La montagne s'effondre, la route est coupée. |
Incroyable mais vrai: La route qui relie la France à
l’Italie, Grenoble à Briançon est coupée et apparemment à Paris, tout le monde
s’en fout. La seule inquiétude: Mais par où va passer le Tour de France le
samedi 25 juillet pour atteindre l’Alpe d’Huez ? Pas de souci: Un autre itinéraire est en train d’être organisé.
Les cyclistes vont donc pouvoir pédaler tranquille. En revanche, sur place, les
habitants sont coupés du monde, coupés des vallées voisines. Et ils vivent
maintenant dans la peur du glissement brutal de tout un pan de montagne,
déversant d’un coup, l’équivalent de 10 000 camions de roches dans le lac du
Chambon, provoquant un tsunami dans le lac artificiel retenu par le barrage
hydroélectrique le plus vieux de France. EdF se veut rassurante, mais c’est
quand même une première.
Comment en est-on arrivé là, en 2015, en France ?
Depuis les romains, cette route est un des principaux axes
reliant la France et l’Italie. Après la construction du barrage, dans les
années 1930, la vallée a été noyée par un lac. Il a fallu construire une route
à flanc de montagne au pied du plateau d’Emparis, jusqu’à la Grave, puis le Col
du Lautaret, vers la vallée de Briançon. Et ce serait seulement aujourd’hui que
l’on découvrirait que ce flanc de montagne était instable ?
Et quel a été l’impact de l’augmentation démesurée du trafic
depuis que le tunnel sous le Mont-Blanc a limité ses capacités après l’incendie
dramatique de 1999, et que la vallée de la Romanche a dû absorber des colonnes
de camions, des files de caravanes et de vacanciers passant au ras des maisons et des voutes des tunnels ?
Il y a quelques mois, les services de l’équipement s’étaient
voulus optimistes: La route serait réparée avant juillet.
Mais aujourd’hui les travaux ont dû être stoppés : Trop
dangereux, la voute d’un des tunnels étant en train de s’effondrer. La
catastrophe est imminente.
Vous n’en n’avez pas entendu parler ? Aucun ministre ne
s’est rendu place ? La Ministre de l’Environnement et des Transports
préfère voguer avec l’Hermione sur l’Atlantique plutôt qu’avec les sinistrés du
lac du Chambon ?
Se sentant abandonnés, les habitants se sont organisés en
collectif www.collectif-du-chambon.org.
Et ils découvrent que cela fait en fait plusieurs années que l’on avait détecté des fissures et des glissements de terrain. Ils redécouvrent que dès la construction du barrage dans les années 1930, le tracé de la route avait été jugé dangereux, et que la solution aurait été de construire un grand tunnel pour éviter ce versant trop instable. Un tunnel jamais construit. La seule solution qu’on leur propose serait d’aménager à la hâte une piste provisoire, un sentier, sur l’autre rive, au pied des glaciers du Mont-de-Lans et de la Meije… Retour deux siècles en arrière.
Et ils découvrent que cela fait en fait plusieurs années que l’on avait détecté des fissures et des glissements de terrain. Ils redécouvrent que dès la construction du barrage dans les années 1930, le tracé de la route avait été jugé dangereux, et que la solution aurait été de construire un grand tunnel pour éviter ce versant trop instable. Un tunnel jamais construit. La seule solution qu’on leur propose serait d’aménager à la hâte une piste provisoire, un sentier, sur l’autre rive, au pied des glaciers du Mont-de-Lans et de la Meije… Retour deux siècles en arrière.
Ces 30 dernières années, suisses et autrichiens ont
construit des ouvrages gigantesques, des tunnels de dizaines de kilomètres pour
aménager la traversée des Alpes, le plus souvent en ferroutage. En France… nous
sommes toujours à discuter de l’opportunité de la fameuse liaison Lyon-Turin, avec
de nombreux tunnels, dont l’un de 57 kilomètres. C’est trop cher, clament des
militants écologistes. Pas rentable, écrit un récent rapport de la Cour des
Comptes. Pourtant, ce qui se passe dans la vallée du Chambon, montre que face
aux Alpes, on ne peut pas mégoter avec les infrastructures. Sinon la montagne
se rappelle à vous.
Apparemment, il manque une volonté politique à Paris. Il y
aurait là de quoi lancer des grands travaux, une vraie politique
d’infrastructures nouvelles. Mais on préfère s’attaquer à Nutella plutôt qu’aux
Alpes, candidater pour les Jeux Olympiques plutôt que reconstruire un des axes
majeurs de circulation entre le Nord et le Sud de l’Europe.
Et puis, la Grave, Mizoën, le Chazelet, Le Freney, le
Chambon, c’est loin, c’est quelle sortie sur le Périph?
Nous vivons une e-poque formidable.
8 commentaires:
Merci Pierre, on suit l'histoire vu qu'on a un chalet de l'autre côté à Vallouise...et que maintenant on met 9 h depuis Paris au lieu de 8..
Amitiés
Merci Philippe. Oui, je connais ton attachement aux Ecrins à Vallouise. Je suis consterné par la gravité de la situation pour les habitants de ces callées , ce ces villages que nous aimons tant. Amitiés
Je suis assez d'accord avec vous. Cependant je comprends mal en quoi vous critiquez les écologistes. En effet, vos arguments rejoignent les leurs. Vous révélez que la fabrication du barrage est réputée dangereuse depuis les années 30. Et qu'aujourd'hui, un déferlement du lac menace la vallée et ses haitants. Bref... un argument des écologistes. La question est justement de savoir comment ne pas faire porter sur des écosystèmes fragiles le poids de la société de consommation. La question de la relocalisation et de la sobriété énergétique est justement une réponse concrète à un modèle de développement dépassé. On peut ne pas aimer les "cheveux longs", mais il faut reconnaitre que leur argumentation est pertinente... la preuve... Enfin, chacun sa sensibilité... Merci pour votre article riche en informations... Cordialement...
Y'a pas un des cols blancs de l'hémicycle qui accepterait de vivre 3 jours ici comme on y vit depuis bientôt 3 mois, ceux là ont visiblement plus de respect pour nos feuilles d'impôt que pour ceux qui les signent...
@ anonyme: Je ne voulais pas critiquer les écologistes d'une manière générale. Mais juste m'inquiéter du retard pris par un équipement, dont on peut effectivement discuter des contours et de l'ampleur, mais qui reste indispensable: Le Lyon-Turin.
Et puis nous nous rejoignons sur la situation des habitants des villages autour du Chambon. Ce sont eux qui "entretiennent" la montagne. Ce sont les troupeaux qui "tondent" les pentes herbeuses, évitant qu'ensuite en hiver les avalanches ne se déclenchent plus facilement sur des herbes longues.Leur permettre de vivre dans ces vallées, y compris avec des familles et des enfants, est une nécessité pour l'environnement montagnard.
A l'heure actuelle, les principaux fautifs de cette situation qui va durée, c'est EDF qui refuse de vider complétement le barrage qui permettrai à des artificiers professionnels de dynamiter ce qui doit tomber, et permettrai de gagner des mois pour rétablir ensuite, la route en quelques mois.
EDF a déjà bien vidé le barrage !
Non EDF est autorisé à monter le niveau de 3.5m afin de voir si cela peut aider l'effondrement
Bon résumé de l'affaire
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