Depuis Vendredi soir, nous sommes tous sous le choc, et nous
y allons tous de notre commentaire, de notre analyse, de notre philosophie que
nous voulons exprimer et partager et les réseaux sociaux en sont pleins.
C’est parfois un peu naïf, parfois excessif, mais cela répond sans doute au
besoin de partager nos émotions avec d’autres, avec d’autres compatriotes. Sans
aucune consigne officielle la Marseillaise ou le drapeau français sont devenus des
points de ralliement, des éléments de reconnaissance. Et c’est terrible qu’il
ait fallu tant de morts, tant de sang pour que nous retrouvions cela. Il y a
encore quelques mois, chanter l’hymne national était ringard, presque honteux,
c’est aujourd’hui un moyen de nous reconnaître, unis, d’exprimer notre
solidarité, notre attachement à nos valeurs, à notre pays. Et les messages que
le monde entier nous envoie, nous renvoient l’image de ce que signifient Paris
et la France dans l’Histoire du monde.
C’est impressionnant, même si cela ne réconforte en rien
quand on réalise le nombre de vies fauchées comme ça, pour rien, par une douce
soirée d’automne qui aurait dû être festive. Et il arrive un moment où nous
sommes saturés par les infos en continu, par tous ces experts, analystes,
psychologues, politiques qui viennent débiter le plus souvent des évidences sur
un ton grave et en boucle. Cette manière de décortiquer les comment et pourquoi
et ki et kès est indispensable bien sûr, mais à la longue, on a besoin de
déconnecter, de revenir à la vie.
Parmi tous les reportages, les émissions et éditions
spéciales, Libération se détache sans faire de sensationnel ou d’exclusif, mais
en mettant un nom, un visage sur les victimes. « Qui sont les victimes »,
raconte des vies, des vies commes
les notres, avec leurs hauts, leurs bas, leurs espoirs, leurs amitiés, leur
boulot, leur chômage, nous aurions pu les connaître, ils auraient pu être nos
amis, nos frères, nos enfants, nous connaissions peut-être certains d’entre
eux, ou quelqu’un qui connaissait quelqu’un, et puis voilà, un mari qui ne
retrouvera pas sa jeune femme enceinte, des enfants dont les parents ne
rentreront pas, un chargé de production qui ne reprendra pas son poste, un avocat
qui ne réouvrira plus ses dossiers, un chômeur qui ne s’actualisera plus sur le
site de Pôle-emploi.
Ce matin le retour à la vie « normale » laisse un
goût amer, une immense tristesse.
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