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lundi 27 avril 2009

Rendez-nous nos plaques d’immatriculation !

Par Pierre Thivolet (publié dans le Progrès juin 2007)

« Ils » l’ont décidé sans nous consulter et pourtant c’est un peu de notre mémoire, de notre identité qui va disparaître, puisque les nouvelles plaques d’immatriculation abandonnent toute référence aux départements, ou presque.
Ainsi exit le 69, département érotique comme aurait pu chanter Gainsbourg, le 43, qui reliait la Haute-Loire à la Loire-Atlantique, 44.
Fini le 01, qui permettait à l’Ain d’être le premier de tous. Adieu les 9 – 3 et autre 9-4, revendiqués jusque dans leurs chansons par les jeunes de la région parisienne.
Au moment où l’on se plaint du manque d’esprit national, de l’ignorance croissante de notre géographie, de notre histoire, de nos institutions, de notre perte de repères dans un monde voué à la mondialisation,« ils » viennent d’un trait de plume de sacrifier un instrument pédagogique formidable.
Car nos plaques d’immatriculation avec leurs numéros de département, ce sont les grandes réformes administratives de la Révolution sur quatre roues, ce sont des leçons de géographie au milieu des embouteillages, ce sont deux siècles d’Histoire de France. Avec le 90 curieusement attribué au Territoire de Belfort, séparé de l’Alsace ( 67 et 68) après la défaite de 1870. Avec les 91 jusqu’à 95, numéros des anciens départements d’Algérie, réaffectés aux nouveaux départements créés autour de Paris ( 75, pour Seine bien sûr) au début des années 60.
« Ils » nous disent que ce sera plus « sûr », plus « moderne », plus « européen, l’Europe ayant bon dos , surtout ces derniers temps. Que nenni : En Autriche par exemple, en 1990, sous la pression notamment des intellectuels et des artistes, les nouvelles plaques minéralogiques ont au contraire introduit la référence à la province (W pour Wien, Vienne) sous forme de lettres et d’un blason.
Dommage. Dommage qu' "ils » - c’est-à-dire nos dirigeants, nos députés, nos élites – n'aient pas songé à nous poser cette question dans un référendum. Et là, le texte n’aurait pas fait 300 pages, comme dans le dernier cas -malheureux- du dernier référendum sur l'Europe !

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