Déjà en 1985 : Kurt Waldheim, Président de l’Autriche. Ici en 1943, deuxième à partir de la gauche, avec des responsables SS. |
Si l’extrême-droite remporte la présidentielle en Autriche,
ce sera une bien mauvaise nouvelle. Pour l’Autriche. Et pour le reste de
l’Europe aussi. Mais ce ne sera pas une surprise. Malheureusement.
On refait le film ?
Au cœur de l'Europe, il existe un petit pays
heureux, où le niveau de vie est un des plus élevés - 30 % de plus que la
moyenne européenne -, où le taux de chômage est au plus bas. Un drôle de petit
pays qui présente deux visages, les deux côtés d’une même médaille.
A l’Est, une grosse capitale, Vienne, dont on aurait coupé les ailes en 1918, en la privant de son empire, Hongrie, Tchécoslovaquie, Slovénie, un empire qui commençait presqu’au bout de la rue, la frontière commençant à 30 kilomètres à peine de Vienne, une ville où tout est fait pour nous rappeler cette époque heureuse, où des hommes élégants s’arrêtaient pour faire le baisemain aux belles dames « Küss die Hand, gnädige Frau » , « Je vous baise la main chère dame ! » cette époque glorieuse où entre Hofburg et Schönbrunn, entre Opéra et Hôtel Sacher, on s’attend à voir débouler Sissi impératrice.
A l’Ouest, c’est une sorte de prolongement de la Suisse alémanique, au pied des Alpes enneigées, des vallées, des alpages, où là c’est plutôt Heidi et ses nattes blondes que l’on s’attend à voir gambader au milieu de vaches grasses et propres, dans des prairies bien vertes, où les maisons sont de vastes chalets, géranium aux balcons, peintures d’époque avec sur les façades, des dictons pleins de bonne grosse sagesse populaire, genre : « Morgen Stund’ hat Gold im Mund’ » en gros : « Les heures du matin sont les plus productives ». Le dimanche à la sortie de la messe, autour de la petite église baroque, les hommes défilent en loden, culottes de peau, et chapeaux à « Ganzbart », chantent en « iodlant », applaudis par les femmes habillées en dirndle, robe et corsages qui sont une sorte d’ancêtres des « wonderbras » mais en dentelles. On y est gentiment antisémite, mais depuis toujours, à la catholique d’autrefois. Dans les années 70, cela a été un choc pour les anciens, quand à la suite du concile Vatican 2, l’Eglise a demandé que l’on arrête de dire que les juifs étaient les assassins du Christ, mais des frères dans la foi en un Dieu unique. Ainsi, il avait bien fallu une vingtaine d’années à l’évêque d’Innsbruck pour supprimer le pèlerinage millénaire de la Judenstein, la Pierre aux Juifs, où dans une petite chapelle près de Rinn, tous les deux ans, on faisait défiler dans une cloche en verre, le squelette du petit Andreas. Selon la tradition, il aurait été égorgé par de vilains marchands juifs qui l’auraient enlevé pour utiliser son sang dans une de leurs cérémonies, car, c’est bien connu, les juifs utilisent le sang des petits enfants pour leur sabbat. Ambiance.
A l’Est, une grosse capitale, Vienne, dont on aurait coupé les ailes en 1918, en la privant de son empire, Hongrie, Tchécoslovaquie, Slovénie, un empire qui commençait presqu’au bout de la rue, la frontière commençant à 30 kilomètres à peine de Vienne, une ville où tout est fait pour nous rappeler cette époque heureuse, où des hommes élégants s’arrêtaient pour faire le baisemain aux belles dames « Küss die Hand, gnädige Frau » , « Je vous baise la main chère dame ! » cette époque glorieuse où entre Hofburg et Schönbrunn, entre Opéra et Hôtel Sacher, on s’attend à voir débouler Sissi impératrice.
A l’Ouest, c’est une sorte de prolongement de la Suisse alémanique, au pied des Alpes enneigées, des vallées, des alpages, où là c’est plutôt Heidi et ses nattes blondes que l’on s’attend à voir gambader au milieu de vaches grasses et propres, dans des prairies bien vertes, où les maisons sont de vastes chalets, géranium aux balcons, peintures d’époque avec sur les façades, des dictons pleins de bonne grosse sagesse populaire, genre : « Morgen Stund’ hat Gold im Mund’ » en gros : « Les heures du matin sont les plus productives ». Le dimanche à la sortie de la messe, autour de la petite église baroque, les hommes défilent en loden, culottes de peau, et chapeaux à « Ganzbart », chantent en « iodlant », applaudis par les femmes habillées en dirndle, robe et corsages qui sont une sorte d’ancêtres des « wonderbras » mais en dentelles. On y est gentiment antisémite, mais depuis toujours, à la catholique d’autrefois. Dans les années 70, cela a été un choc pour les anciens, quand à la suite du concile Vatican 2, l’Eglise a demandé que l’on arrête de dire que les juifs étaient les assassins du Christ, mais des frères dans la foi en un Dieu unique. Ainsi, il avait bien fallu une vingtaine d’années à l’évêque d’Innsbruck pour supprimer le pèlerinage millénaire de la Judenstein, la Pierre aux Juifs, où dans une petite chapelle près de Rinn, tous les deux ans, on faisait défiler dans une cloche en verre, le squelette du petit Andreas. Selon la tradition, il aurait été égorgé par de vilains marchands juifs qui l’auraient enlevé pour utiliser son sang dans une de leurs cérémonies, car, c’est bien connu, les juifs utilisent le sang des petits enfants pour leur sabbat. Ambiance.
