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mardi 24 mai 2011

Châteaux (de sable) en Espagne…


Il n’y a pas si longtemps, ne serait-ce que, il y a tout juste 4 ans, pendant la campagne pour les dernières présidentielles en France, l’Espagne était souvent montrée en exemple. Son gouvernement socialiste n’avait que des vertus, et Ségolène Royal, qualifiée de « Zapatera », aimait poser aux côtés du président du gouvernement espagnol, José-Luis Zapatero.
Caramba, quelle dégringolade !
Depuis des semaines, des manifestants « indignados »« indignés » campent Puerta del Sol, en plein cœur de Madrid. Ils réclament de l’argent pour leurs études, un toît pour pouvoir quitter leurs parents, ce que beaucoup ne peuvent faire faute de moyens avant la trentaine, du travail, des perspectives, un avenir… Mais rien, rien ne vient de la Moncloa, le siège du gouvernement, et rien ne pourra venir si ce n’est l’annonce de plus de rigueur, baisse de 5 % des salaires des fonctionnaires, baisse des retraites, suppression de certaines allocations familiales.
Bien sûr, la crise financière est passée par là. Mais déjà, il y a 4 ans, l’économie espagnole paraissait aussi solide… qu’un château de sable. Déjà à l’époque, le gouvernement espagnol aurait dû prendre des mesures d’assainissement, réduire l’endettement de l’Etat, des ménages, restructurer le secteur bancaire, réorienter l’économie en la rendant moins dépendante des services, du tourisme, de l’immobilier, de la spéculation foncière, anticiper la fin de la manne des aides européennes, avec le rattrapage par rapport aux économies de pays du « nord », comme la France ou l’Allemagne et avec l’élargissement de l’Europe à l’Est. Au lieu de cela, Zapatero a continué une politique en apparence généreuse et sociale, mais qui n’a été qu’un feu de paille.
Les espagnols ont fait un grand bond en arrière et ce n’est malheureusement pas fini. Ils n’échapperont pas à ce que irlandais, grecs, portugais ont  été obligés de faire: De terribles plans de rigueur, taillant dans les dépenses publiques. Avec l’Espagne cela va être encore plus difficile, et difficile pour nous français, allemands, car l’on change d’échelle: 45 millions d’habitants contre 10 ou 11 millions au Portugal ou en Grèce…
La faillite de l’Espagne est aussi spectaculaire qu’ont été son développement et sa modernisation après la mort de Franco et l’instauration de la démocratie. Et l’Espagne a aujourd’hui tout d’un grande: Infrastructures ultramodernes, éducation, savoirs-faire, entreprises dynamiques et conquérantes dans les médias, les nouvelles technologies, l’habillement, l’hôtellerie, l’agriculture, et elle rebondira.
Mais la crise économique révèle aussi l’une des faiblesses de l’Espagne, un lourd handicap quand il s’agit de s’unir dans l’effort : Ses égoïsmes nationaux.
D’une certaine manière, l’Espagne démocratique paie la note de la dictature franquiste qui avait voulu éradiquer les identités régionales. A Madrid, le gouvernement ne peut plus obtenir une majorité aux Cortes, le Parlement, sans négocier âprement avec les partis nationalistes catalans et basques. A chaque élection, et les dernières en sont encore la démonstration, il doit négocier leur appui, en échange de plus de pouvoir local, plus d’autonomie, et surtout moins de solidarité nationale…Les socialistes vont perdre à coup sûr les prochaines législatives de 2012, d’autant qu’ils viennent de perdre des bastions historiques comme Séville en Andalousie, mais la droite victorieuse sera elle aussi obligée de passer sous les fourches caudines des nationalistes.
Pays Basque et Catalogne, qui sont les deux moteurs économiques du pays, veulent de moins en moins « payer », pour les andalous ou les castillans, ils contestent le paiement de l’impôt à l’Etat central, refusent de partager leurs ressources en eau, oubliant un peu vite que leur richesse a été en grande partie construite sur la main d’œuvre bon marché « immigrée » de ces régions plus pauvres. Un peu comme l’Italie du Nord à l’égard de l’Italie du sud, ou la Flandre contre la Wallonie en Belgique.
Face à la crise, les pays européens et l’Europe jouent à « Sauve qui peut , chacun pour soit », alors qu’il faudrait au contraire appliquer la devise de la Belgique:« Eendracht maakt macht », « L’Union fait la force » :
Nous vivons une e-poque formidable

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