Colonel Reyel |
Booba |
Y’a des pt’its jeunes qui se débrouillent bien. Non, non, je ne pense pas aux centaines de milliers de lycéens qui, bêtement, stressent pour les épreuves du bac, et dont l’espoir est de pouvoir entrer à l’université, de faire des études de plus en plus longues, tout en survivant en faisant des petits boulots, pour enfin décrocher un stage, puis un second, puis un troisième, puis entrer enfin dans une vie active faite de contrats de plus en plus précaires et d’heures de trajets logement-bureau dans des transports de plus en plus communs…
Non ! je parle de ces djeunes, qui ont déjà réussi, grâce d’ailleurs à ces millions d’autres jeunes qui triment, marnent, étudient… Ils ont au top des « charts », ils sont les rois de l’audience, du téléchargement, de la vente, de la thune. Dans leurs vidéos, ils s’éclatent dans des grosses bagnoles, entourés de mafa terribles, sur fond de palmiers et de villas de rêves, L.A ou Miami, et je dis ça sans aucune jalousie.
Prenez « Colonel Reyel », son clip « Toutes les nuits » a été vu 26 millions de fois: 26 millions ! Vous vous rendez compte ? Il faut dire que c’est la version avec paroles, ce qui change tout.
Parce que, dommage que Jack Lang ne soit plus ministre de la Culture et/ou de l’Education, il y a matière, à faire réfléchir pour les épreuves de Philosophie au bac : « Toutes les nuits, je pense à toi. Toutes les nuits, je rêve de nous deux. Toutes les nuits, je pense à toi, tout près de moi, je nous vois tous les deux »… Là, franchement, c’est du lourd, Ronsard, Rimbaud, Gainsbourg n’ont qu’à aller se rhabiller. Qui disait que le romantisme était mort ? Qui disait que nous étions machos ? Dans le clip, on ne voit que des mecs, en baggy, chaînes en or, et lunettes de soleil, entourés de filles styles « bitch » latinos, qui se trémoussent autour. Tout ça, sur une musique « zouk love » , qui a fait depuis longtemps ses preuves aux Antilles, mais là c’est la version « deuxième génération immigrée en métropole », donc les paroles sont en français, et non plus en créole, donc on est confronté au vide sidéral des textes. Mais ce n’est pas parce qu’on est d’origine antillaise et grandi à Pantin, comme Rémy Ranguin (oui, c’est le nom de Colonel Reyel) qu’on est forcément un héritier d’Aimé Césaire.
Il y aussi Booba. C’est un peu la même chose, palmiers, Miami, bagnoles, nanas, mais en plus « urbain », en plus hord-bords, genre trafiquants colombiens de « Miami vice », en plus bodybuildé et tatoué. D’ailleurs c’est impressionnant,: Dans son dernier clip « Killer », il passe les 2/3 du temps torse nu, et là quels pectoraux ! Quels tatouages ! Et là , je le dis avec jalousie : Combien d’heures passées par jour en salle, et sous l’aiguille des tatoueurs ? Et puis, il doit être super bien gaulé, parce qu’il passe son temps à se tenir les « parties », comme on dit, en chantant « je suis un killer », tout en regardant d’un air viril mais énamouré la « grosse » (c’est dans le texte ) pour laquelle il travaille : « je fais tout ça pour nous, pour payer la nounou » dit-il avant de reprendre le refrain « je suis un killer ».
Merci de ne pas rire, car Elie Yaffa (c’est le vrai nom de Booba), qui lui est d’origine sénégalaise et marocaine, non seulement vend des millions de disques (enfin, c’est une image, parce qu’aujourd’hui avec internet, c’est du téléchargement, du mp-3 etc…), mais il est devenu producteur, et a développé sa propre marque de vêtements qui cartonne également.
Alors qu’est-ce qu’on dit ? On dit respect, même si on peut être tenté par un petit coup de nostalgie en réécoutant Gainsbourg « Je suis venu te dire que je m’en vais, tes sanglots longs n’y pourront rien changer »
Nous vivons une e-poque formidable
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