Paperblog

samedi 15 janvier 2011

Tunisie : Mais où sont passés tous nos fins spécialistes du Maghreb et du monde arabe ?


En quelques jours, le régime dictatorial installé en Tunisie depuis plusieurs décennies s’écroule et le président Ben Ali s’enfuie dans la nuit…
Il serait intéressant, et même plus : méchant ! de réécouter, de relire, de revoir les analyses de tous ces « spécialistes » de la Tunisie, qui nous annonçaient que jamais Ben Ali ne partirait, qu’il était le seul rempart, que le pays était verrouillé , etc…
Que cela vienne de confrères journalistes, cela n’est pas très grave : Finalement, dans les médias, on peut dire beaucoup de bêtises, une info chassant l’autre, le « public » ne s’en souviendra plus… Remarquons simplement que notre pays qui historiquement, géographiquement, humainement a plus de liens avec les pays du sud de la Méditerranée qu’avec la Carélie ou la Mongolie compte bien peu de vrais spécialistes de ces pays. Combien de journalistes parlent arabes ? Vous allez me dire, combien parlent anglais ? Ce qui est vrai.
Et l’on peut étendre cette constatation a bien d’autres secteurs : Economie… Dans toutes les grandes entreprises américaines, vous avez des cadres d’origine chinoise, « arabe », indien qui non seulement parlent parfaitement américain, mais en plus les langues de leurs pays d’origine, ce qui leur donnent un atout pour le business. En France, alors que plusieurs millions de nos compatriotes sont d’origine arabe, quelle est la place de l’enseignement de l’arabe ? Ce devrait être la deuxième ou troisième langue étrangère enseignée en France, on devrait en faire un parcours d’excellence, pas seulement réservé au L.E.P des cités ou aux enfants d’immigrés. Cela permettrait aussi de valoriser et de faire connaître la culture du monde arabe, qui comme l’on sait est une culture de grande culture !
La connaissance d’une langue, et donc d’une culture ne suffit pas : A preuve : il paraît qu’au Ministère des Affaires Etrangères, nous avons une longue tradition de spécialistes du monde arabe… A mon avis, ils devaient être soit en arrêt maladie grippe A, soit en RTT…
Résultat, on a l’impression que tout le monde navigue à vue en ce qui concerne les prochaines étapes de la révolte, révolution ? tunisienne.
Remarquons peut-être que la Tunisie n’est ni l’Algérie, où le combat politique est d’une grande violence, ni le Maroc, un Etat féodal, où près de la moitié de la population (et 80 % des femmes) n’est pas alphabétisée. Ce que l’on voit le matin partout sur les routes et rues en Tunisie, ce sont tous ces groupes de petites filles et petits garçons en uniforme, partant pour l’école. Et ça, pour l’avenir, cele fera peut-être la différence…
Quelque soient les torts, la corruption et la répression du régime tunisien, Ben Ali, et même Bourguiba, remarquons que
1): La Tunisie a développé un bon niveau d’éducation et de formation de sa population qui est son meilleur atout pour l’avenir, et pour son développement
2): Un niveau de développement économique qui la place nettement au-dessus des pays de la région.
Un de nos anciens confrères (lui est un vrai et « fin » connaisseur du monde arabe) Eric Rouleau avait été nommé ambassadeur à Tunis en 1985. Il connaissait bien Ben Ali et m’avait expliqué : « Le problème avec Ben Ali, c’est qu’il se croit toujours le premier flic de Tunisie, et qu’il n’a toujours pas compris qu’il était Président !». Il est vrai que le limogeage d’Eric Rouleau en 1986 avait été une des premières décisions du gouvernement de cohabitation Chirac… Histoire sans doute de jouer les autruches : On se met la tête dans le sable, et l’on ne voit plus les problèmes, ni les dangers.
Nous vivons une e-poque formidable.

Aucun commentaire:

Archives du blog