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mardi 8 septembre 2009

Le monde merveilleux de Wifi

Le monde merveilleux de Wifi

Ca y est : J’en suis.

Avec la rentrée, j’ai décidé de sauter le pas, de ne plus résister à la tentation, d’acquérir l’objet du désir, de tous les désirs de l’homme moderne, du communiquant branché, de l’e-homme, hi-han. Ecouteurs vissés dans les oreilles, hi-machin diffusant ma sélection de musiques préférées, je flotte… Le marteau-piqueur des travaux dans la rue : Je flotte. La foule dans le bus : je flotte… La cohue dans le RER Gare du Nord, où « en raison d’un incident technique, l’interconnexion RATP- SNCF est momentanément interrompue » : je flotte…

Autour de moi, un, deux, trois, allez : les trois-quarts de celles et ceux qui m’entourent flottent aussi : Trahis par un sourire béat (ai-je le même ?), et par les écouteurs qu’ils ont eux aussi vissés dans leurs oreilles, ils sont dans leurs planètes, dans leurs sélections de musiques préférées.

Nous sommes serrés les uns contre les autres, proches, très proches même (la sueur sur son front, l’odeur de son parfum, le slip découvert par le jeans taille basse, très basse, l’acné post-juvénile) et pourtant nous sommes tous dans nos bulles, dans nos caissons acoustiques hermétiquement cloisonnés par ces écouteurs avec lesquels bientôt nous naîtrons.

C’est fou d’ailleurs l’art et la manière de porter l’écouteur. Il y a ceux qui préfèrent se la jouer discret… style verres de contact. D’autres plus technos, style « D.J », d’autres encore, plus « marque, que de la marque » et dans ce cas-là, plus ils sont « flashy » mieux c’est ! Et puis, doit-on les faire passer par l’arrière et le dessus de l’oreille ? Les enrouler au-dessus du pavillon ? Ou au contraire les laisser pendre sur le devant ? Il y avait l’art de nouer la cravate, aujourd’hui il y a l’art de porter ses écouteurs.

En tout cas, plus rien ne nous atteint. Surtout pas l’autre. Avant, avant la « hi-pomme-Q révolution », nous écoutions les mêmes musiques, ou presque, nous écoutions les mêmes infos, ou presque, et pour tuer le temps, par exemple dans les transports, ils nous arrivaient même d’utiliser un accessoire assez utile même si l’on ne peut pas le télécharger, et qui s’appelle une langue. Vous savez : ça permet d’engager la conversation avec son voisin et même, soyons fou, de discuter avec un/une inconnu/e, quelqu’un, c’est dingue, qui n’est pas votre « ami » sur un des nombreux réseaux sociaux, auxquels évidemment vous avez adhéré ces neuf derniers mois, mais qui tout simplement se trouve à côté de vous entre Châtelet et Gare du Nord. Par hasard.

Mais dans le monde merveilleux de WIFI (ah ! ah ! c’est une allusion à une époque lointaine, celle du petit Wiwi ), pas de place pour le hasard. Chacun dans sa e-bulle, et les vaches seront bien gardées. « Pardon, vous m’avez parlée ? » dit-elle en retirant UN de ses DEUX écouteurs…

Nous vivons une e-poque formidable…

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