Au Brésil comme en Turquie, ce qui
retient l’attention, c’est d’abord que les mouvements de contestation
apparaissent dans deux pays émergents, importants, et en pleine croissance
économique. C’est aussi que dans les deux pays, les gouvernements et les partis
politiques n’avaient rien vu venir. La manière dont ces mouvements se sont
développés est également très semblable. Ils ont eu largement recours aux
médias sociaux, court cicuitant notamment au Brésil, les médias traditionnels. Le
comportement des forces de police ou de maintien de l’ordre est également
brutal. Ce n’est pas surprenant, ces deux pays sortent d’années de pouvoir
autoritaire ou dictatorial, et former la police à un maintien de l’ordre ferme
mais le moins violent possible fait partie de la démocratisation. Dans les deux
pays, on voit qu’il y a encore des progrès à faire.
Les manifestants eux-mêmes
se ressemblent : Ils viennent essentiellement des classes moyennes qui se
sont considérablement développées dans les deux pays depuis une dizaine
d’années. Et dans les deux cas, les manifestants réclament un meilleur partage
des fruits de la croissance et de leurs efforts, un meilleur accès à la santé,
à l’éducation, à un ensemble de services comme les transports, le logement. Ils
dénoncent aussi la corruption, notamment au Brésil où elle est un vrai frein au
développement.
Mais il y aussi de profondes
différences qui rendent d’ailleurs pessimistes sur l’évolution à court terme en
Turquie.
En Turquie, le pouvoir est
conservateur. Il refuse d’entendre les manifestants et ne leur oppose que la
force. Il ne voit dans ce mouvement de revendications que la main de
l’étranger, un vaste complot entre la finance et le lobby juif (!). On peut
craindre un enfermement du pouvoir dans une fuite en avant nationaliste.
Rien de tout cela au Brésil. La
Présidente Dilma Rousseff est de gauche, même si l’on voit à quel point même de
gauche les élites politiques brésiliennes sont coupées des réalités sociales de
leur pays. Dans ses discours, elle dit entendre et comprendre les
revendications, et même si elle ne semble pas convaincre, annonce des réformes
sociales et structurelles. Même si l’on ne voit pas encore comment elle va
réellement faire, il est sûr, qu’elle cherchera à éviter violences et blocages.
Sur le long terme, les mouvements
de contestation dans ces deux grands pays émergents doivent rendre optimiste.
Ils signifient qu’il n’y a pas de développement économique sans développement
des aspirations à plus de démocratie, à plus de justice sociale, à plus de
redistribution. On l’avait déjà vu en Corée il y a 15 ans, après 30 années d’un
formidable développement. On le verra peut-être, sans doute, sans nul doute en
Chine, où là aussi les classes moyennes se sont considérablement développées.
Mais quand on sait la dureté du pouvoir en Chine, cela risque de ne pas être un
long fleuve tranquille.
Nous vivons une e-poque formidable
Nous vivons une e-poque formidable
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