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dimanche 7 octobre 2018

Elections au Brésil : Samba, futebol et eleições

Le candidat d'extrême-droite enlève de la devise du Brésil le mot progrès pour ne garder que ordre ( ©-Romée-de-Saint-Céran-pour-LIncorrect)

Samba ! foot ! Rio ! Copacabana ! Sur le Brésil nous n’avons le plus souvent que des clichés. Pas forcément négatifs, mais complètement folkloriques. Comme ceux selon lesquels au Brésil, la misère serait moins triste parce qu’au soleil ! Ou qu’il suffirait d’un match de futebol, un air de samba ou les courbes d’une moça au corpo dorado pour qu’ils oublient leurs soucis. Un peuple joyeux et futile, quoi !
Mais, bidon, bidon, bidonville, vivre là-dedans c’est coton, comme chantait Nougaro. Après avoir eu l’illusion qu’ils allaient tourner la page du sous-développement, les brésiliens sont allés de désillusions en désillusions. La pauvreté est toujours là ; Les favelas sont tout sauf des destinations touristiques ; Et la violence fait plus de 54 000 morts par an, c’est le record du monde. Tous les facteurs sont réunis pour arriver à cette violence qui pourrit la vie quotidienne. Les mafias et les narcos, bien sûr, les inégalités criantes, le racisme encore - Au fait combien de noirs au gouvernement dans un pays où la moitié de la population est noire : zéro ! - mais aussi la corruption généralisée dans la police, l’administration, les affaires. C’est un des principaux freins au développement du pays. Mis en évidence par les chantiers de la Coupe du monde et des JO qui ont été l’occasion de détournements colossaux. 
Mais c’est ce que n’accepte plus la population. Et c’est cela le grand changement. Le Brésil a plus changé en 30 ans qu’en un siècle. Bien sûr la démocratie brésilienne est imparfaite, clientéliste, corrompue, contestée, mais elle a apporté les libertés, de la presse, de la Justice. Et les juges ne s’en sont pas privés pour mener l’opération « lava jato », nettoyage express, et tenter de nettoyer la classe politique et les milieux d’affaires. Même l’ancien Président Lula dort en prison, et combien d’anciens ministres ou députés … Et puis, même si beaucoup ont le sentiment de perdre à nouveau pied socialement, il y a eu quand même l’émergence des classes moyennes, l’espoir nouveau pour des dizaines de millions de brésiliens que leurs enfants fassent des études, sortent de la pauvreté : Les brésiliens d’aujourd’hui ne sont plus prêts à tout accepter sans broncher. 
Cela les conduira-t-il à choisir un candidat caricatural comme Jair Bolsonaro, le Trump tropical ? Ce n’est pas sûr, même si Fernando Haddad l’autre candidat qui devrait également arriver au second tour dans 3 semaines, n’a ni le charisme, ni la popularité de l’ancien Président Lula - empêché car en prison - dont il est l’ersatz, la marionnette diront certains. 
En fait, les brésiliens sont plutôt desafinados, désenchantés. Déjà il y a 50 ans, Antônio Carlos Jobim chantait à propos du carnaval : La tristesse n’a pas de fin, le bonheur si ! Le bonheur du pauvre est la grande illusion du carnaval(…). 
L’hymne national brésilien proclame : Géant par ta propre nature,(…)  ton avenir reflète cette grandeur
Beaucoup de brésiliens trouvent qu’il serait temps que le présent, leur présent reflète la grandeur de leur pays. 




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