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Mama Merkel: Contrairement à beaucoup de ses homologues européens, une dirigeante qui a des "couilles"! |
800 000 personnes : C’est le nombre de
« migrants » - appelons les plutôt réfugiés - que l’Allemagne est en
train d’accueillir en quelques semaines. 800 000 personnes : C’est autant
que le nombre de rapatriés d’Algérie que la France a –mal- accueilli à l’été
1962, au moment de l’indépendance de l’Algérie. A l’époque la France, « le
pays le plus généreux du monde » selon Dupont-Aignan, n’avait rien préparé
pour recevoir les pieds-noirs, pourtant des compatriotes dont le premier hiver
passé dans un pays qu’ils ne connaissaient souvent pas, fût particulièrement
difficile. Sans parler des harkis.
800 000 personnes; À comparer aux 20 000 ? 24 000
personnes généreusement concédées par François Hollande ! C’est honteux,
mais le pire c’est que pour nous donner bonne conscience, dirigeants politiques
comme chroniqueurs des chaines télés y vont de leurs petits commentaires
perfides sur les « arrière-pensées cyniques de cette générosité allemande ».
Il y a d’abord l’idée
fausse répétée à l’envie par un Jean-Luc Mélenchon mais reprise sans
vérification par les journalistes : L’Allemagne est un pays à la
démographie déclinante:
Faux :
Depuis 2014, donc avant l’arrivée des réfugiés, la population allemande
augmente plus vite que la population française. D’abord en raison bien sûr
d’une immigration, venue de toute l’Europe, Espagne, Italie, Grèce et du monde
entier, attirée par une économie dynamique et le quasi plein-emploi. Et en l’an
2000, l’Allemagne a même introduit le droit du sol, plus généreux qu’en France,
une première dans son histoire.
Commencent aussi à se faire sentir les premières
conséquences des mesures prises depuis une quinzaine d’années en faveur de la
natalité. L’Allemagne prend le chemin inverse du nôtre. On verra bien dans
quelques années les conséquences sur le taux de natalité en France, du
tripatouillage des systèmes d’aide aux familles, rognées de lois de finances en
loi de finances.
Deuxième cliché, deuxième
idée fausse: Les allemands seraient tous comme un seul homme, la bouche en
cœur, la fleur à la main, à accueillir les réfugiés. Oui, il y a une vraie
mobilisation des médias, des églises, de la population, mais on ne change pas
un pays, une culture en quelques jours. Le nombre d’allemands hostiles aux
« étrangers » augmente rapidement. Sans parler de la fracture
ouest-est, qui 25 ans après la chute du mur se révèle encore plus: Les attaques
contre les foyers d’étrangers se multiplient, comme les manifestations du parti
xénophobe Pegida. On verra si les réfugiés orientés vers des centres d’accueil
installés à Leipzig ou Dresde en Saxe, vont être aussi bien accueillis. Il faut
dire que l’ancienne Allemagne de l’Est est le parent pauvre de l’Allemagne.
Certes les allemands – de l’Ouest- se sont collectivement serrés la ceinture
pour financer la remise à niveau de l’ancienne Allemagne communiste, routes,
fibres optiques, éoliennes, rénovation de toutes les villes et villages :
Le changement est spectaculaire. Mais dans le même temps, près de deux millions
de personnes ont émigré à l’Ouest pour y trouver du travail. Et en dehors de
quelques grands centres, dans les petites villes d’Allemagne de l’Est, ne
restent plus que les retraités et les chômeurs.
Ce qui fait la différence c’est l’engagement des dirigeants
politiques allemands et notamment d’Angela Merkel : Contrairement aux
élucubrations chez nous non seulement des dirigeants du FN mais également
d’élus de droite et de gauche, obsédés par la
peur de la peur des français des « grandes
invasions », la chancelière prend des positions impopulaires,
courageuses. Il lui aurait été plus facile de caresser son électorat dans le
sens de la démagogie.
Mais peut-être, comme beaucoup d’allemands, comme beaucoup de familles allemandes, se souvient-elle
des drames qui ont ponctué l’histoire récente de l’Allemagne.
La fuite des allemands de l’Est enfermés derrière le rideau
de fer.
Mais aussi après 1945, l’expulsion de plus de 15 millions
d’allemands de toute l’Europe de l’Est.
Et encore avant, l’errance désespérée de centaines de
milliers d’allemands et d’autrichiens fuyant le nazisme parce que opposants
politiques, juifs, artistes, homosexuels et qui trouvèrent trop souvent portes
closes. Comme en France par exemple, où l’extrême-droite criait déjà à
l’invasion de ce qu’elle appelait à l’époque la « vermine venue de
l’Est ». La "France des droits de l’Homme" qui finit même par ouvrir des
« camps de rétention » - comme ce que réclame aujourd’hui, Nicolas
Sarkozy - en fait de « concentration » où furent emprisonnés réfugiés
allemands, comme également espagnols.
Faire de la politique, c’est aussi apprendre des générations
qui nous ont précédé, avoir de la mémoire, ne pas oublier les erreurs et les
fautes du passé pour essayer de ne pas les reproduire à nouveau.
Nous devrions méditer le suicide du grand philosophe
allemand Walter Benjamin, le 28
septembre 1940, à Port-Bou, près de la frontière espagnole dans ces conditions
tragiques de réfugié traqué, tentant de fuir les nazis et le régime de Vichy.
Il écrivit ces derniers mots, dans notre langue : « Dans une situation sans issue, je n'ai
d'autre choix que d'en finir. C'est dans un petit village dans les Pyrénées où
personne ne me connaît que ma vie va s'achever ».
Plus jamais ça ! Plus jamais ça ?
Nous vivons une e-poque formidable.
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