Manuel Valls propose de réduire le nombre de régions de
moitié. Et tous les commentateurs applaudissent, des commentateurs, qui pour
la plupart sont dans leurs bureaux parisiens, et pour lesquels le grand reportage
commence au périphérique.
C'est une vieille lune qui a l'apparence de la bonne
idée et de la rationalité. Mais l'efficacité des régions est-elle
vraiment une question de taille?
Prenez les exemples de l'Espagne, de l'Allemagne, de l’Italie:
Le Pays-Basque n'est pas très grand, ni la Galice. La Sarre, Hambourg, Brême,
ou Berlin sont des micro "Länder". Et d'ailleurs, il y a vingt ans,
l'Etat de Berlin a refusé de fusionner avec le Brandebourg. En Italie existent des régions comme le Trentin Haut-Adige,
le Val d’Aoste, la Vénétie, Trieste, créées pour des raisons historiques,
culturelles, géographiques. Même petites en taille et en population , elles
sont plus efficaces que des régions beaucoup plus grandes, comme la Sicile.
Redécouper les régions françaises, c'est prendre
le risque de faire capoter la nécessaire simplification du
"millefeuille" administratif, c'est perdre 40 ans de construction
régionale, qui a mis en place des réseaux , des organisations régionales de transports, de gestions des lycées etc... C'est s'embarquer dans des débats sans fin. Comment regrouper
Aquitaine et Midi-Pyrénées et avec quelle métropole: Toulouse ou Bordeaux
? Et faut-il fusionner Franche-Comté et Bourgogne ? Auvergne et Limousin ? Et Nantes ? Doit-elle retourner en Bretagne? Mais quid des Pays de Loire ?
La vraie simplification, ce sont l’émergence de métropoles et la disparition des départements. Avec par exemple, en 2015, la naissance de
Lyon-métropole, deuxième métropole de France après la région parisienne. Le
département du Rhône aura alors presque disparu. Et puis, il y a la question du
Grand-Paris qui pose celle de l’ïle–de-France… Voilà de vrais changements en cours, qui vont apporter simplification et rationalité. Mais on comprend que Manuel Valls n'en ait pas parlé: Après les dernières élections, toutes ces futures métropoles risquent de tomber « à droite », y
compris Lyon de Gérard Collomb, et Paris d’Anne Hidalgo. Gênant…
La vraie
simplification, c’est d’ailleurs la suppression annoncée par le Premier
Minsitre de cette fameuse clause de "compétence générale" pour
les collectivités territoriales. Gênant également de rappeler que sa suppression avait été décidée
sous Nicolas Sarkozy mais rétablie par ... le précédent gouvernement: Nous avons donc
perdu deux ans, au moins!
Dans le même temps, en Italie, en moins d’un mois, Matteo
Renzi vient d’annoncer la disparition des 110 provinces, l’équivalent des
départements. Cela lui a pris un mois, et c’est prévu pour le 1 janvier 2015. L’Italie vient aussi d’annoncer su’elle
tiendrait ses engagements en matière de réduction du déficit budgétaire, tout
en annonçant de substantielles baisses d’impôts.
Alors, d’accord avec Manuel Valls : Fiers d’être
français, mais pourquoi ce qui est possible au-delà des Alpes, doit attendre
chez nous 2017, 2021 ou 2025 ?
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