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vendredi 21 février 2020

Tuerie terroriste en Allemagne : Le retour des nazis ?

L'Histoire n'est pas un éternel recommencement ? 
On a l’impression d’être revenu loin en arrière. 
Pas en 1930 (j’ai entendu parler, mais désolé suis encore trop jeune pour avoir connu…). mais en 1992. 
En août 1992, à Rostock. Deux ans à peine après la chute du mur, un an après l’unification des deux Allemagnes et la disparition de la RDA, l’Allemagne communiste, quelques mois après les premières élections municipales libres. 
À Rostock, principal port de l’Allemagne de l’Est, ville plutôt ouvrière, c’est une coalition gauche-Verts qui l’avait emporté. Rostock, autour d’un vieux centre, de son hôtel de ville rococo et du port de pêche, des alignements d’HLM en « Plattenbau », en plaques de béton, des rues longées par les tuyaux aériens des conduites de chauffage : la déprime. 
C’est dans une de ces HLM la résidence « Tournesol » que plusieurs familles de travailleurs immigrés … vietnamiens étaient hébergées (à l’époque les immigrés venaient surtout des pays « frères » communistes). Le 22 août, des petits groupes attaquent avec des projectiles, des cocktails molotovs, mettent le feu au bâtiment, les vietnamiens arrivent à se sauver de justesse. 3 jours et 3 nuits d’émeutes, la police locale dépassée, issue de l’ancienne RDA elle n’était pas habituée à ce type de guérilla urbaine menée par des groupes radicaux dont une partie venait visiblement de Berlin, Hambourg, des milieux de l’extrême-droite ouest-allemande. Nous-mêmes, l’équipe de TF1, prise à partie, violemment, le cameramen, agressé, obligés de nous abriter sous des voitures. 
Trois mois plus tard, 3 turques mourraient dans l’incendie de leur maison à Mölln dans le Schleswig-Holstein, puis un an plus tard, 5 personnes dans l’incendie leur foyer. Des actes terroristes revendiquées au nom de « Heil Hitler ». Et depuis les attentats ou agressions n’ont fait qu’augmenter. 
Comme aujourd’hui, des millions d’allemands s’étaient indignés, des millions avaient marché dans les rues, déposé des bougies, aux cris de « Nazis raus, les nazis dehors ». Et cette amie en pleurs au téléphone : « C’est affreux, cela ne changera jamais. Avons-nous ça dans le sang, nous allemands, cette haine, cette violence ? « 
Non, l’Allemagne de 2020 n’est pas celle de 1930. La grande différence c’est que l’immense majorité des allemands, quelque soient leurs difficultés, leurs préférences politiques, leurs égoïsmes, leurs craintes, savent ce que leurs pays a fait il y a 80 ans : une des plus grandes catastrophes morale et humaine de leur histoire, de notre histoire. 
La confrontation permanente avec l’Histoire – la Vergangenheitsbewältigung, structure les institutions de l’Allemagne moderne, la vie politique, l’éducation.
Nous qui votons pour 20 et 40 % pour l’extrême-droite, et cela depuis plus de 30 ans, nous ferions bien – nous aussi - de tirer les leçons de l’histoire allemande. Mais pour nous et notre avenir.

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