Ce qui est génial avec ce proverbe : « Pour dîner
avec le diable, il faut une longue cuillère » c’est qu’il existe en toute
les langues :
En allemand bien sûr. En anglais, of course. En espagnol,
italien, en russe aussi, et là, cela devient intéressant. Car même si Poutine
n’est pas le diable, ce n’est pas un ange, et pire que le diable, c’est un
malin. Une preuve: On en est où de notre fameux boycott ? Les Mistral nous
coûtent bonbon, même revendus à l’Egypte. Nos porcs bretons ne vous disent pas merci. Quant à
l’Ukraine, pour ce que ça a servi pour débloquer la situation... Et tout ça
pour finir par retrouver le chemin du Kremlin. Parce que ne nous leurrons
pas : Il n’y aura pas que Sarkozy. Car peut-il y avoir une solution en
Syrie, c’est-à-dire maintenant chez nous, sans les russes ?
Le proverbe « Pour manger avec le diable… » se
dit aussi en arabe et là, cela devient franchement très intéressant. Quoique… Existe-t-il
en farsi et en turc ? Sans vouloir manquer de respect à nos indéfectibles
alliés l’Arabie Saoudite et le Qatar, pour pouvoir la gagner la guerre en Syrie
et en Irak, il faudrait peut-être mieux utiliser les bonnes cuillères. Peut-on
vraiment imaginer une solution sans ces 2 super puissances que sont la
Turquie, même avec Erdogan, et l’Iran, même avec la dictature des Ayatollahs.
Peut-être avons-nous eu tort il y a une dizaine d’années d’être obsédés par
l’entrée de la Turquie en Europe. Peut-être aurait-il mieux valu à l’époque
ancrer ce pays charnière dans notre espace et nos valeurs. Aujourd’hui, la
Turquie se sent pousser des ailes, tentées par une aventure solitaire, une
sorte de grande Turquie, regroupant sous son influence tous les pays de culture
turque. Quant à l’Iran, la voilà qui revient à la table des négociateurs à
Vienne, où, sans doute un succès de notre diplomatie, la France elle, a perdu
sa place.
Il reste enfin le Diable, le dictateur syrien Assad. D’une
manière ou d’une autre ne faudra-t-il pas manger la soupe avec lui, même pour
négocier son départ ? Quelle honte y aurait-il à se dédire ?
L’essentiel n’est-il pas que l’horreur et le chaos s’arrêtent enfin ? Et
en 1941 n’avons-nous pas pactisé avec Staline qui en matière de dictateur
sanguinaire avait mis la barre très haut ? Il n’y va pas seulement de la
destruction systématique d’un des plus grands pays du Proche-Orient, d’un des
berceaux de nos civilisations. Il y va aussi – surtout ?- de notre paix ,
ici en Europe, tant il est vrai que contrairement aux enchanteurs/euses qui
nous font croire qu’en mettant une porte blindée et un double vitrage, nous
pourrions éviter d’être concernés par ce qui se passe devant chez nous.
Les guerres qui meurtrissent l’Orient complexe nous
concernent au premier chef. Et nous le voyons bien aujourd’hui sur nos plages
et aux coins de nos rues. Cela vaut bien un dîner.
Nous vivons une e-poque formidable.
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