Barrot-Wauquiez: C'était avant "le meurtre" du père ? |
Il est indécent de faire
parler les disparus. Comme toutes celles et ceux qui citent à tout bout de champ
le Général De Gaulle. « Comme disait
le Général » ou «Imaginerait-on De
Gaulle faire cela ? ».
Mais l’on peut quand même avoir
un peu de mémoire et à Yssingeaux,
dont Jacques Barrot a été le député
maire, en Haute-Loire, qui a été la première marche dans l’ascension de Laurent Wauquiez, on se souvient même
si personne ne moufte.
C’est Jacques Barrot qui avait
repéré le jeune normalien et énarque Laurent Wauquiez. C’est lui qui en 2004, lui
avait servi comme sur un plateau sa circonscription. Sur le point d’entamer une
carrière européenne, comme commissaire à Bruxelles, il était tombé sous le
charme de ce jeune homme brillantissime qui connaissait mieux la rue de Sèvres du
très chic 7 ème arrondissement de Paris, que le foirail ( la Place du marché) à
Yssingeaux.
Un ancrage local quasi-inexistant(1) - les Wauquiez étant une famille d’industriels du nord de la France - mais avec
le parrainage de Jacques Barrot, l’élection était gagnée d’avance.
A 29 ans, Wauquiez est donc
élu député, benjamin de l'Assemblée nationale. Ensuite sa conquête du pouvoir
passe par celle du Puy-enVelay,
jusque là une belle endormie gouvernée par la gauche.
Gestionnaire dynamique, bull-dozer
politique, il commence par éliminer systématiquement toutes celles et ceux qui
pourraient rappeler son ancien mentor. Même le fils de Jacques Barrot a dû aller se
présenter en région parisienne. Il a été tout récemment élu député La République
en Marche, à Vélizy.
Wauquiez est sans pitié pour
toute opposition, il coupe toutes les têtes qui dépassent, une tactique qu’il
applique également à la tête de la région
Auvergne-Rhône-Alpes. Gaël
Perdriau, le maire de Saint-Etienne pourtant Les Républicains lui aussi, se
heurte régulièrement au Président de la région, qui en représailles bloque ou
diffère des financements promis. Et en octobre 2017, il avait très peu apprécié
les déclarations de Wauquiez sur «les
quartiers perdus de la République à Saint-Etienne et Firminy ». Des
déclarations pas du tout « off ».
Pour ceux qui le suivent et
le connaissent depuis longtemps comme le journaliste Fabrice
Veysseyre-Redon, originaire de la Haute-Loire
qui doit publier en mai un livre : Laurent Wauquiez, la conquête du pouvoir, les déclarations du
Président des Républicains sont tout sauf un dérapage : « je ne peux pas imaginer qu'il n'ait pas
intégré le fait que cela pouvait sortir… Laurent Wauquiez a longtemps été quelqu'un qui montait sur le ring, et
qui tapait très fort. Ça fait partie de sa personnalité : il aime quand ça
castagne ».
On est fort loin de Jacques
Barrot, un homme politique mal connu hors de la Haute-Loire et pourtant une des
personnalités marquantes de ce courant politique un peu oublié aujourd’hui que
fût la démocratie chrétienne. Courageux, par exemple quand il dût appliquer la
réforme de la carte sanitaire à sa propre ville d’Yssingeaux, avec la fermeture
de la maternité, mais homme de concertation, européen convaincu, très, très
loin des positions défendues aujourd’hui par son ancien poulain.
Jacques Barrot était à l’image
de cette Haute-Loire, pays des justes pendant la seconde guerre mondiale - et
il n’y en eut pas tant que ça en France - héritier politique et moral de son
père, Noël Barrot, pharmacien à Yssingeaux, lui aussi député centriste jusqu’à
sa mort en 1966.
La morale de ce bullshit est peut-être à trouver chez l’écrivain
Jules Romain, alias Louis Farigoule,
qui – lui – est un vrai enfant de la Haute-Loire, né à Saint-Julien-Chapteuil :
“La politique est l’art d’arriver par
n’importe quel moyen à une fin dont on ne se vante pas.”. Mais il est vrai qu’à
l’heure de twitter, peu de personnes ont encore le temps de lire les 27 tomes
de sa saga « Les hommes de bonne volonté ». Surtout pas quand on
est un homme politique pressé.
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(1) La mère de Laurent Wauquiez possédait une résidence secondaire au Chambon-sur- Lignon, commune dont elle est aujourd'hui la maire
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(1) La mère de Laurent Wauquiez possédait une résidence secondaire au Chambon-sur- Lignon, commune dont elle est aujourd'hui la maire
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