Valls à Berlin avec Platini |
Vous parlez d’une affaire!
D’accord, cela fait un peu « bobo »,
« petit marquis » ou « gauche caviar », et certaines
explications a posteriori prêtent à rire : « Berlin, c’était pour préparer l’Euro 2016 ! ». Et puis, à
un moment où tout le monde se sert la ceinture, où beaucoup doivent faire le
choix entre se payer des prothèses dentaires ou les vacances en famille, ce n’est
pas très malin.
Mais franchement: Est-ce là-dessus que nous allons
juger de la qualité ou non de l’action du gouvernement ? Est-ce que cela
permet de dire que Manuel Valls ne travaille pas, alors qu’évidemment, il ne
s’arrête jamais ?
Le flot – le flow ? – des réactions a submergé
toutes les autres infos, beaucoup plus déterminantes pour notre avenir :
Les migrants sans toit, les élections en Turquie, Loi Maceron : suite, etc.…
Si certaines réactions ont été drôles - avec une
mention très bien pour le tweet de @NKM : « Heureusement que Manuel Valls n’est pas supporter des
AllBlacks », ou également ces autres tweets : « La prochaine fois, organisez le congrès du
PS à Roland-Garros, comme ça c’est sûr, tout le monde y sera »-
beaucoup d’autres sont à la fois démago et racistes.
Il y a
les « Manuel Valls soutient le
Barça, évidemment il est né à Barcelone », sous-entendu, un Premier
Ministre né en France, n’y serait
pas allé. Comme si Manuel Valls était un « mauvais » français. Dans
ce cas-là que dire de Balladur né en Turquie ?
Il y aussi les: « Il voyage aux frais de l’Etat. Avec NOTRE argent. » Oui,
certes. Comme des millions de fonctionnaires. Et vous vous voudriez quoi ?
Que le Premier Ministre se rende à Berlin en auto-stop ? Au début de la
Présidence Hollande, le gouvernement a bien essayé de voyager « normal »,
d’aller en train à Tulle, mais in fine, avec toute le dispositif de sécurité
indispensable., cela coûtait encore plus cher.
Et puis, reconnaissons que nous avons progressé en
ce qui concerne la transparence et le contrôle des dépenses des élus et des serviteurs
de l’Etat. Ce n’est pas encore parfait, mais quand même, souvenez-vous :
François Mitterrand entretenant une seconde famille aux frais de l’Etat. Ou les
maires d’Angoulême ou de Nice, obligés de s’enfuir en Uruguay pour fuir la
Justice. C’était il y a quoi ? Vingt ans ? Depuis, les lois ont été
renforcées et les juges sont passés par là. L’ancien maire de Lyon Michel Noir
en sait quelque chose, lui qui avait été poursuivi par le juge Courroye pour
avoir envoyé le chauffeur de la mairie acheter un CD pour l’anniversaire d’une
de ses filles.
Bien sûr, nous pouvons et devons faire mieux. Faire
comme en Allemagne.
Je me souviens d’un voyage il y a 25 ans, avec le
chancelier Helmut Kohl. Nous n’étions que deux ou trois journalistes. D’abord
en hélicoptère depuis la chancellerie, puis en avion militaire de la Luftwaffe,
entre différentes villes allemandes, nous avions voyagé au plus près du
chancelier, de meetings en bains de foule jusqu’à tard le soir. Dans le vol du
retour, Helmut Kohl s’était accordé une pause et nous avions partagé des
saucisses et de la bière, à la bonne franquette. Eh! bien toutes nos
consommations avaient été scrupuleusement notées par son secrétaire, pour être
ensuite remboursées ainsi que nos frais de déplacement, à l’armée allemande.
A la même époque, la Présidente du Bundestag, Rita
Süssmuth avait failli démissionner parce que la presse avait révélé qu’invitée
un soir avec son mari à un concert, elle avait envoyé sa voiture de fonction
chercher son mari à son domicile pour qu’il ne soit pas en retard. Détournement
de la voiture de fonction : Monsieur Süssmuth aurait dû prendre un taxi.
N’en déplaise aux Mélenchon, Montebourg et autres
Philippot, nous ferions bien dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, de
prendre exemple sur les allemands.
Un bémol : Même avec cette culture et ces pratiques
vertueuses, cela n’empêche nullement les scandales, dérapages, corruption,
détournements d’argent public. Comme en 1999, la découverte de « caisses
noires « de la CDU, qui conduisit à la démission d’Helmut Kohl. Ou plus tard,
les questions sur les liens liant le Chancelier socialiste Gerard Schroeder et
le géant russe du gaz, Gazprom.
La vie démocratique n’est jamais un long fleuve
tranquille.
Nous vivons une e-poque formidable.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire