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mercredi 2 décembre 2009

La vie rêvée de Valéry Giscard d'Estaing

Ce matin en me réveillant, je me suis dit que la vie commençait à … 80 ans, sauf quand elle était un naufrage, depuis longtemps déja.

Je m’étais endormi avec dans la tête la dernière interview de notre dernier grand romancier : Valéry Giscard d’Estaing.

Je vous vois déjà pouffer de rire : Romancier ? Giscard ? Contradiction entre les termes ? NON ! Giscard siège déjà à l’Académie française, il est donc forcément romancier… ou écrivain… ? N’est-ce pas … ? Pas sûr: Après tout, l’un des plus grands poètes de langue française, Aimé Césaire, n’a jamais été élu à l’Académie, alors…

A priori, pourtant, quelqu’un qui a donné son nom à l’une des créations culinaires les plus géniales des 40 dernières années, la soupe V.G.E de Paul Bocuse, cet homme-là ne peut avoir que toute notre sympathie.

Hélas !

Revenons en effet à la dernière fiction de Giscard: « La Princesse et le Président ». Cette "fiction » (l’auteur insiste sur ce terme, au cas où nous n’aurions pas compris que la Princesse, ce n’est pas Lady Di, et que le Président, ce n’est pas lui.. pouf ! pouf ! pouf ! je pouffe de rire ! M.D.R..), impossible que vous n’en ayiez pas entendu parler, tant le battage médiatique a été grand… Apparemment sans grand effet sur les chiffres de vente. Il semblerait même que, humiliation suprême, le Tome1 des mémoires de Jacques Chirac le batte à plate couture…

« La Princesse et le … » fait suite à d’autres livres de la même veine, où notre ancien Président nous décrit ses émois et ses transports amoureux, et quelques scènes coquines, dans un style d’ado boutonneux (non, c’est une insulte pour les ados : Quand on songe à Rimbaud…).

Passons sur ces dérapages romanesques, qui prêtent plutôt à rire. En revanche, quand on fait le bilan de l’entreprise de destruction systématique menée par l’ancien Président depuis sa défaite en 1981, notre rire devient jaune…

Giscard semble en effet habité par une sorte de rage contre tout . Contre les intérêts de son propre camp politique, contre les intérêts des institutions, contre ces imbéciles d’européens qui n’ont pas compris le texte génial de « sa » Constitution…. Il semble également poussé par une vanité, là aussi rageuse, n’ayant de cesse de vouloir prouver qu’il est le descendant d’une des plus vieilles familles de France, les d’Estaing. Alors que c’est son père Edmond Giscard qui acheta ce nom, en 1922. Et l’ancien Président y croit tellement qu’il a racheté, en 2005, dans des conditions pour le moins avantageuses, l’ancien château de la famille d’Estaing, à Estaing dans le Rouergue. A l’occasion des dernières journées du patrimoine, les visiteurs ont même eu le droit à une visite guidée où, montrant les souvenirs de l’amiral d’Estaing, Giscard parlait de : « ma famille », avec des trémolos dans la voix .

Sans avoir étudié Lacan, Foucault ou Wilhelm Reich, on devine aisément que cette rage lui vient du fait d’avoir été battu aux élections de 1981, sans doute le premier échec de sa vie, lui le plus intelligent d’entre tous, le premier de la classe, le polytechnicien, l’énarque, celui qui fût le plus jeune Ministre des Finances, le plus jeune Président …C’est vrai qu’avec le recul, nous, (nous, les électeurs français) nous avons été injustes à l’égard d’un président dont le bilan n’est pas si mauvais que ça. Il avait contribué à la modernisation de notre société, avec le plus symbolique sans doute, la loi sur l’interruption volontaire de grossesse.

28 ans plus tard, il ne semble toujours pas s’en être remis. Revoir la mise en scène de son allocution de départ, à la télévision, après sa défaite, où il nous souhaitait "bonne chance, en ces temps où le Mal rôde dans le monde... "(sic!), avant de quitter le studio en laissant la caméra fixe sur son fauteuil vide. Là, on n’a même envie de rire, même jaune, mais plutôt de pleurer .

Mais pas sur lui ! Sur nous-mêmes. Sur notre pays. Sur notre système de formation des élites, qui visiblement avec le cas Giscard, montre qu’on peut être le plus brillant des énarques et être totalement déconnecté des réalités. Certaines méchantes langues diront qu’il s’agit là d’un pléonasme…

Nous vivons une e-poque formidable !

Pour revoir la dernière allocution et la fameuse « chaise vide » de V.G.E, le 19 mai 1981, sur le site de l’I.N.A

http://www.ina.fr/media/petites-phrases/video/CAB00018244/message-de-valery-giscard-d-estaing.fr.html

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