Courbet: Choquant en 1866, censuré en 2018 ? |
Couvrez
ce sein que je ne saurais voir. C’est
vieux comme Molière et son Tartuffe. Eh! bien les Tartuffes, faux dévots, vrais
pudibonds ne se sont jamais aussi bien portés qu’aujourd’hui.
On pense bien sûr tout de
suite à cette peur obsessionnelle du corps des femmes que l’on retrouve chez
tous les partisans du voile, niqab,
hidjab, ou burqa. Leur port est justifié par le signe de respect
vis-à-vis de Dieu. Mais comme par hasard c’est toujours les femmes qu’il faut
voiler, couvrir, cacher, parce qu’elles susciteraient le désir des hommes. Même
le bruit de leur démarche pourrait exciter.
Les hommes peuvent bien porter
des jeans moule bites, des T-shirt serrés, faire de la muscu, se faire beaux,
sexy, pas de problèmes. Mais pour les femmes, il ne faut pas qu’un bout de
cheveu dépasse. Les robes doivent être amples avec des blouses, pour qu’on ne
devine pas leurs formes. Résultat des sociétés schizophrènes
obsédés par le sexe interdit. A ce sujet le livre de Leila Slimani « Sexes et mensonge »: La vie sexuelle au
Maroc, est atterrant.
Cette obsession du corps des
femmes se retrouve aussi dans les autres grandes religions monothéistes.
Perruques, collants et manches longues chez les juifs orthodoxes, voiles chez
les religieuses catholiques ou orthodoxes : Que les 3 grandes religions
soient nées dans la même région où régnait une culture patriarcale qui soumettait
les femmes au pouvoir des hommes, y est sans doute pour beaucoup.
Mais aujourd’hui, la
pudibonderie nous vient des Etats-Unis. Les GAFA: Google, Apple,
Facebook, Amazon, toutes américaines, font la pluie et le beau temps sur notre manière
de voir le monde, plus rapides à cacher un sexe ou un sein qu’à interdire des
propos racistes.
Et cela s’étend: Il y ainsi l’affaire
des nus décharnés du peintre Egon Schiele, peints en …1910. Les affiches de sa
rétrospective à Vienne en 2018 ont été censurés sur les murs de Londres ou de
Cologne. Certains voudraient cacher les nus des fresques de la chapelle Sixtine
peintes par Michel-Ange (1512 ) qui, comme on sait, s’y connaissait en matière
d’anatomie masculine. Faudra-t-il bientôt mettre un slip à son David à
Florence, des robes aux nus de Maillol dans les jardins des Tuileries, rhabiller
le Mannekenpis à Bruxelles ?
Et puis il y a Facebook qui au
nom de sa lutte contre la pornographie censure des œuvres qui font partie du
patrimoine mondial de l’humanité. Ainsi il ne faut pas prendre le risque de
publier la photo du tableau « L’origine
du monde »: Ce tableau de Gustave
Courbet de 1866. Il représente - ce serait trop court de dire le sexe d’une
femme – non : Un gros plan des
cuisses et de l’entre jambes d’une femme. L’origine du monde puisque tout être humain passe par cet endroit.
En 2011, Facebook a supprimé
le compte d’un enseignant français qui en avait publié une photo. Ce dernier a
porté plainte. Au bout de 7 ans, il a réussi à ce que l’affaire soit jugée à
Paris, ce qui a été le cas il y a quelques jours. Verdict début Mars.
On saura alors si les nouveaux
ayatollahs se trouvent à Cupertino ou à Moutain View.
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