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jeudi 11 août 2011

Haïti : A la mémoire de Jean-Claude Bajeux


Haïti : Cérémonie d’adieu à la mémoire de Jean-Claude Bajeux ce 10 août
mercredi 10 août 2011
Une cérémonie d’adieu a lieu à la mémoire de Jean-Claude Bajeux, écrivain, poète, critique littéraire, fondateur du Centre OEcuménique des Droits Humains (CEDH), ex-Ministre de la Culture, ce 10 août 2011 à Port-au-Prince.
Elle se déroule à l’Ange Bleu (angle rue José Marti et Jean-Paul II) à 9:00 am, tandis que la famille reçoit à partir de 7:30 am
AlterPresse reprend le texte contenu dans le feuillet-programme de la cérémonie, qui est une lettre de Pierre Bonin, « vieil ami » canadien de Jean-Claude Bajeux à tous ceux qui étaient proches du défunt.
Chers ami-e-s de Jean-Claude et Sylvie Bajeux,
J’apprends à l’instant que Jean-Claude s’est envolé durant la journée vers une grande lumière, un espace de vérité, de justice et d’amour. Pour moi, c’est un prophète toujours en quête de justice, marchant sans relâche, alertant les humains de tous horizons, à l’instar des prophètes de l’ancien Testament.
Nul ne peut servir deux maîtres était le titre de sa dénonciation d’Aristide en janvier 2001 :
« … le mensonge officiel se trouve lié à la conviction insolente que le pouvoir appartient « nèt ale » à un « petit reste », mais contrairement au sens biblique attaché au mot « anawim », « les pauvres de Yahvé », le petit reste ici, ce sont les « plus malins », analogue au petit groupe de dirigeants décrit par Dostoïevski dans la Légende du Grand Inquisiteur, qui avaient trouvé plus intelligent d’accepter les offres du démon pensant que Jésus avait été bien sot d’avoir refusé. »
Dix ans plus tard, Jean-Claude tonne encore
« A moins que tous et chacun décidions de nous opposer à ce bal de ripoux et qu’on montre en clair, selon la loi, comment l’illégalité et l’impunité transforment en coquins de jeunes représentants et serviteurs de l’Etat et qu’avant toute chose, on proclame le réveil de la dignité, l’épiphanie de l’aube. »
Jean-Claude Bajeux,
Ces fruits amers de l’illégalité, 7 janvier 2011
Avec une compagne exceptionnelle comme Sylvie, ils demeureront dans notre esprit un couple vivant, debout, persévérant au delà de tous les obstacles. Votre engagement nous redonnait courage, pour surmonter des multiples défaites et ne jamais se décourager. Un homme aimable, chaleureux, d’une générosité sans bornes. Un intellectuel exigeant, d’une immense culture, à la plume incisive certes, mais aussi un guide accueillant.
« …la boussole qui me guidait dans l’activité tumultueuse du CEDH est restée la même dans ce crépuscule infertile. Toujours et encore, on y rencontre l’humanisme chrétien du personnalisme, la recherche de la paix et la justice, et la Constitution haïtienne du 28 mars 1987 qui a proclamé, de façon réelle et prophétique, les obligations de l’Etat et des gouvernements de respecter la loi, les droits des citoyennes et des citoyens, de donner accès à tous « san pas pou ki » aux services communautaires, leur assurant santé et savoir. »
Jean-Claude Bajeux, idem, 7 janvier 2011
Jean-Claude était un homme de paix, un ferme opposant à la violence :
« La refondation de 1804 ne peut se faire qu’en faisant le contraire de ce qui avait été nécessaire en 1804 : il faut abandonner le chemin des armes, il faut enterrer les armes et leur dire adieu, il faut instaurer la grève de la violence. Il faut que la justice prononce ses verdicts et par là rendre inutile le recours aux armes. Il faut dire le crime par son nom et appeler les voleurs, les menteurs, les incendiaires, les assassins et les violeurs par leurs noms, tels qu’ils sont énumérés dans les articles du code pénal. Il faut donc sanctionner aujourd’hui ces fusillades qui ont emporté tant de monde depuis 1804, Capois-la Mort et Dessalines y compris. Ce n’est plus le temps de couper les têtes, c’est au contraire, le moment de remettre les têtes en place ; ce n’est plus l’heure de mettre le feu, car, pour notre survie, il est venu le temps de planter et de construire un nouveau monde, en soumettant ce monde-là, ces hommes, ces femmes, à l’ordre du plan, de la raison, de l’écriture ».
Jean-Claude Bajeux, Les crucifiés de l’histoire, Pâques 2004.
Partisan d’une « vision globale et intégrante de la justice »…JC Bajeux nous dit que
« …pour exercer cette justice, au niveau où elle veut être servie, il faut regarder, en même temps, au-delà de ce monde, le spectre lumineux d’une justice qui devient, est devenue, se doit de devenir, le moteur d’une société civilisée, la conscience d’une société humaine, et le centre d’un immense réseau de services publics. C’est de cette réalité que nous parlons, quand nous parlons d’une vision intégrale de la justice. »
JC Bajeux : « Pour une vision intégrale de la justice ».
Discours d’ouverture du 11e Forum citoyen pour la réforme de la justice, 5 septembre 2009.
Convaincu que l’Etat de droit et la construction démocratique nécessitent prioritairement la réforme de la justice, Jean-Claude Bajeux mettra toutes ses dernières énergies à la relance du Forum citoyen.
Jean-Claude nous guidera encore longtemps, il y a tant à découvrir dans ses écrits militants :
« Cet arrachement du marécage où nous sommes englués demande, de manière antinomique, l’adhésion collective à une constellation de valeurs qui devrait nous qualifier comme société civile. Des valeurs à vivre et à réaliser et j’en cite cinq : l’égalité, la loi, la dignité humaine, le savoir, la solidarité. Et de ces cinq, je salue la loi dans un monde dont la justice serait la clé, la porte, le seuil et la lumière »
JC Bajeux,
intervention pour le secteur des Droits Humains à la présentation des travaux pour un Nouveau Contrat Social , organisé par le groupe des 184, le 15 janvier 2005 au Karibe.
Salut mon vieil ami Jean-Claude
Pierre Bonin
Laval, Québec, 5 août 2011


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