Quand on n'a que l'amour... |
Nous voilà suspendus au bon vouloir de nos
« amis » britanniques.
Pendus, serait peut-être plus juste, tant on sent bien, malgré
tous les communiqués officiels de victoire, que l’Europe, notre Europe va sortir affaiblie de ce nouveau
round de négociations, de concessions aux Britanniques. Tout est bloqué ou
presque, jusqu’au 23 juin, date du référendum. Face aux défis que nous
pourrions relever unis, face aux crises que nous devrions affronter unis, nous
allons rester au mieux immobiles, au pire dispersés, en rejetant sur les autres
la faute de nos soucis.
C’est la faute aux Grecs si nos frontières sont mal gardées.
Dîtes donc gros malins, comment ferions-nous si 1 millions de personnes
débarquaient en canots sur les plages des Catalans ou de Saint-Cyr sur
Mer ? Que ferions-nous s’il n’y avait pas avant la Corse, l’Italie,
l’Espagne, la Grèce pour faire tampon face à toute la misère du monde ? Nous
enverrions le Charles De Gaulle pour couler les migrants ?
C’est la faute aux espagnols si notre agriculture marche
mal, si nos porcs se vendent moins bien et puis, c’est la faute aux allemands,
dont les diktats économiques ruinent nos entreprises, si nos PME sont dix fois moins
nombreuses que chez eux, si l’apprentissage y est 4 fois plus développé et si
leurs machines-outils se vendent dans le monde entier. C’est dégueulasse que,
même après le « scandale » des tests truqués, le monde préfère les
grosses « Benz » aux berlines Renault.
Et puis surtout, surtout, c’est la faute à Bruxelles.
Bruxelles , c’est le responsable de tous
nos maux, l’être maléfique qui veut nous empêcher de vendre nos fromages
au lait cru, le coupable de nos impôts trop élevés, le coupable idéal, puisque
Bruxelles ne peut se défendre. Quel malin ce Cameron : « Je n’aime pas Bruxelles, j’aime la
Grande-Bretagne ». Il est sûr qu’aucun bruxellois ne lui balancera un
scud. Imaginez un peu
l’inverse : Un Président français qui irait à Londres ou à Berlin, et
dirait : « Je n’aime pas
Londres, j’aime la France ».
Et d’ailleurs ce qui manque aujourd’hui c’est l’envie, c’est
l’amour.
Après 40 ans de franquisme, et d’isolement, les espagnols
brulaient d’envie de rejoindre l’Europe.
Après 40 ans de rideau de fer, d’occupation par les Soviétiques, Lettons, Polonais, Tchèques, Roumains
faisaient rimer Europe avec liberté.
Il y avait de l'envie, du désir d'Europe.
Bien sûr, il y a des exceptions: Les Suisses, qui sont une sorte de super-Monaco, les montagnes, les vaches, l'industrie pharmaceutique et chimique en plus, le Prince en moins. Mais ils sont quand même dans Schengen. Il y a aussi les Norvégiens. Grâce à leur pétrole, ils se
prennent pour des émirs, les fjords en plus, les « abayas », les burkas
en moins, et n’ont pas voulu du mariage. Ce qui ne les empêche pas d’être européens,
non ?
Quant aux Anglais, pardon aux Britanniques, ils ont bien voulu du mariage, mais en
faisant chambre à part. Aujourd’hui, ils veulent faire maison à part, et
pouvoir aller flirter avec qui ils veulent. Mais on sait bien ce qui arrive
lorsqu’il n’y a plus de désir dans un couple et qu’il ne reste plus que les
conventions. Rester marié a-t-il encore du sens ?
Bien sûr, il faudrait résister à la tentation du
ras-le-bol et du « Qu’ils partent ! » Parce que sur le plan
économique, sur le plan politique, quelque soient les difficultés actuelles,
nous avons tous à gagner d’une Union européenne AVEC la Grande-Bretagne.
Mais ces raisons, la seule Raison, ne peuvent se substituer
à l’absence de désir. Pour aimer, il faut être deux. Or il semble bien qu’une
majorité de britanniques n’aient plus envie de nous et vont choisir le divorce.
Au lieu de faire l’autruche et de faire comme si cela
n’arrivera pas, nos dirigeants devraient s’y préparer, nous y préparer.
Espérons que le plan B, comme Brexit est en train d’être peaufiné entre Paris,
Berlin, Bruxelles, et Rome. Et dans ce plan B, devraient figurer non seulement
des mesures, économiques, des annonces sur les quotas, les taux d’intérêt, la
fiscalité, mais aussi comme l’écrivait Umberto Eco, sur la culture et l’amour.
Umberto Eco, grand écrivain italien et profondément européen, qui vantait le
succès des échanges « Erasmus »: « Erasmus a créé la première génération de jeunes Européens. Pour moi,
c'est une révolution sexuelle : un jeune Catalan rencontre une jeune Flamande,
ils tombent amoureux, se marient, et deviennent européens, comme leurs enfants.
Ce programme devrait être obligatoire, pas seulement pour les étudiants mais
aussi pour les taxis, les plombiers, les ouvriers. Ils passeraient ainsi un
certain temps dans les pays de l'Union européenne, pour s'intégrer ».
Remettre un peu d’amour, un peu de supplément d’âme dans la
construction européenne, nous faire bander pour l’Europe : Hollande ou
Merkel en sont-ils capables ? Ca craint…
Nous vivons une e-poque formidable.
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