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lundi 13 avril 2015

Radio France : Mais qu’a donc fait, ou pas, Mathieu Gallet pour mériter une telle grève ?

Mathieu Gallet en gravure de mode
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Pour être franc(s), et c’est le comble pour une entreprise qui est un des fleurons en matière de communication, on n’y comprend pas grand-chose dans la grève sans fin qui paralyse toutes les antennes de Radio France.
Depuis quelques semaines, son PDG est devenu la cible de toutes les attaques, l’objet de toutes les révélations. Et en dehors de Frédéric Mitterrand, qui l’avait en quelque sorte découvert quand il était ministre de la Culture, pas grand monde n’a pris sa défense.
Il y a l’histoire de la luxueuse voiture de fonction, celle de la rénovation du bureau, des bureaux, refaits pour 80-100 000 €. Bien sûr, ça fait tâche, surtout sur une moquette -LOL!-. Non je voulais dire: surtout lorsque l’heure est au serrage de ceintures et à 200, 300  « départs volontaires ».
Il y a également les conseillers en communication, contractés à l’extérieur pour 100 000 € ?  Là, c’est vrai qu’on se pince ; Mais qui a donc conseillé à Mathieu Gallet de se prendre des conseillers en com’, dans une maison qui regorge de spécialistes de la com’ ? En plus, quand on voit le cafouillis actuel, on espère que ces conseillers rembourseront Radio France.
Mais comment celui qui était paré de toutes les qualités et de toutes les vertus, est-il devenu un incompétent sans expérience, en quelques semaines seulement? 
Et certains de dire: C’est une erreur de casting du CSA (et tac, on tape sur l’indépendance très récente de cette autorité de l’audiovisuelle), c’est le fait du Prince (et tac, on tape sur l’ancien ministre de la Culture de Nicolas Sarkozy). Devant le CSA, il paraît qu’il a été brillantissime, plus que tous les autres candidats. Il aurait fait l’unanimité, pas une voix contre : Parmi les membres de ce conseil, des journalistes que je connais - Laborde, Kelly, Mémona Hintermann - dont j’imagine mal qu’elles auraient fermé leurs gueules si le candidat Gallet avait été pistonné ou pas à la hauteur.
Et puis, surtout le comble : « Il est trop jeune, il n’a pas d’expérience ». Ca veut dire quoi, trop jeune ? Matteo Renzi est devenu Président du Conseil italien à 39 ans, Tony Blair à 43. Et puis, combien de vieux routiers des medias, des cabinets ministériels ont été nommés ou dirigent encore des entreprises publiques où ils se sont révélés totalement incompétents ? Allez on cite Corneille : «  Je suis jeune, il est vrai, mais aux âmes bien nées, La valeur n'attend point le nombre des années ».
Je ne connais pas Mathieu Gallet, mais j’avais suivi son parcours après sa difficile nomination à la tête de l’INA, en 2010. On disait déjà: Il est trop jeune, c’est un parachuté à la tête d’une institution ingérable. Et puis. Et puis, ça a marché et bien marché. Apparemment, il a su établir le dialogue avec les syndicats et les salariés de l’INA. Il a modernisé cette société publique, conservatoire de notre mémoire audiovisuelle. Il a notamment largement ouvert ses formidables trésors au grand public, et à la consultation par internet. En moins de 4 ans : bravo, non ?
Alors, même brève, son expérience parlait en sa faveur.
Et depuis un an, c’était l’unanimité: Une directrice a été nommée à la tête de France Inter, une femme, c’est suffisamment rare pour être salué ; Un ancien confrère d’Europe 1, Laurent Guimier , connu pour son efficacité et son professionnalisme, a été nommé lui, à la tête de France Info. Et là aussi, bonne pioche puisque les premières campagnes d’audience montraient une remontée. Et en novembre dernier, tout le gratin de la culture et du gouvernement se pressait pour l’inauguration du nouvel auditorium de Radio France, où pouvaient enfin se produire après des années d’errance, les deux Orchestres maison; A l’époque, personne ne parlait du coût des boiseries ou des moquettes.
Et puis ? Et puis, du jour au lendemain, le petit génie est devenu le pire des cancres.
Parce qu’entretemps, a commencé à filtrer le plan d’austérité draconien imposé à Radio France. En clair, des centaines de personnes vont se retrouver à Pôle Emploi, ou en pré-retraite. Cela n’est pas une découverte. Et c’est là peut-être où Mathieu Gallet et son équipe de DRH ont sans doute été trop technocrates. Au lieu de cultiver son image de bogosse intelligent, dialoguant avec les plus grands patrons aux entretiens de l’Université d’été du MEDEF à HEC, Mathieu Gallet aurait sans doute mieux fait de virer la cravate, de tomber la veste afin de retrousser ses manches. Parce que négocier la fin de toute une vie professionnelle, avec des personnes qui ont consacré leur vie à une entreprise et une belle entreprise, comme Radio France, cela suppose de se montrer à l’écoute, de ne pas donner l’impression de n’être qu’un technocrate brillant mais insensible. Après tout n’est-ce pas ce genre de comportement, typique de la technocratie à la française - je suis le plus brillant d’entre tous – je suis le meilleur d’entre nous – qui avait mis la France dans les rues contre Alain Juppé en 1997 ? Et c’est sans doute ce qui explique que depuis trois semaines, il paraisse si difficile de renouer le dialogue entre direction et personnel de Radio France.
La grève finira bien par s’arrêter. Et Mathieu Gallet restera sans doute.
Mais quel dommage, et quel gâchis. Et si Mathieu Gallet a des torts (voire plus haut), toutes ces attaques contre lui, souvent personnelles, souvent pleines de sous-entendus et de non-dits sur de supposés pistonnages, sont tellement concentrées et soudaines qu’elles en sont suspectes : « Quand on veut noyer son chien, on dit qu’il a la rage ».
Toutes ces « révélations » ne servent-elles pas à faire oublier le principal responsable, le « Deus ex machina » de Radio France: Le gouvernement, la « tutelle », ceux qui tiennent les cordons de la bourse. Fleur Pellerin demande des économies, réduit les dotations budgétaires, mais ce n’est pas elle, ni Emmanuel Macron, ni Michel Sapin, ni Manuel Valls, qui vont l’expliquer au personnel de Radio-France : Quel courage !
Nous vivons un e-poque formidable.

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