keep calm et voter quoi ? |
En France, nous discutons de l’opportunité de rebaptiser un
parti « Les Républicains ».
A Londres, on s’extasie sur le Royal baby 2.
Et pas qu’à Londres, puisque chez nous, depuis 24 heures, nous avons le
droit au défilé de tout ce que les medias comptent de
« spécialistes » des têtes couronnées, des monarchies, du protocole,
des heurts et malheurs de tous ces Princes et Princesses, qui aujourd’hui sont tellement « modernes », à
l’unisson de leurs peuples, des gens comme nous en fait, sauf qu’ils ne
seront jamais menacés d’aller faire la cour à Pôle Emploi. Ainsi cette
information "étonnante": Le Prince William, qui est appelé à régner - enfin
après sa grand-mère qui semble bien partie pour entrer dans le Guinness book
pour battre tous les records de longévité, toutes catégories, et après son
père, qui continue à porter le kilt avec élégance - le futur roi, donc, est en
congé paternité ! Comme tout le monde, c’est dingue, non ?
Dingues aussi tous ces commentaires qui en rajoutent sur la
chance des britanniques d’avoir ainsi un si beau symbole national, qui leur
coûte certes cher tous les ans, mais leur rapporte encore plus en tourisme et
produits dérivés: Les ventes de mugs « Royal Baby 2 » détrônent déjà
celles des T-shirts Messi ou des sous-vêtements Beckham. « Nous avons besoin de bonnes nouvelles, les
français comme les britanniques ont besoin d’un peu de rêve ! »
entend-on ici ou là. Comme si la royale naissance allait compenser les milliers
de morts au Népal, les attentats de janvier, la hausse du chômage.
Notons quand même que ces anglais tellement chanceux d’être
en royauté nous avaient montré la voie près de 150 ans avant notre révolution. Leur
éphémère République proclamée par Cromwell avait fait décapiter le roi Charles
1er, et à la hache, en plus, ce qui franchement était digne des
bourreaux actuels de Daesh.
Un sort (la décapitation en moins) auquel a échappé de
justesse la Reine, il y a vingt ans, à l’époque de Diana, princesse des cœurs,
icône des épouses bafouées.
Ce rétablissement d’image des souverains britanniques est
tout à fait remarquable. Même si leurs recettes, comme la conduite à gauche et
les jellies, ne sont sans doute pas importables sur le continent, les
conseillers en communication, les « spindoctors » de nos dirigeants
devraient en prendre de la graine.
La tâche risque cependant de se révéler ardue avant 2017: Le
look énarque, même avec des lunettes relookées et danoises, est moins flashy
que les tenues vert fluo avec chapeau « retour de pique-nique» qui est la
marque des Windsor. Et puis cette famille est décidément très douée pour
retourner les situations, même les plus limites, en sa faveur: Ils ont réussi à
devenir le symbole de l’unité britannique, à se faire passer pour plus écossais
que Sean Connery alors qu’ils sont plus allemands qu’anglais, plus
Saxe-Cobourg-Gotha ou Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksburg, famille
d’origine de Philippe d’Édimbourg avant son mariage avec la reine Elisabeth.
Notons que décidément les allemands sont vraiment partout:
D’ici qu’Angela Merkel fasse valoir ses droits sur Buckingham Palace…
Fort heureusement, la chancelière n’a aucune raison de le
faire. Chez elle, sa popularité est aussi importante que celle de Kate et de William.
Mais sans tralala monarchique et salut à la foule. Et sans chapeaux. En matière
de parades et de jeux destinés à endormir les peuples, les allemands ont
beaucoup donné il y a 70 ans. Et aujourd’hui ils ont une préférence pour la
transparence et la simplicité de leur République. Et chez eux, peu d’entre eux
songeraient à baptiser un parti «Républicains». Seule l’extrême droite l’avait
fait. Mais jusqu’à présent, cela ne lui a pas porté chance puisqu’elle n’a
jamais pu entrer au Bundestag.
Alors qu’il n’est pas sûr que la naissance du « Royal
baby 2 » évite ce risque au Parlement britannique où le très xénophobe
Parti Ukip pourrait bien faire son
entrée.
Les élections britanniques se déroulent dans 4 jours, et
elles seront plus importantes pour l’avenir des Britanniques, de l’Europe et du
nôtre, que le prénom d’une Princesse ou le changement de nom d’un Parti.
Nous vivons une e-poque formidable.
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