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mercredi 3 juin 2009

L’EUROPE, DE L’ATLANTIQUE JUSQU'À… OU ?

On connaît l’expression reprise par De Gaulle: «L’Europe de l’Atlantique jusqu'à l’Oural» qui définit l’espace européen sur une base géographique dont les limites seraient clairement définies…
Cette « définition » sert aujourd’hui pour répondre non à la question : « La Turquie doit-elle ou peut-elle entrer dans l’Europe ? » « Regardez une carte et vous verrez que la Turquie n’est pas en Europe ! ». Eh ! bien justement regardons une carte…
Et c’est pas de chance : Parmi les 5 continents, l’Europe est celui dont les limites sont les moins claires. Normal, ce sont les européens qui ont imaginé la Géographie moderne, et cette découpe du monde en cinq continents correspond à la vision du Monde par les européens au moment des grands empires coloniaux.
A l’Est, la limite de l’Europe serait l’Oural. L’Oural ? Allons donc, ce ne sont que des collines que l’on distingue à peine. Et le Caucase ? Ces deux chaînes de montagnes séparent au nord, Russie, Tchétchénie, Géorgie, Arménie, de la Turquie et de l’Iran, au Sud… Le Caucase est-il déjà en Asie ? C’est ce que nous, européens, affirmons. Ou bien marque-t-il la frontière entre Europe et Asie, c’est que les populations locales et d’ailleurs la logique voudraient, et dans ce cas-là, le Mont-Blanc (4810 mètres) perd son titre de plus haut sommet d’Europe au profit de l’Elbrouz (5 642 mètres).
Et la Russie ? Les russes sont incontestablement des européens, slaves comme les polonais, les serbes. Et Moscou ou Saint-Petersbourg sont bien en Europe. Alors si on prend ce critère géographique, mais aussi culturel, la Russie, c’est l’Europe. Le problème est qu’elle s’étend jusqu’à Vladivostok, face au…Japon ! Ce raisonnement conduirait à dire : « Non à Istanbul dans l’Europe et oui à Vladivostok ! »
Et l’Islande, qui, aujourd’hui à la faveur de la crise, envisage une éventuelle adhésion à l’Union européenne ? Cette île est loin de tout certes, mais à 350 kilomètres des premières côtes (glacées !) de l’Amérique et à 798 kilomètres de celles de l’Ecosse.
Et Madère , les Açores, les Canaries, des îles africaines qui, pourtant, au travers du Portugal et de l’Espagne, font partie de l’Union Européenne, comme d’ailleurs les cinq départements français d’Outre-Mer, dont le moins qu’on puisse dire, est qu’ils sont peut-être totalement français, mais qu’ils n’ont pas grand-chose à voir avec la Finlande ou la Hongrie…
La religion ? Le christianisme serait le ciment commun à l’Union européenne. Nos cultures ont été certes marquées par le christianisme, ou le judéo-christianisme, deux religions d’origine asiatique à moins de situer Jérusalem en Europe, mais outre que le Brésil en Amérique est le plus grand pays catholique du monde, quel place pour les musulmans d’Europe ? Non pas seulement les descendants d’immigrés mais ces mulsulmans « vrais » européens comme les Albanais ou les Bosniaques ? Dont on oublie qu’ils ont toujours été installés dans les Balkans, bien avant que les Serbes et autres tribus slaves, venues d’Asie, ne s’y installent. Ces européens qui se sont convertis à l’Islam il y a cinq cents ans au temps de l’Empire turc devraient-ils être exclus d’Europe ? A cette époque d’ailleurs, on disait bien que l’Asie commençait Ballhaus Platz, au centre de Vienne en Autriche !
Et les Suisses, dont il est difficile de dire qu’ils sont asiatiques ou africains, extra-terrestres peut-être! faudra-t-il leur faire la guerre pour qu’ils entrent dans l’Union européenne ? Comme la Norvège qui avec tout son pétrole joue les belles effarouchées ?
Et franchement n’y-a-t-il pas plus de points communs entre Naples et Tunis, qu’entre Naples et Stockholm ? La Méditerranée, matrice de notre civilisation européenne n’a-t-elle pas unie pendant des millénaires les habitants de ses rives, plutôt qu’elle ne les a séparés ?
Alors dire comme on l’entend pendant cette campagne « Regardez une carte, la Turquie n’est pas en Europe ! » alors qu’Istanbul-Constantinople se trouve non seulement sur le continent européen mais surtout fait partie de notre histoire, montre que derrière l’argument pseudo-géographique se cache un préjugé religieux : « Avec la Turquie, ce serait , au secours ! 70 à 80 millions de musulmans qui entreraient… ». Mais si l’on ne veut pas de musulmans en Europe que faire de ceux qui y sont déjà ?
L’Europe ne peut pas se définir sur les seuls critères géographiques, « ethniques », religieux, linguistiques… L’Europe est une volonté politique. Une volonté politique née après trois guerres, des dizaines d’années de dictatures de toutes sortes, l’Holocauste, qui a été imaginée, planifiée, et mise en place chez nous, au cœur de l’Europe et qui a exterminé six millions de juifs, qui étaient, n’en déplaise à certains, on ne peut plus européens. C’est cette volonté née de la prise de conscience de notre propre capacité à être barbares qui a fait la construction européenne, et non pas des considérations cartographiques… Et c’en est d’autant plus fort.
Le vrai pour danger pour l’Europe, ce n’est pas la Turquie (elle peut être dedans, dehors, avec, tout est possible !), c’est de perdre de vue ce qui, il y a 50 ans, nous a poussé sur la voie de l’Union européenne. C’est de faire semblant de croire que cette construction va pouvoir continuer ainsi à 25 ou 27 ou 30, alors même que certains Etats « européens » et pas des moindres ont dit oui à l’Europe du bout des lèvres et continuent à se tâter : « Sommes-nous européens ? Ne sommes-nous pas à part ? Ne sommes-nous pas les pères des américains ? Notre île n’est-elle pas en train de dériver vers l’Amérique ? » Ou encore en version tchèque ou polonaise : « Retenez-nous, sinon nous mettons notre veto ! » …
L’Europe, c’est une volonté, et c’est cette volonté qui nous unit et nous sépare des « autres ». non quelques collines, un détroit, une rivière!

2 commentaires:

Lionel a dit…

Faire la guerre à la Suisse.
L'idée est géniale!

Les coffres ainsi éventrés de l'Helvétie fraîchement rasée dégoulineraient d'un or encore chaud qu'il suffirait de transporter via quelques pipelines jusqu'au trou de la sécu.

Fini également les comptes opaques, les flux incontrôlables et les mouvements de capitaux obscurs : une Europe assainie renaîtrait ainsi des cendres de la zone verte de l'UE.

Adieu surtout et enfin l'inconvertissable Franc Suisse et cet horrible mot "votation".

A l'attaque ou bien?

Anonyme a dit…

« Depuis plus de 500 ans, les règles et les théories d'un vieux cheikh arabe, et les interprétations abusives de générations de prêtres crasseux et ignares ont fixé, en Turquie, tous les détails de la loi civile et criminelle.
Elles ont réglé la forme de la constitution, les moindres faits et gestes de la vie de chaque citoyen, sa nourriture, ses heures de veille et de sommeil, la coupe de ses vêtements, ce qu'il apprend à l'école, ses coutumes, ses habitudes et jusqu'à ses pensées les plus intimes.
L'islam, cette théologie absurde d'un Bédouin immoral est un cadavre putréfié qui empoisonne nos vies »

(Mustapha Kémal Atatürk / 1881-1938) Fondateur de la Turquie laïque.

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