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vendredi 4 décembre 2009

Ne dites pas à ma mère que je veux aller en Afrique du Sud, elle me croit à Rio !

Ce matin en me réveillant, je me suis cru un instant irlandais… Irlandais, vous vous rendez compte ? Mais ce n’était pas un cauchemard, au contraire : Un rêve, être irlandais, les seuls qui ne seront pas obligés d’aller en Afrique du Sud. Les seuls donc qui n’iront pas mourir « au pays de l’insécurité ».

Parce que , c’est marrant, tant qu’en Afrique du Sud chacun était à sa place, entendez par là, les 2 millions de « boers » aux commandes, les 2 millions de britanniques aux affaires, les grosses bêtes (lions, éléphants, zèbres, etc...) non pas derrière des barbelés, mais dans des parcs, les plus beaux du monde, vastes peut-être pas comme la France, ni même comme l’Irlande mais en tout cas comme le Luxembourg, ce qui est déjà considérable, en ces temps là, donc, il y a 15 ans, à peine, tout allait bien.

C’était le temps de l’Afrique du Sud du luxe, du calme, de la volupté, et de la SECURITE. En « afrikaans » on appelait ça « Apartheid ». L’ "afrikaans" ? Une sorte de créole hollandais, un peu comme du flamand, mais craché… C’est dire que quelque soit ses mérites cette langue des colons d’origine hollandaise n’a pas favorisé les créations musicales et vocales. rappelons d'ailleurs que, non, « Hakuna Matata » n’est pas de l’afrikaans, mais du kiswahili, oh ! une langue de rien du tout, puisque parlée par seulement trois fois plus de personnes que le hollandais.

Mais revenons à nos moutons, ou plutôt, à nos lions et nos zèbres… Ai-je oublié quelque chose dans cette description de l’Afrique du Sud heureuse ? Ah!oui, seulement les non-blancs (des noirs ?), à peine une quarantaine de millions. Eux aussi avaient droit à leurs réserves, les homelands, et si les lions et zèbres étaient contents, pourquoi eux se plaignaient-ils ?

Aujourd’hui, c’est le bordel, et seules les grosses bêtes sont restées dans leurs réserves, les autres encouragés par Nelson Mandela sont sortis de leur réserve. Et l’insécurité a explosé. Je le sais parce que partout, radios et télés nous diffusent en boucle tous ces témoignages de familles, et pas seulement blanches, qui vivent sous haute protection, tant la vie est devenue dangereuse. Sous entendu : OK, on a mis fin au « scandale » de l’apartheid, mais voyez ce qui se passe quand on laisse des noirs au pouvoir : C’est la cata. Ont-ils vraiment gagné au change ?

C’est marrant : Ainsi, il y a 15 ans, l’Afrique du Sud n’était pas du tout violente… Trente millions de non blancs derrière des barbelés, ce n’était pas du tout violent !

C’est marrant: Mais je n’ai pas entendu ou vu de tels reportages lorsque Rio au Brésil a obtenu les Jeux Olympiques. Or la violence et la criminalité de Rio sont équivalentes à celles de Johannesbourg. Et ce ne sont pas les flingues, les escadrons de la mort, les ghettos forteresses où vivent les riches brésiliens, blancs (Remarquez « riche blanc » est presque un pléonasme au Brésil) qui sont montrés. Mais non ! , Rio, quelque soit le niveau de violence, c’est d’abord le carnaval et les corps style « United colors of …» sur les plages de Copacabana ou d’Ipanema !

C’est marrant, en caricaturant à peine, le Brésil a réussi, lui, à conserver son régime d’apartheid. Car dans ce pays où au moins la moitié de la population est noire, (pas 10 à 15 % comme aux Etats-Unis, ou 5 à 7 % en France ), il a fallu attendre 1994 pour qu’un noir entre au gouvernement. Et c’était le « roi » Pelé. Aujourd’hui, quelque soit les mérites du président brésilien Lula, il y a à peine un ou deux non blancs au gouvernement. Seulement 3 % de noirs font des études supérieures.

Les blancs brésiliens ont d’ailleurs un dicton qu’ils utilisent entre eux, pas pour les touristes, pour parler de tel ou tel noir qui fait des bourdes , un dicton qui date de l’esclavage, que le Brésil a été le dernier pays au monde, avec Cuba, à abolir ; « Un noir a toujours une m…. à sortir », très utilisé quand le roi Pelé divorça de sa première épouse, blonde, of course… Ou bien, encore , cette réflexion d’un ministre brésilien en 2002 : « De noir, le Brésil n'a besoin que de Pelé et de bitume"

Il ya quelques jours était publié un rapport du Haut-commissaire de l’O.N.U pour les droits de l’Homme, une sud-africaine d’ailleurs, qui estime "extrêmement préoccupante la violence urbaine » au Brésil et le fait que "les principales victimes de cette violence sont afro-brésiliennes". Il est suggéré au gouvernement brésilien de prendre exemple sur « la création d'une Commission de la vérité et de la réconciliation comme celle que Nelson Mandela a mis sur pied en Afrique du sud, à la fin de l'apartheid ». Mais là où les brésiliens sont très forts, c’est que apartheid est un mot afrikaans, et que les tingas des filles d’Ipanema font oublier la violence, la pauvreté, le racisme…

Et puis, vous vous attendiez à quoi en Afrique du Sud ? Vous pensiez que Nelson Mandela avait une baguette magique ? Vous pensiez que d’un claquement de doigts, il allait transformer les habitants des bidonvilles de Soweto en cadres de grandes banques ? Vous pensiez que d’un claquement de doigts, blancs et noirs allaient s’aimer d’amour tendre ? Vous pensiez que d’un claquement de doigts, l’Afrique du Sud n’aurait pas été en Afrique, et donc submergée par l’immigration de millions d’africains chassés par la pauvreté extrême de leurs pays et attirés par le « miracle » économique du Sud-Africain ?

Il faut former, éduquer, instruire, sans tout détruire, et c’est très difficile. Il faut acquérir des réflexes démocratiques, et c’est long.

C’est le chemin qu’a pris l’Afrique du Sud. Et c’est pour cela qu’il faut prendre le chemin de l’Afrique du Sud, non seulement pour le foot, mais pour tout ce que ce pays peut susciter comme espoir pour l’avenir de la planète. Parce qu’à coup sûr, l’Afrique du Sud va être le phare de l’Afrique, tout comme le Brésil va être le phare de l’Amérique latine… Et c’est évidemment cette Coupe du Monde là qui se jouera en même temps que celle de football.

Nous vivons une e-poque formidable !

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