Les chômeurs sont-ils trop indemnisés? Vu par le "Pélerin" |
C’est la rentrée, le retour des vacances. Pour des millions
de français. Mais pour d’autres, beaucoup d’autres, des millions, il n’y aura
pas de rentrée car il n’y a pas eu de départ.
Pour les chômeurs, quasi-chômeurs, ou para-chômeurs,
précaires et autres, il n’y a pas de pause. Contrairement à l’opinion
facilement émise par celles et ceux qui ont un salaire à la fin du mois, un CDI
avec 13 ème mois, RTT et congés payés, les chômeurs ne sont jamais en vacances
et ce n’est pas parce qu’ils ne travaillent pas qu’ils sont inactifs. Et ils ne
sont pas non plus payés à ne rien faire. D’ailleurs, beaucoup - 2 millions et
demi, 3 millions ? - ne sont même plus indemnisés.
Viennent alors très vite la chute dans la précarité et
l’exclusion du monde « normal ».
Plus possible de payer ses traites, son loyer. Quitter son
appart’ pour moins cher? Mais comment en retrouver un autre, même une
chambre, si l’on n’a pas de contrat ? Alors l’on essaie de rester tant
qu’on peut dans son logement car sinon, c’est la peur d’être à la rue … Et puis
il y a le gaz et l’électricité, et
bientôt, il va falloir choisir. Vous choisissez l’électricité, car même si ce
n’est pas le chauffage, c’est la lumière, alors… Et les dettes s’accumulent et
avec elles, les courriers d’huissiers qui pour vous faire peur vous inondent de
relances rédigées dans des termes tellement agressifs qu’on dirait des coups de
fouets, des gifles. Les premières lettres vous donnent envie de vous flinguer.
A la longue, vous n’ouvrez même plus le courrier, car la poste ne vous apporte
plus que des mauvaises nouvelles.
Avec l’endettement, vient l’interdiction bancaire. La loi
prévoit le droit au compte. Les banques contraintes par la Banque de France de
vous ouvrir un compte ne le font qu’à contre cœur. Elles vous marquent au sceau
rouge d’un infamant « chômeur » dans la case : profession. Comme
si le chômage était un métier ! Droit au compte ne veut évidemment pas
dire droit au chéquier, ni droit à un carte de paiement. Ah ! Si à une
carte Visa « électron ». Vous ne connaissez pas la carte Visa
électron ? Tant mieux, cela veut dire que vous n’avez pas touché le fond.
Derrière ce nom pompeux – électron, ça fait technologique !- elle a tout
d’une carte Visa, l’apparence d’une carte Visa, le nom d’une Visa, mais ce
n’est pas une carte Visa. Elle ne sert pratiquement à rien. Vous ne pouvez pas
l’utiliser pour payer un achat ou une commande sur internet. Adieu la
possibilité d’acheter un billet de train, moins cher, sur le web. Impossible de
régler 1 euros 20 de péage. Bienvenue dans le monde des sans moyens de
paiement.
Très vite se pose aussi la question de la couverture santé.
Bien sûr existe la CMU, la CMU complémentaire et le Tiers payant, mais outre
qu’il faut être bac + 7 pour comprendre comment ça marche, vous n’avez pas
intérêt à être myope ou à avoir mal aux dents. L’avenir s’appelle plutôt
dentier et compotes de pommes. Sans dent… ce n’est pas qu’une mauvaise
plaisanterie.
Pour des millions de français, il n’y aura pas de rentrée
parce qu’il n’ y a pas eu de vacances, et qu’il y a peu de chances qu’il en y
en ait en 2015, ni en 2016 ! Pour ces millions d’exclus du système qui ne
sont pas les sdf sous des tentes quechuas mais qui sont beaucoup plus nombreux,
de plus en plus nombreux, invisibles parmi nous, les « yakas », les
déclarations péremptoires de dirigeants politiques qui depuis leur sortie de
l’ENA et jusqu’à leur retraite sont assurés d’avoir un job de
haut-fonctionnaire quoiqu’il arrive, à la Cour des Comptes, au Conseil d’Etat,
ou à l’Inspection des Finances, sonnent comme des crachats à la figure.
« Yakas » multiplier les contrôles de Pôle-Emploi, comme le voulait
l’ancien ministre de l’emploi François Rebsamen. « Yakas »
contraindre les chômeurs bénéficiaires du RSA à effectuer des boulots d’intérêt
général, un peu comme des délinquants, comme l’avançaient Xavier Bertrand ou
Laurent Wauquiez, qui a apparemment oublié l’humanité qu’aurait dû lui
inculquer son passage chez les chiffonniers du Caire avec Sœur Emmanuelle.
Il fût un temps où un candidat Président avait appelé cela la
fracture sociale. La situation a-t-elle changé ? Oui ! Elle a empiré.
Comme quoi, il ne suffit pas de faire de bons diagnostics,
il faut aussi les transformer en actions, en réformes.
Nous vivons une e-poque formidable !
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