Paperblog

mardi 8 septembre 2015

#migrants : Nos fausses idées sur la générosité de l ‘#Allemagne.

-->
Mama Merkel: Contrairement à beaucoup de ses homologues européens, une dirigeante qui a des "couilles"!

800 000 personnes : C’est le nombre de « migrants » - appelons les plutôt réfugiés - que l’Allemagne est en train d’accueillir en quelques semaines. 800 000 personnes : C’est autant que le nombre de rapatriés d’Algérie que la France a –mal- accueilli à l’été 1962, au moment de l’indépendance de l’Algérie. A l’époque la France, « le pays le plus généreux du monde » selon Dupont-Aignan, n’avait rien préparé pour recevoir les pieds-noirs, pourtant des compatriotes dont le premier hiver passé dans un pays qu’ils ne connaissaient souvent pas, fût particulièrement difficile. Sans parler des harkis.
800 000 personnes; À comparer aux 20 000 ? 24 000 personnes généreusement concédées par François Hollande ! C’est honteux, mais le pire c’est que pour nous donner bonne conscience, dirigeants politiques comme chroniqueurs des chaines télés y vont de leurs petits commentaires perfides sur les « arrière-pensées cyniques de cette générosité allemande ».
Il y a d’abord l’idée fausse répétée à l’envie par un Jean-Luc Mélenchon mais reprise sans vérification par les journalistes : L’Allemagne est un pays à la démographie déclinante:
Faux : Depuis 2014, donc avant l’arrivée des réfugiés, la population allemande augmente plus vite que la population française. D’abord en raison bien sûr d’une immigration, venue de toute l’Europe, Espagne, Italie, Grèce et du monde entier, attirée par une économie dynamique et le quasi plein-emploi. Et en l’an 2000, l’Allemagne a même introduit le droit du sol, plus généreux qu’en France, une première dans son histoire.
Commencent aussi à se faire sentir les premières conséquences des mesures prises depuis une quinzaine d’années en faveur de la natalité. L’Allemagne prend le chemin inverse du nôtre. On verra bien dans quelques années les conséquences sur le taux de natalité en France, du tripatouillage des systèmes d’aide aux familles, rognées de lois de finances en loi de finances.
Deuxième cliché, deuxième idée fausse: Les allemands seraient tous comme un seul homme, la bouche en cœur, la fleur à la main, à accueillir les réfugiés. Oui, il y a une vraie mobilisation des médias, des églises, de la population, mais on ne change pas un pays, une culture en quelques jours. Le nombre d’allemands hostiles aux « étrangers » augmente rapidement. Sans parler de la fracture ouest-est, qui 25 ans après la chute du mur se révèle encore plus: Les attaques contre les foyers d’étrangers se multiplient, comme les manifestations du parti xénophobe Pegida. On verra si les réfugiés orientés vers des centres d’accueil installés à Leipzig ou Dresde en Saxe, vont être aussi bien accueillis. Il faut dire que l’ancienne Allemagne de l’Est est le parent pauvre de l’Allemagne. Certes les allemands – de l’Ouest- se sont collectivement serrés la ceinture pour financer la remise à niveau de l’ancienne Allemagne communiste, routes, fibres optiques, éoliennes, rénovation de toutes les villes et villages : Le changement est spectaculaire. Mais dans le même temps, près de deux millions de personnes ont émigré à l’Ouest pour y trouver du travail. Et en dehors de quelques grands centres, dans les petites villes d’Allemagne de l’Est, ne restent plus que les retraités et les chômeurs.
Ce qui fait la différence c’est l’engagement des dirigeants politiques allemands et notamment d’Angela Merkel : Contrairement aux élucubrations chez nous non seulement des dirigeants du FN mais également d’élus de droite et de gauche, obsédés par la peur de la peur des français des « grandes invasions », la chancelière prend des positions impopulaires, courageuses. Il lui aurait été plus facile de caresser son électorat dans le sens de la démagogie.
Mais peut-être, comme beaucoup d’allemands, comme beaucoup de familles allemandes, se souvient-elle des drames qui ont ponctué l’histoire récente de l’Allemagne.
La fuite des allemands de l’Est enfermés derrière le rideau de fer.
Mais aussi après 1945, l’expulsion de plus de 15 millions d’allemands de toute l’Europe de l’Est.
Et encore avant, l’errance désespérée de centaines de milliers d’allemands et d’autrichiens fuyant le nazisme parce que opposants politiques, juifs, artistes, homosexuels et qui trouvèrent trop souvent portes closes. Comme en France par exemple, où l’extrême-droite criait déjà à l’invasion de ce qu’elle appelait à l’époque la « vermine venue de l’Est ». La "France des droits de l’Homme" qui finit même par ouvrir des « camps de rétention » - comme ce que réclame aujourd’hui, Nicolas Sarkozy - en fait de « concentration » où furent emprisonnés réfugiés allemands, comme également espagnols.
Faire de la politique, c’est aussi apprendre des générations qui nous ont précédé, avoir de la mémoire, ne pas oublier les erreurs et les fautes du passé pour essayer de ne pas les reproduire à nouveau.
Nous devrions méditer le suicide du grand philosophe allemand Walter Benjamin, le 28 septembre 1940, à Port-Bou, près de la frontière espagnole dans ces conditions tragiques de réfugié traqué, tentant de fuir les nazis et le régime de Vichy. Il écrivit ces derniers mots, dans notre langue : « Dans une situation sans issue, je n'ai d'autre choix que d'en finir. C'est dans un petit village dans les Pyrénées où personne ne me connaît que ma vie va s'achever ».
Plus jamais ça ! Plus jamais ça ?
Nous vivons une e-poque formidable.

Aucun commentaire:

Archives du blog