Serge Aurier, bientôt "blanchi" par son coach ? |
Il y a une semaine, c’était l’affaire du siècle. Certains
journalistes avaient même trouvé le hashtag définitif : #Auriergate.
Aujourd’hui, Laurent Blanc est prêt à passer
l’éponge.
Sur le coup, il est vrai que les propos tenus par le jeune footballeur du
PSG dans une vidéo Periscope étaient très fumeux au sens figuré comme au sens
« propre »- chicha oblige-. Entre deux wesh cousin, on comprenait qu’il était en train de dire de grosses conneries, et que s’il s’était pointé le lendemain au vestiaire
de son club, il se serait fait mettre la tête au carré par son « coach » et par certains
de ses « collègues », comme l‘ombrageux Zlatan.
Pendant deux jours, chacun y allait de sa condamnation comme
celle, tout en nuances, de Guy
Roux - si ça avait été lui, il aurait
carrément réouvert le bagne de Cayenne, et il était prêt à appeler Christiane
Taubira pour cela (oh! oh ! on plaisante, c’est de l’humour).
Il y eut aussi des justifications et autres tweets de
soutien, genre « C’est une nouvelle
affaire Dreyfus », « Une
justice à deux vitesses », à l’image de Didier Drogba qui depuis son
club de Montréal a tweeté « Force à
toi mon frère ».
Et c’est vrai que de la force, il lui en a fallu au jeune
footballeur dont on apprend qu’il a été envoyé faire pénitence… en
Suisse ! Trop dure la punition !
C’est cela notre monde d’internet, samedi qui rit, dimanche
qui pleure, une indignation chasse l’autre, tout est scandale, tout est matière
à réaction immédiate, irréfléchie. Comme au moment de l’affaire Strauss-Kahn -
Sofitel, quand des journalistes réputés avaient estimé qu’il ne s’agissait que d’un"troussage de femme de chambre" (cf Jean-François Kahn qui
regretta ces propos par la suite).
Alors, en comparaison,
dire que son « coach suce Zlatan
jusqu’aux couilles », c’est quoi ? Des propos d’enfants de chœur ?
(La comparaison est-elle bonne
aujourd’hui, avec tout ce que l’on dit qui se passe dans les
sacristies ?). Des propos de téléréalité ? Un épisode des Anges,
non pas à Miami, mais plutôt à
Sevran, banlieue parisienne où Aurier a grandi avec ses potos ?
Ce qui interpelle quand même, c’est cette obsession, cette
haine de l’homosexualité chez tant de mecs qui jouent les machos. Parce que
Aurier parle de fiotte comme d’une insulte ( au fait que dit la réforme de l’orthographe, fiote, ça s’écrit avec 1 ou
2 t ), mais est-ce plus grave que les punchlines du rappeur
Orelsan sur les femmes: « Je
peux faire un enfant et te casser le nez sur un coup de tête »,
ou encore : « Ferme ta gueule ou tu vas te faire marie-trintigner ».
Des propos qui n’ont pas été
condamnés par la Cour d’Appel de Versailles, qui n’y a vu que l’expression des
« tourments d’une jeunesse
désenchantée ». Or aujourd’hui cette « jeunesse désenchantée »
traitent souvent les meufs comme les pédés, avec une violence qu’on aurait
voulu croire appartenir au passé.
Où est la tolérance annoncée par le mariage pour tous,
« marqueur de gauche » de l’évolution progressiste de nos
sociétés ? Christiane Taubira au-delà de sa loi aurait peut-être dû non
pas seulement murmurer mais parler à l’oreille de la jeunesse. On appelle ça
l’éducation, et il paraît que c’est l’un des meilleurs remèdes contre
l’intolérance, la bêtise, les préjugés. Visiblement, il est plus facile de
voter une loi que d’améliorer l’école. On vérifie là ce qu’écrivait le
sociologue Michel Crozier: On ne change pas la société par décret.
Mais peut-être que l’éducation pourrait le faire et dommage
que Christiane n’ait pas enseigné à la jeunesse son goût pour la poésie, comme
par exemple ce poème de Léon-Gontran Damas et cet extrait :
« Cet enfant sera
la honte de notre nom
cet enfant sera notre nom de Dieu
Taisez-vous
Vous ai-je ou non dit qu'il vous fallait parler français
le français de France
le français du Français
le français français
Désastre
parlez-moi du désastre
parlez-m'en. «
cet enfant sera notre nom de Dieu
Taisez-vous
Vous ai-je ou non dit qu'il vous fallait parler français
le français de France
le français du Français
le français français
Désastre
parlez-moi du désastre
parlez-m'en. «
Nous vivons une e-poque formidable.
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