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Plus le temps passe, plus les commentaires sur
Dominique Strauss-Kahn s’adoucissent. Les affaires de mœurs, et les affaires
tout court qui ont accompagné, plombé puis coulé sa carrière politique semblent
s’estomper.
Il y a les thuriféraires inconditionnels, ceux qui
ont toujours été fascinés par son « intelligence », son « charisme »,
et qui même au plus fort de l’affaire de New York, regrettaient le
« puritanisme» de nos sociétés. Comme le journaliste Jean-François Kahn qui
estimait que ce n’était qu’une affaire de « troussage de
domestique ». Kahn s’en est excusé depuis.
Mais il y a aussi une opinion de plus en plus
répandue. « Chacun a le droit de faire ce qu’il veut dans l’intimité ».
Ou encore : « Après tout, un fort appétit sexuel, c’est plutôt
bien ».
Parce que ce qui l’emporte aujourd’hui,
c’est : Si il n’y avait pas eu cette affaire, DSK aurait été élu
Président. Hollande n’est qu’un Président par défaut. Si DSK avait été
Président, la France ne serait pas dans une telle situation. Ces trois
dernières années n’auraient pas été aussi calamiteuses. DSK aurait géré la
crise grecque bien différemment. Si DSK avait été Président, l’Europe aurait
avancé.
Avec des si, on mettrait Paris en bouteille, et
Strauss-Kahn à l’Elysée. Avec des si, on oublie que son appétit sexuel n’était
pas le seul problème.
Certes, cela en est un: Parce que cela révèle, pas
seulement chez lui, mais également chez nous, un rapport aux femmes bien loin
du respect des femmes par les hommes, de l’égalité homme-femme. Il ne s’agit
pas là de puritanisme. On est au-delà de « 50 nuances de Grey ». On
est dans les : « Allez ma petite, ne résiste pas, je sais que tu
aimes ça » » « On l’a un peu forcée, mais vous avez vu comment
elle était habillée, elle ne demandait que ça ! » Nous nous croyons
évolués, mais en fait, nos vieux réflexes machos sont toujours là. Pas très
loin des intégristes musulmans et de la burkha : Il faut cacher le corps
des femmes parce que leurs formes excitent le désir, donc le diable chez les
hommes !
Avec des si, on oublie que Dominique Strauss-Kahn a
été le Ministre de l’Economie et des finances, qui avec Martine Aubry, a mis en
place les 35 heures. On en mesure de plus en plus les effets négatifs,
notamment parce que conçus et appliqués de manière technocratique, centralisée,
autoritaire, sans tenir compte des multiples situations économiques : La
crise des Hôpitaux publiques, les grèves à l’Assistance Publique de Paris, en
sont un dramatique rappel.
Avec des si, on oublie aussi un mode de vie, lié au
monde des affaires, à la jet-set, montres bling-bling au poignet, vacances
entre bobos à Marrakech, qui ferait passer l’affaire du « Poitiers-Berlin »
de Manuel Valls pour de l’enfantillage.
A son propos, Ségolène Royal avait eu ces mots : » Les personnalités politiques
sont là pour servir, pas pour se servir »…
Si malgré tout ça, de plus en plus de français
passe l’éponge, cela en dit long sur la crise que nous vivons, sur la défiance,
la méfiance de plus en plus d ‘électeurs à l’égard de nos femmes et hommes
politiques, qui ne nous paraissent pas « à la hauteur ».
C’est grave parce que cela veut dire que nous
sommes prêts à voter pour n’importe qui. Pour des personnalités trainant leurs
lots de casseroles, et puis par glissements progressifs, pourquoi pas pour des
personnalités à l’idéologie douteuse. De « Si Dominique Strauss-Kahn avait
été Président » on en arrive à « Si Marine Le Pen était Présidente
»…Nous sommes tombés bien bas.
Nous vivons une e-poque formidable.
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