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jeudi 12 mai 2016

Brésil : Après Dilma, le déluge ?

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Triste sortie pour Dilma...

Exit donc, l’actuelle Présidente Dilma Rousseff. Au moins pour 6  mois.
Et après elle ? Eh! bien, c’est un peu le déluge. A la brésilienne, où la saison des pluies provoque souvent des glissements de terrain spectaculaires. Ce sont les fameuses « Eaux de Mars », la fin de l’été austral, période sombre et poétique, comme dans la chanson «Aguas de Março »(1) : « Ce sont les eaux de mars, Fermant l’été. .. C’est la pluie qui tombe… C’est la voiture en panne. C’est la boue, c’est la boue … »
Et de la boue, si l’on regarde la liste des successeurs à Dilma, il risque d’y en avoir beaucoup. Car on n’y trouve que voleurs voire même truands.
L’actuel Vice-Président Temer, qui devient Président ? Il préside un parti dont la plupart des élus font l’objet de poursuites judiciaires et pourrait être lui-même rattrapé par les affaires. Dans les sondages, sa côte de popularité frise les … 2 %.
Eduardo Cunha, Président de l’Assemblée nationale ? Il vient d’être suspendu par la Cour suprême, pour … corruption. Ironie de l’histoire, c’est lui qui avait accéléré la procédure de destitution de la Présidente. Il est accusé d’avoir perçu plus de 4 millions d’euros de pots-de-vin et figure en bonne place dans les Panama papers. 95 % des brésiliens souhaitent d’ailleurs qu’il soit jugé.
L’ancien Président Fernando Collor, aujourd’hui sénateur ? L'ancien Président Lula, toujours très populaire ? Egalement dans la ligne de mire de la justice, comme d’ailleurs plus de 150 députés ou sénateurs brésiliens. « Tous pourris »: Au Brésil, cela est vraiment vrai.
Les juges iront-ils jusqu’au bout de leur opération de lavage au karcher ? Si oui, l’actuelle classe politique va être décimée et il faudra bien passer par de nouvelles élections. Mais là où le bât blesse, c'est qu'au Brésil, élections riment avec corruption et clientélisme. Pour être élu, on arrose ses électeurs. En tout cas, c'était le cas jusqu’à présent.
C’est d’ailleurs cette corruption généralisée qui freine autant la démocratie que l’économie du pays et c’est cette corruption que dénoncent depuis plusieurs années, depuis la Coupe du monde de football, des millions de brésiliens. 
Il est curieux qu’en France par exemple, beaucoup de médias reprennent les seuls slogans des partisans de Dilma Rousseff – il ne s’agirait que d’un coup d’état, d’un coup contre la gauche - en oubliant le travail de la justice brésilienne. Car ce qui est tout à fait remarquable, c’est l’implacable détermination des « petits » juges brésiliens. Un peu à l’italienne, comme à l’époque de l’opération « mani pulite », mains propres. Et ça c’est une première dans l’histoire du Brésil.
Bien sûr, le sort réservé à Dilma Rousseff paraît un peu injuste, puisque, pour ce que l’on sait de son parcours personnel et politique, elle avait beaucoup de défauts, mais pas celui d’être corrompue. Mais le feuilleton est loin d’être terminé, comme dans une telenovela, la fin n’est pas encore écrite. Comme dans la chanson :« Ce sont les eaux de mars, Fermant l’été, C’est la promesse de vie… ». La promesse d’une nouvelle étape pour la démocratie au Brésil ?
Vivemos numa e-poca estupenda !


Allez pour se remonter le moral on écoute la version de la chanson de Jobim par Ellis Regina : "Aguas de Março" sur youtube


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