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samedi 10 mars 2018

Afrique : Faut-il intervenir militairement au Wakanda ?

L'Afrique clichée des américains
On est tous (toutes) fan de T’Challa, Nakia et Okoye , les héro(ine)s de Black Panther, la dernière super production des studios Marvel, c’est-à-dire de Disney. Le film cartonne au box-office américain. Et même en France où il explose le nombre d’entrées devant les Tuche, mais derrière la Chtite Famille.  
Mais si l’on parle de ce film comme d’une première, c’est d’abord parce que son casting n’est pratiquement que « afro-américain », et que tous ses héros et même super héros, sont noirs. Voilà donc des millions de spectateurs qui s’identifient à des noir(e)s musclés, belles, beaux, intelligents, courageux.
On mesure le chemin parcouru depuis « Autant en emporte le vent » (1939) où les héros noirs sont surtout des bonnes, comme « Mamma » qui ne cesse de répéter à Vivian Leigh « C’est pas bien Mam’ Scarlett ». En roulant des yeux.
Pour ce rôle, Hattie Mc Daniel fût la première noire à recevoir un Oscar, de meilleur second rôle. Mais elle dût faire table à part au moment de recevoir son prix, ségrégation oblige. Et Hollywood la cantonna jusqu’à sa mort dans des rôles de bonnes. Critiquée par les mouvements des droits civiques pour les noirs, cette fille de parents nés esclaves répondit : « Je préfère jouer les bonnes, plutôt qu’être une bonne ».
Depuis bien sûr, l’eau a coulé dans le Mississipi. Avec par exemple des acteurs emblématiques comme Sidney Poitier, premier noir à remporter un oscar en 1964, et des rôles marquants dans « Devine qui vient dîner ? » ou « Dans la chaleur de la nuit ». Et puis bien sûr toute la génération Spike Lee, et des acteurs qui font la jonction avec le rap comme Will Smith, sans oublier l’inoubliable Whitney Houston. Qui n’a pas rêvé être son « bodyguard » ?
Il manquait donc un « blockbuster » noir. C’est fait. Attirant des spectateurs bien au-delà de la communauté afro-américaine, on peut donc imaginer que des millions de blancs y compris parmi ceux qui ont voté Trump, qui trouvent qu’il y a trop d’immigrés aux Etats-Unis, et que la place des blancs y est menacée, adorent ce film; Et qu’avant d’aller vider leur chargeur d’armes automatiques dans des églises « noires », des doux dingues racistes vont admirer les scènes d’action et de guerre de « Black Panther ».
Et puis, ce film aide-t-il vraiment à une meilleure connaissance de l’Afrique ? Même si vous ne l’avez pas encore vu, vous n’avez pas pu passer à côté de ces affiches où les superhéros noirs sont habillés en costumes de super héros mais avec une touche « ethnique » genre : Un collier en dents de tigres, car c’est bien connu tous les africains portent des colliers en dents de tigres ou en poils d’éléphants. L’Afrique revue et corrigée par Hollywood, dans la lignée d’Hakuna Matata ( Le roi Lion), ou de la France vue par Ratatouille ou de Kuzco, dessin animé supposé se dérouler chez les Incas et qui, apparemment, a structuré l’imaginaire de Donald Trump sur les Indiens d’Amérique.
Des micro-trottoirs ont été réalisés à la sortie des salles de cinéma, aux Etats-Unis. Et beaucoup de spectateurs, noirs, se sont émus de la situation du royaume du Wakanda réclamant une intervention de l’armée américaine. Hélas, ce n’est pas ce royaume fictif pour lequel il faudrait s’inquiéter, mais pour la situation au Sahel, les enlèvements de Boko Haram au Nigeria ou Nord Cameroun, la situation au Congo, la chute sans fond de l’Erythrée ou de la Somalie.
Mais pas sûr que cette réalité-là fasse exploser le box-office.








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