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jeudi 11 juin 2009

Pour un Grenelle des Grenelle(s)

L’autre jour, je suis passé rue de Grenelle. Et mon cœur a battu très vite… C’était donc ici dans cet arrondissement «à problèmes» si l’on en juge au nombre de policiers qui quadrillent ce quartier du cœur de la capitale, entre ce fromager très bio et très cher, ce concessionnaire automobile très écolo-engagé et très cher, cette Fondation culturelle très «vernissages-chics» et très chers, que se fabriquaient les « grenelles ».
Oui, «grenelle», comme on dit : Un « frigidaire» pour réfrigérateur, un «larousse» pour dictionnaire ou un «pépédéha» pour présentateur télé. Et comme je suis au top de l’actualité, je sais que si, aujourd’hui, tout est Grenelle et que les Grenelle sont tout, c’est parce qu’au 121 de la rue siège le Ministère du Travail dans les salons duquel ont été signés les accords de Mai 68.
J’ai quand même voulu comprendre ce que ces lieux avaient de «magic» pour inspirer autant nos dirigeants politiques jusqu'à entrer dans notre langue…
Et j’ai été un peu déçu: Le ministère du Travail n’est plus un ministère, mais un secrétariat d’Etat, et le Travail, beaucoup de français, de plus en plus nombreux, le cherche !
Si ce n’était la magie des lieux alors c’était peut-être celle de la rue. Et en me plongeant dans l’histoire de la rue de Grenelle, j’ai tout compris : La rue de Grenelle est en effet un résumé de toute l’histoire de notre pays, de notre société, une sorte de concentré d’univers, de nombril du monde.
Elle relie le champ de Mars (la guerre) au carrefour de la Croix-Rouge (qui panse les maux de la guerre), et s’est longtemps appelée : chemin de la Justice, puis chemin du Gibet puis chemin du Port, grand chemin des Vaches puis rue Garanella. On l’a échappé belle : Vous imaginez si on était obligé de dire « Le grand chemin des vaches de l’environnement » ou « Le chemin du port de la mer » ou encore : « Un chemin du Gibet de la fiscalité » ou un « Garanella de l’éducation » !
Qu’importe le nom finalement, ce qui est compte est ce que l’on met derrière « Grenelle » : «Grenelle» est synonyme de discussions, de concertation, de compromis entre les différents acteurs de notre société. Cela signifie « consensus », « démocratie sociale », presque « démocratie participative ». Cela veut dire que nous sommes capables par-dessus nos différences idéologiques, politiques, sociales de nous entendre sur les grands problèmes de notre société: L’environnement, la mer, la protection sociale, l’insertion, les retraites, les banlieues, les ondes etc…Tous ces « Grenelle » ont d’ailleurs déja eu lieu ou ont été proposés. « Grenelle », c’est une « méthode » s’inspirant de ce fameux « Grenelle » de mai 68 qui avaient abouti à une sorte de révolution sociale avec notamment une augmentation du salaire minimum de 25 % ! Quel bel exemple !
Sauf que si on lit la notice jusqu’au bout, ces accords ont bien été signés, mais d’abord ils n’ont jamais été approuvés par les salariés et ensuite, ils n’ont jamais été appliqués.
Alors vu comme ça, je me demande s’il est très astucieux d’avoir baptisé le débat sur l’environnement « Grenelle »…
On va d’ailleurs pouvoir le vérifier rapidement, puisqu’une des (rares ?) mesures concrètes sorties de ces mois de « Grenelle » est l’instauration d’une « taxe carbone ». Or le chemin qui mène à l’enfer étant souvent pavée de bonnes intentions, la taxe carbone est une mesure dont, sur le papier recyclé, le principe est clair comme de l’eau de roche non polluée, mais dont la mise en place est une vraie usine à gaz…
Il faudrait peut-être organiser un « Grenelle des Grenelles » afin de savoir s’il n’est pas urgent de ne plus appeler « Grenelle » toutes ces discussions aboutissant à des accords jamais appliqués…

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