source:AFP |
Il paraît que les britanniques ont une nouvelle blague au
sujet des futures relations entre la France et l’Allemagne, entre Hollande et
Merkel. Une blague qui vous allez
le voir fait dans la nuance !
« Après Merkozy, Merkozy-Hollande, ce sera…
Mer-de »
Au-delà du bon mot ( qui ramène au mot de Cambronne
refusant de se rendre aux anglais), est-ce si sûr ?
L’histoire montre au contraire que l’axe France-Allemagne
s’impose toujours au-delà des différences de couleurs politiques et de
personnalités. Faut-il rappeler ce qu’ont été les relations entre Valéry Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt ou
celles entre François Mitterrand et Helmut Kohl ? Il y a fort à parier qu’il
en ira de même entre Hollande et Merkel, et qu’à l’occasion de sa première
visite à Berlin, François Hollande ressortira de la chancellerie, bras-dessus
bras-dessous avec Angela Merkel. Et l’on parlera plutôt d’un couple « Ho-Mer »…
ce qui est nettement plus positif que ce que supposent les britanniques.
Il n’y aura pas de clash entre Paris et Berlin. Ne
serait-ce que parce que ce n’est pas la manière de faire des allemands.
Les
allemands sont absolument convaincus que la géographie et l’Histoire les
condamnent à travailler avec les français. Ce n’est pas que ça leur fasse
toujours plaisir. Mais pour eux, c’est ainsi. Pas d‘avenir sans l’Europe. Pas
d’Europe sans le moteur franco-allemand. Les allemands sont des pragmatiques.
Oh! bien sûr, nous leur donnons souvent le sentiment d’être des cigales
inconséquentes, quand eux, ont le sentiment d’être des fourmis travailleuses.
Mais ils savent compter, la France est leur premier client et cela pèse plus
lourd que l’amour ou le désamour.
Ce qui ne veut pas dire qu’Angela Merkel fera des cadeaux.
Des gestes symboliques pour éviter de mettre le nouveau Président français dans
une impasse, oui. Mais changer vraiment de politique, là, il ne faut pas y
compter. Car la chancelière allemande doit d’abord tenir compte non seulement
de son électorat, conservateur, mais de l’ensemble des allemands. Or, les
allemands ont le sentiment qu’ils se sont serrés la ceinture depuis une
quinzaine d’années, et que leur relative bonne santé économique est le résultat
des sacrifices qu’ils ont consenti : Pour s’adapter aux nouvelles données
économiques mondiales, ils ont dû remettre en question des systèmes de
protection sociale qui paraissaient immuables. Comme par exemple, l’allongement
de l’âge de la retraite, l’assouplissement des horaires de travail,
l’acceptation par de nombreux allemands d’emplois à temps partiel ce qui a
signifié pour beaucoup outre-Rhin une baisse de revenus. Prenez par exemple la
loi sur la fermeture des magasins « Ladenschlussgesetz »
qui interdisait l’ouverture des commerces après 18h et tout le week-end , et
qui existait depuis Bismarck, un véritable tabou. Eh ! bien, elle a été
supprimée et aujourd’hui les magasins et restaurants sont ouverts
largement : Une vraie révolution pour tous ceux qui ont connu l’Allemagne
jusque dans les années 90…
Une partie de ces sacrifices ont été imposées au nom de la
réunification. Beaucoup d’allemands de l’Ouest ont d’ailleurs rechigné, ne
voyant pas pourquoi ils devraient payer pour les allemands de l’Est. Mais
finalement, ils l’ont fait, au nom de cet idéal, l’unité retrouvée de leur
pays. Et cela s’est révêlé utile face aux défis du nouvel ordre mondial et
l’émergence de nouvelles puissances économiques.
Il y a là peut-être une leçon à tirer pour le nouveau
Président français : Trouver un nouvel élan, un nouveau projet, un nouvel idéal national permettant
de «transcender» l’incontournable politique de rigueur à venir.
Pas de clash à attendre donc en Berlin et Paris, mais pas
de cadeau non plus. Aucun allemand de droite comme de gauche n’est prêt à payer
pour la France. Ils n’arrivent déjà toujours pas à avaler le fait d’avoir
consenti à payer pour les Grecs, en tout cas, c’est leur impression, au nom de
l’intérêt de l’Europe, de « leur » Europe…
Nous vivons une e-poque formidable.
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