AFP

Il paraît que les britanniques ont une nouvelle blague au sujet des futures relations entre la France et l’Allemagne, entre Hollande et Merkel. Une blague  qui vous allez le voir fait dans la nuance !
«  Après Merkozy, Merkozy-Hollande, ce sera… Mer-de »
Au-delà du bon mot ( qui ramène au mot de Cambronne refusant de se rendre aux anglais), est-ce si sûr ?
L’histoire montre au contraire que l’axe France-Allemagne s’impose toujours au-delà des différences de couleurs politiques et de personnalités. Faut-il rappeler ce qu’ont été les relations entre Valéry  Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt ou celles entre François Mitterrand et Helmut Kohl ? Il y a fort à parier qu’il en ira de même entre Hollande et Merkel, et qu’à l’occasion de sa première visite à Berlin, François Hollande ressortira de la chancellerie, bras-dessus bras-dessous avec Angela Merkel. Et l’on parlera plutôt d’un couple « Ho-Mer »… ce qui est nettement plus positif que ce que supposent les britanniques.
Il n’y aura pas de clash entre Paris et Berlin. Ne serait-ce que parce que ce n’est pas la manière de faire des allemands. 
Les allemands sont absolument convaincus que la géographie et l’Histoire les condamnent à travailler avec les français. Ce n’est pas que ça leur fasse toujours plaisir. Mais pour eux, c’est ainsi. Pas d‘avenir sans l’Europe. Pas d’Europe sans le moteur franco-allemand. Les allemands sont des pragmatiques. Oh! bien sûr, nous leur donnons souvent le sentiment d’être des cigales inconséquentes, quand eux, ont le sentiment d’être des fourmis travailleuses. Mais ils savent compter, la France est leur premier client et cela pèse plus lourd que l’amour ou le désamour.
Ce qui ne veut pas dire qu’Angela Merkel fera des cadeaux. Des gestes symboliques pour éviter de mettre le nouveau Président français dans une impasse, oui. Mais changer vraiment de politique, là, il ne faut pas y compter. Car la chancelière allemande doit d’abord tenir compte non seulement de son électorat, conservateur, mais de l’ensemble des allemands. Or, les allemands ont le sentiment qu’ils se sont serrés la ceinture depuis une quinzaine d’années, et que leur relative bonne santé économique est le résultat des sacrifices qu’ils ont consenti : Pour s’adapter aux nouvelles données économiques mondiales, ils ont dû remettre en question des systèmes de protection sociale qui paraissaient immuables. Comme par exemple, l’allongement de l’âge de la retraite, l’assouplissement des horaires de travail, l’acceptation par de nombreux allemands d’emplois à temps partiel ce qui a signifié pour beaucoup outre-Rhin une baisse de revenus. Prenez par exemple la loi sur la fermeture des magasins « Ladenschlussgesetz » qui interdisait l’ouverture des commerces après 18h et tout le week-end , et qui existait depuis Bismarck, un véritable tabou. Eh ! bien, elle a été supprimée et aujourd’hui les magasins et restaurants sont ouverts largement : Une vraie révolution pour tous ceux qui ont connu l’Allemagne jusque dans les années 90…
Une partie de ces sacrifices ont été imposées au nom de la réunification. Beaucoup d’allemands de l’Ouest ont d’ailleurs rechigné, ne voyant pas pourquoi ils devraient payer pour les allemands de l’Est. Mais finalement, ils l’ont fait, au nom de cet idéal, l’unité retrouvée de leur pays. Et cela s’est révêlé utile face aux défis du nouvel ordre mondial et l’émergence de nouvelles puissances économiques.
Il y a là peut-être une leçon à tirer pour le nouveau Président français : Trouver un nouvel élan, un nouveau projet, un nouvel idéal national permettant de «transcender» l’incontournable politique de rigueur à venir.
Pas de clash à attendre donc en Berlin et Paris, mais pas de cadeau non plus. Aucun allemand de droite comme de gauche n’est prêt à payer pour la France. Ils n’arrivent déjà toujours pas à avaler le fait d’avoir consenti à payer pour les Grecs, en tout cas, c’est leur impression, au nom de l’intérêt de l’Europe, de « leur » Europe…
Nous vivons une e-poque formidable.

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