C’est dans ces provinces, bien propres que se déroule une
partie des romans de Elfriede Jelinek, Prix Nobel de littérature en 2004 :
« La Pianiste » (dont a
été tiré un film multi récompense à Cannes, avec Isabelle Huppert), « les Enfants de la mort », ou Lust (Plaisir en allemand) qui se
déroule en Styrie cette province du Sud-Est de l’Autriche où l’extrême-droite a
obtenu 26 % des suffrages aux dernières élections. Dans toute son œuvre, comme
d’ailleurs dans celles de beaucoup d’intellectuels autrichiens, on retrouve
cette dénonciation tourmentée, brutale de l’hypocrisie et du
conformisme de la société autrichienne. Une société qui cache de nombreux
squelettes dans ses placards, comme notamment un passé nazi jamais assumé. Et
qui est brutalement remonté à la surface au moment de l’affaire Waldheim en
1985.
Candidat à la Présidence autrichienne - déjà une élection présidentielle ! - Kurt Waldheim avait été mis en cause
pour avoir caché son passé pendant la seconde guerre mondiale. Sans avoir été SS,
il avait été officier de la Wehrmacht, affecté dans des régions des Balkans où
de nombreux massacres avaient été commis, qu’il n’avait pu, au mieux, ignorer…
Sa défense : « J’ai la
conscience tranquille », ou encore « Je n’ai fait que mon devoir » avait beaucoup choqué dans le
monde surtout quand furent publiées des photos où on le voyait en grand
uniforme, en compagnie de responsables SS. Mais une majorité d’autrichiens, se
retrouvèrent dans le parcours de Waldheim. Seulement "Mitläufer", nous n'avons fait que suivre...Beaucoup jusqu’à Bruno Kreisky, l’ancien chancelier
socialiste, d’origine juive, dénoncèrent le « complot de
l’étranger ». Et Waldheim fur triomphalement élu.
Un couvercle venait de sauter. Depuis la fin de la seconde
guerre mondiale, l’Autriche avait fait preuve d’une incroyable amnésie au sujet
de son passé nazi. Avec la bénédiction des alliés occidentaux. Car par peur de
l’expansion soviétique - en 1945, l’Autriche avait été partagée comme l’Allemagne
en 4 - les alliés occidentaux, américains, britanniques, français décrétèrent que l’Autriche était la première
victime du nazisme, l’Autriche ayant été annexée par Hitler en1938. Du
coup, les autrichiens n’étaient plus ni des bourreaux, ni des criminels de guerre,
ils n’étaient plus des collaborateurs, mais des victimes. Une fiction, puisque
l’on sait que beaucoup de postes dans les camps de concentration furent occupés
par des autrichiens, puisque l’on sait que les pogroms anti-juifs furent plus
violents en Autriche, à Vienne qu’en Allemagne. Une amnésie bien pratique pour
une classe politique, socialistes comme conservateurs, se partageant le
pouvoir, les postes de fonctionnaires, par un système de « proporz »
de proportionnelle encourageant le clientélisme. Tous fermèrent les yeux sur le
passé de nombreux adhérents du petit parti libéral, le FPÖ, qui n’a de libéral
que le nom, et qui servit de machine à blanchir et à recycler de nombreux anciens
nazis.C'est ce parti auquel appartient Norbert Hofer, le probable futur nouveau Président.
Quelque soit la conjoncture actuelle, avec la question des
migrants où l’Autriche est en première ligne ou bien les inquiétudes concernant la
dégradation relative de la situation économique, c’est sur ce terreau que s’est
développée l'extrême-droite autrichienne.
Connaître l’Histoire, l’assumer y compris avec ses zones d’ombre,
pour ne pas reproduire les erreurs du passé, l’Autriche s’y est mis trop tard.
Un problème que l’on retrouve dans toute l’Europe centrale et de l’Est, Hongrie,
Pologne, qui sont en train de se refermer sur leurs égoïsmes nationaux. Que l’on
retrouve chez nous aussi ?
Nous vivons une e-poque formidable.
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